DOMINIC77

Un peu de tout

Month: juillet 2016

Cleveland, ville sous tension.

Plutôt que de relancer la millième interprétation de la gaffe l’équipe Drumpf avec le discours de Melania regardons un peu le contexte de Cleveland où se déroule la Convention Républicaine .

Les Conventions.
Devenue le moment charnière du processus électoral pour chacun des deux grands partis (et aussi sur un autre mode pour les deux petits : Verts et Libertariens) la Convention marque le passage du temps des primaires et caucus, locaux aux états, à celui de la campagne nationale. On sort de la Convention avec un ticket de candidats, Président et Vice-Président, établi et une plate-forme politique. Si le couple du ticket est contraignant, sauf accident grave du à des révélations sur le passé des personnes, la plate-forme ne l’est pas. La personnalité et les références politiques des deux candidats, dans le contexte d’une élection donnée, donnent des indications sur l’équilibre politique de la campagne tel qu’il résulte des opérations et tractations antérieures. Ces indications ne prennent leur sens qu’au vu de la campagne et ensuite  de la pratique du président élu avec son colistier.
Les Conventions des deux grands partis ont progressivement changé de fonction au fil des années 1980. Elles étaient le lieu de discussion entre milliers de délégués et dignitaires des partis, le lieu où se déterminaient ou se finalisait les alliances et où se désignait le candidat. Elles sont devenues le lieu de présentation du candidat à l’opinion, par l’intermédiaire de la télévision. Le candidat étant normalement choisi à l’issue du processus des caucus et des primaires, processus non exempt de tractations et marchandages entre les factions la COnvention devient essentiellement un spectacle. Ce changement a connu sa consécration en 1984 quand un candidat président sortant et ancien acteur, ne s’est même pas déplacé en personne à la Convention. Nancy Reagan a représenté son mari, déjà vieilli et fatigué. Ronald Reagan a fait une intervention vidéo à distance en conclusion de la première Convention entièrement scénarisée pour la démocratie télévisuelle. Cette année 2016 nous offre donc le spectacle inattendu de deux Conventions qui rompent avec la norme en usage. Chez les Républicains le peu qui apparait cohérent et stable dans le programme du trublion Trump ne correspond pas la ligne conservatrice classique du parti. le personnage inquiète même dans son propre parti. La sérénité de la Convention, à partir du 18 Juillet 2016, est loin d’être garantie. Chez les Démocrates l’irruption et surtout le succès d’un candidat affirmant des options de gauche a empêché de tourner en rond et à contraint à préparer le rassemblement par un débat réel sur la plate-forme politique de la campagne. Toutes les incertitudes ne sont pas levées par un accord minimale réel et fort pour battre Trump.

Cleveland, ville sous tension.
Une fois nommée capitale de la « Rust Belt », la ceinture de rouille symbolisant la zone industrielle autour des Grands Lacs, a été frappée par la désindustrialisation de la région. Elle est passée de la cinquième place par la population à la quarante-cinquième. Les dégâts sociaux y sont moins connus que ceux de Detroit ou de Chicago sans être moins graves. A sa grande époque la ville a connu des premières politiques. Carl Stokes fur en 1967 le premier noir maire d’une ville majeure. Dix ans plus tard Dennis Kucinich a été le plus jeune maire d’une grande ville du pays. J’ignorais tout de Dennis avant que Willie Nelson et Ani di Franco ne soutienne sa candidature à la primaire Démocrate en 2004. A peu près tout dans la personnalité et la manière sépare Dennis Kucinich de Bernie Sanders mais en 2004 et 2008 la gauche était bien présente aux primaires. Dennis a ensuite perdu son siège à la Chambre des Représentants à la suite du redécoupage électoral opéré en 2010 par la majorité Républicaine de l’état qui a fusionné deux circonscriptions Démocrates. Le grand fait d’arme de Dennis date de son mandat de maire. Trè stôt confronté à une offensive de financiers désireux de faire privatiser pour l’acheter la régie municipale d’électricité (« MuniLight ») il a refusé et tenu bon. Aujourd’hui les avis sont unanimes pour reconnaitre qu’il a fait économiser des millions de dollars à la ville et aux usagers, sans parler de la qualité de service. La vengeance n’a pas trainé. Parmi les acheteurs déçus se trouvaient certains des banquiers de la ville qui se sont empressé de refuser des crédits et ont mis la ville en faillite et fait porte rla responsabilité au maire. Dennis Kucinich y a perdu sa mairie mais pas sa combattivité.

