Il y a quelques jours j’ai publié un billet provocateur sous le titre « crise russe : pourquoi faisons-nous comme si l’Ukraine existait encore? ». J’espérais bien un peu être un Cassandre ridicule après quelques temps.
Le récent entretien de Noam Chomsky lu sur Truthout et traduit sur ballast.fr va dans le même sens. La conduite obstinée des opérations par l’armée russe et la cohérence des affirmations de Vladimir Poutine confirment la bien étroite fenêtre des possibles.
Comment en sortir.
Si nous examinons les issues possibles elles semblent se circonscrire autour de trois possibilités.
1-L’apocalypse.
A court terme l’affrontement escalade quelles que soient les circonstances, des incidents non prévisibles ou le jusqu’auboutisme de russe surtout si Vladimir Poutine se sent coincé dans une impasse sans issue.
2-Un apaisement plus ou moins provisoire.
Il se paiera obligatoirement de concessions à la partie russe. Elles sont sans doute inévitables ainsi qu’une porte de sortie pour Poutine. Le statut de l’Ukraine devrait être le principal objet de tractations. Elle n’achapera pas à une démilitarisation. Cette issue sauverait des vies mais accorderait une victoire de court terme aux assaillants.
3-Une forme de coup d’état en Russie qui élimine Poutine.
Cette situation extrêmement improbable dans le court terme ne garantirait pas une évolution vers la situation & dans la période d’instabilité qui s’en suivrait. Le déclenchement de l’attaque sauvage sur l’Ukraine n’a été possible que quand la direction poutinienne s’est jugée à l’abri de cette hypothèse.
La situation au soir du 5 Mars.
La principale caractéristique de la situation est que Poutine est allé trop loin pour reculer. Plus les sanctions auront des effets ressentis par la population russe plus il se sentira obligé d’aller plus loin, plus fort pour présenter des résultats probants à ses compatriotes.
Il joue de ses armes et en particulier de la menace nucléaire comme d’un coup à plusieurs bandes. Il vise non pas ses interlocuteurs homologues mais bien les opinions publiques, vous et moi. Nous faisant peur il pense que nous ferons pression sur nos gouvernants pour accepter ou offrir des concessions et moins soutenir les ukrainiens. Nous sommes encore dans la phase d’escalade dont les ukrainiens font les frais. Les difficultés que semblent rencontrer l’armée russe à ce stade incitent Poutine à à insister à ce stade dans lequel il mène la danse. Il est possible qu’avec le temps son état-major et son environnement puissent lui faire prendre en compte la réalité. Mais même dans cette situation il ne se retirera pas sans concessions.
Les possibles médiateurs.
Dans une situation bloquée l’intervention de tiers peut faciliter l’évolution vers une sortie acceptable par tous. Dans l’état actuel d’extrême violence sur le terrain le passage à une autre phase sera obligatoirement difficile à organiser. Plusieurs acteurs pourraient être en position d’intervenir de manière plus ou moins formelle.
1-Le premier ministre israélien a visité Poutine ce jour et lui a parlé trois heures avec sinon une sorte de mandat informel des Etats-Unis d’Amérique du moins leur bénédiction (The guardian). Bennett s’est ensuite entretenu au téléphone avec Volodymyr Zelensky avant de partir à Berlin rencontrer Olaf Scholtz. Le gouvernement israélien dirigé par l’extrême-droite figure parmi les rares en situation de parler avec la plupart des parties.
2-Le président turc, Erdogan, a manifesté sa disponibilité à servir de médiateur si une opportunité s’ouvrait. Allié plus ou moins stable de Poutine la Turquie a fourni à l’Ukraine des drones qui se sont révélés efficaces dans les opérations militaires.
3-Il existe un troisième médiateur possible, encore dans l’ombre, l’Iran. Allié de la Russie sur le terrain moyen-oriental (Syrie) l’Iran est engagé dans une négociation de longue haleine pour la réactualisation de l’accord sur le nucléaire. Pour les occidentaux européens, s’ils voulaient bien abandonner la rigidité de leurs positions idéologiques dans ce dossier, l’opportunité de récupérer une source majeure alternative à la Russie d’approvisionnement en hydrocarbures et d’ébranler la relations russo-iranienne présente des enjeux majeurs. Les russes et les chinois se sont d’ailleurs inquiétés de la préservation de leurs relations commerciales avec l’Iran dans le contexte des sanctions du dossier ukrainien. Les Etats-Unis d’Amérique moins touchés par la dépendance au pétrole et au gaz russe seront sans doute moins sensibles à cet aspect.
A suivre…
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