Meurtrie par la désindustrialisation de toute la région, liée sans aucun doute à la mondialisation et aux accords de libre-échange, dont l’accord nord-américain (« NAFTA ») la ville est tombée dans l’anonymat des cités ordinaire du Mid-West. Les années 2000 ont apporté quelques bonnes nouvelles avec la création de coopératives qui ne peuvent aujourd’hui prétendre redonner à la ville tous les emplois perdus. Mais il se passe quelque chose à Cleveland et pas seulement le Trump-show.

On mesure assez mal le niveau de tension induit dans la ville par la Convention. Les services de police de la ville déjà sous surveillance fédérale se sont vus alloué des moyens exceptionnels par le gouvernement de plusieurs dizaines de millions de dollars. Trente millions sont destinés à la rémunération des personnels. Vingt autres millions ont été consacré à l’achat de matériels spécifiques de maintien de l’ordre dont certains ne sont pas connus. On parle de dispositifs LRADs (« Long Range Audio Devices ») capables de disperser une foule par émission de sons insupportables. Ces matériels, comme la plupart de ceux qui ont été commandés appartiennent à la gamme proprement militaire et ne font pas partie des attributs normaux de la police. Cette militarisation de la police en dit long sur la crainte des débordements ou des affrontements. Les autorisations de manifester accordées au non du Premier Amendement (droit à la libre expression) incluent les interdictions d’y venir avec des cordes, des bouteilles en verre ou des armes blanches mais le Second Amendement autorise le port d’arme dans cet état de l’Ohio où le port d’armes apparentes est autorisé.

Pour finit sur une note positive voici une photo de manifestant de « Black Live Matter » avec des policiers dans une rue de Cleveland. Ne désespérez jamais.

Turquie : une analogie à discuter.

Sur openDemocracy, ce billet, ouvre une réflexion à laquelle je n’avais pas pensé. Le coupd d’état en Turquie, par ailleurs intrigant dans son amateurisme malgré les moyens mis en œuvre, aura pour seul résultat immédiat de faciliter la marche vers le régime encore plus autocratique que souhaite Erdogan, régime à base religieuse et paré de vertus démocratiques puisqu’il est à la fois et à peu près au même moment adoubé par une Union Européenne toujours plus veule et vainqueur du plus classiquement antidémocratique des mouvements.
J’ai toujours du mal avec les conspirationnismes de toutes sortes et je ne veux pas donner l’impression que le coup a été  fomenté ou suscité indirectement par le sultan turc. La stupidité de militaires coupés des réalités et affolés de voir leurs derniers lambeaux de pouvoir s’effilocher peut suffire à lancer une opération imbécile.

L’article rappelle que le fascisme n’existe pas sans une base populaire qui le soutient et le rend en apparence légitime à ses débuts au nom même de la démocratie.

Le résultat est sans appel : à qui profite les crimes, au sens propre du mot crimes ?

Et il y a bien au moins deux crimes. Contre toutes les victimes d’une part, contre la démocratie d’autre part.

Sans compter les crimes induits que le régime a commencé de commettre.

Une analyse du referendum Brexit.

Je faisais confiance à Matt Singh, du site Number Cruncher Politics, pour être le meilleur prédicteur des consultations électorales britanniques. J’ai été très étonné du résultat du referendum. Contrairement à l’année dernière quand je ne voyais pas les raisons politiques d’une victoire éventuelle des travaillistes je n’avais aucune idée sur le résultat probable et les analyses basées sur les sondages me semblaient crédibles.

Matt Singh a lui-même été pris par surprise par le résultat et a mis quelques temps à réagir. Le premier article, trois jours après, n’apportait rien d’autre que « j’ai besoin de temps pour analyser tout cela ».

Il a fallu attendre le 5 Juillet pour le résultat publié ici et en fait . Et les conclusions sont intéressantes.

Il trouve que l’erreur dans les prévisions de résultat du referendum ne vient pas des techniques de sondages et d’interprétation qui ont été largement discutées, entre autre la manière de traiter les différences entre sondages Internet et sondages téléphoniques qui ne donnent pas les mêmes résultats. L’erreur de base aurait consisté à penser que le comportement des électeurs et des abstentionnistes restait le même. Le taux de participation élevé au referendum a donc été supposé plutôt favoriser le « remain » du fait de l’enthousiasme supérieur des partisans du « leave ». Or il s’avère au vu des études détaillées que les nouveaux votants sont vraisemblablement des  abstentionnistes de long terme qui ont saisi l’occasionn d’un vote explicite et franc contre l' »establishment ». Les études antérieures avaient laissé penser que les abstentionnistes et les votants partageaient  les mêmes idées sur l’Union Européenne. Il s’avère que c’était faux et qu’une quantité suffisante a décidé de retrouver le chemin des urnes alors qu’ils n’avaient  pas voté pour le UKIP l’année dernière. Il s’agit donc d’un phénomène nouveau encore peu analysé. Si ces personnes sont revenus dans le jeu politique à cette occasion on peut se demander dans quelles conditions elles peuvent y rester et prendre leur place active dans un processus démocratique renouvelé. Je n’étais, et ne suis toujours pas, convaincu des effets délétères du Brexit car je pense que la destruction démocratique de cette Union Européenne est la seule voie pour nous reconstruire un futur. En voilà un autre indice.

Et l’écœurement Barroso n’en est qu’un indice de plus.

Dallas, un univers pas si impitoyable

Dallas, le nom résonne dans nos mémoires. Les images du film de Zapruder ont gravé l’assassinat de Kennedy. Un feuilleton télévisé en a fait l’archétype du ringard de mauvais gout et un tireur fou vient de reporter le curseur  vers le tragique. Que savons-nous de la cité ?

La troisième cité par la population de l’état du Texas est aussi le centre de la quatrième agglomération du pays. La ville elle-même compte 1,3 millions d’habitants et l’agglomération (Metroplex qui inclut Fort Worth) 7,1 millions (nombres du dernier recensement). La répartition ethnique de la population  a beaucoup évolué au cours du dernier siècle.

En 1950 la répartition dans la métropole est  :

  • Blancs……….. : 66,9 %
  • Noirs…………. : 24,5 %
  • Hispaniques.. : 7,5 %
  • Asiatiques….. : 0,2 %

En 2010 :

  • Blancs……….. : 28,8 %
  • Noirs…………. : 25 %
  • Hispaniques.. : 42,4 %
  • Asiatiques….. : 2,4 %

Comme d’habitude dans le pays on compte les blanc non-hispaniques comme un groupe homogène distinct. Le changement spectaculaire concerne évidemment les hispaniques qui sont maintenant la majorité de l’ensemble. Le groupe Asie-Pacifique (Hawaï et immigrants d’Asie) comme dan sle reste du pays constitue un petit effectif mais qui a la plus forte croissance. Les inégalités sociales se répartissent de manière habituelle avec un centre aisé et plutôt blanc et une périphérie qui concentre les populations les plus pauvres. Le maire Mike Rawlings est Démocrate. La répartition démographique (25% noirs, 42 % Latinos) est typiquement favorable au parti bleu. La ville est reconnu dans les médias comme plutôt agréable à vivre. La scène artistique maintient une réputation qui vient de loin comme le rappelle ce standard (Le « deep ellem »de la chanson est « Deep Elm Street » au centre du quartier musical et théâtral). Elle reste cependant loin derrière Austin que chante Patricia Vonne, la sœur du ralisateur Robert Rodriguez.

L’histoire a montré avec la tuerie qui a visé la police la semaine dernière plus de cruauté que d’ironie. Si une ville méritait d’être citée en exemple pour un travail efficace d’amélioration des relations entre la police et les communautés ethniques c’est bien Dallas. Cet effort accompagné d’une réelle réduction de la criminalité a d’ailleurs été salué bien avant la semaine dernière. Le chef de la police David Brown s’était exprimé après les manifestations de Ferguson quand un policier de Dallas avait tué une personne dans un faubourg de Dallas sur les relations avec la communauté noire. Il avait expliqué ce que la presse avait déjà à eu l’occasion de souligner : une politique de transparence sur tous les incidents qui inclut de publier toutes les informations sur les incidents y compris l’appartenance ethnique des victimes et des agents. Ce travail de fond a été initié par son prédécesseur David Kunkle à partir de 2004. A l’époque la ville présente un bilan criminel désastreux, pire que Chicago, New-York ou Los Angeles réputées pour la violence et la civilité discutable de leur services de police. En dix ans le  taux de criminalité a baissé de 50%. Les cambriolages baissent de 10 % par an comme les agressions sexuelles. En 2015 déjà l’efficacité de la politique de la police de Dallas était remarquée par des journaux nationaux. On peut remarquer que cela s’est fait dans le cadre d’une politique organisée de relations avec les communautés qui se traduit par des mesures concrètes et visibles. L’entraînement à l’usage des armes à feu auparavant pratiqué tous les deux ans est  devenu obligatoire tous les deux mois. Les caméras individuelles sans être systématiques sont employées. Une mesure qui peut sembler anodine me parait très significative. Les procès-verbaux pour incidents de la circulation ne sont pas encouragés Il a d’ailleurs baissé de moitié. Il existe par ailleurs dans le pays des témoignages de l’utilisation par les municipalités de ces contraventions comme outils de collecte de fond qui frappent de fait plus la population la plus démunie. Les plaintes pour usage excessif de la force ont baissées de 64%. Des démissions et même des licenciements à la suite de comportements abusifs de policiers ont eu lieu. Mais le plus spectaculaire est ceci. Le site web où la police de Dallas publie les incidents impliquant des policiers avec les noms des personnes impliquées et des agents ainsi que les suites judiciaires.

Peut-être que Dallas était la ville la mieux préparée pour surmonter une attaque de ce genre.

A suivre.

Mon souvenir de Jacques Rouffio

Été 1967. Je suis étudiant à L’École Nationale de la Photo et du Cinéma, connue sous le nom familier de « Vaugirard » comme la rue où elle se trouve. Après un boulot d’été au labo de la RTF à Cognac-Jay je participe à un stage organisé par  un ciné-club qui se tient à Tours. Une semaine durant, dans l’Université de Grammont encore déserte, avec mon copain Nicolas, la belle Brigitte, Noël S. et ceux dont les noms se sont envolés et dont seules quelques photos vite développées au labo de l’école m’ont permis de ne  pas oublier les visages. Nous vivons cinéma vingt-quatre heures sur vingt-quatre. J’y ai pris quelques leçons de cinéma toujours vivantes, « l’Aurore » de Murnau en tête.

Enfermés sur notre campus il faut un étranger pour nous ouvrir quelque peu les portes. Reconnaissant à la région qui a accueilli sa première réalisation un auteur inconnu de nous vient présenter en avant-première le film par lequel il devient un vrai réalisateur. Aurait-il été un faux réalisateur auparavant ? Nous apprenons rapidement qu’il passe pour « le grand raccommodeur » de scripts cassés, celui que l’on appelle au secours dans les cas désespérés de dépassement de budget. On dit qu’il a réalisé par loin de la moitié de « La grande vadrouille » avec la seconde équipe.

Jacques Rouffio est mort le 8 Juillet 2016. Je ne l’ai rencontré que trois ou quatre fois, jamais longuement, une seule fois en particulier, toujours avant Mai 1968. Son souvenir me reste bien vivant. Je lui dois d’avoir ouvert les yeux sur bien des choses. Son premier film, « L’horizon » est rarement cité par les critiques et les journalistes. Et pourtant…

A l’époque les mutineries de 1917 sont un territoire inconnu  de notre mémoire collective, en particulier cinématographique. Deux films connus les évoquent. Le plus direct vient du monde anglophone, « Les sentiers de la gloire » signé par un Stanley Kubrick qui n’a pas encore atteint la notoriété que lui vaudra « 2001 … » l’année suivante. En France Claude Autant-Lara a osé adapter « Le diable au corps » de Raymond Radiguet dans lequel on aperçoit les événements du front comme une toile de fond annexe du récit principal. Et puis rien ou presque. Cette guerre qui a massacré la jeunesse de mes grands-pères devient digne d’intérêt. Des êtres humains en sont pour la première fois peut-être l’enjeu. Sur le point d’entrer en politique -six mois plus tard je serai militant encarté d’extrême-gauche- j’ouvre les yeux sur l’Histoire.

Je les ouvre aussi sur la campagne tourangelle, sur les intérieurs éclairés par Raoul Coutard à l’inverse de ce j’apprends à l’école, pour la clarté et l’efficacité du récit, pas pour une réalisme de convention soudain vieux de plusieurs siècles.  Ma révolte contre l’académisme trouve de quoi se nourrir mais en avait-elle vraiment besoin ?

La musique du dénommé Gainsbourg dont je connais depuis des années l’originalité et l’audace en chansons me fait découvrir un univers créé à partir de deux pianos préparés.

Décidé à suivre l’aventure de la sortie du film produit avec peu de moyen et grâce à la volonté d’un jeune homme qui a même du faire l’acteur dans le film j’en parle à mes proches. Ainsi mon colocataire François et un oiseau perdu nommé Yvon, de passage dans notre appartement, assistent aux premières projections. Le jeune producteur participe à l’une d’elles. Yvon qui a l’œil acéré remarque combien le jeune homme semble falot, insignifiant quand il parle devant un auditoire alors qu’il intimide sur l’écran. Le garçon s’appelle Francis Girod, après plusieurs aventures dans la production il deviendra un réalisateur connu des années 1980.

Lui aussi travaillera avec Georges Conchon, auteur du scénario de « L’horizon ». L’homme que je vois encore à la télévision écouter avec délice le phrasé d’une citation. J’étais peut-être bien vieux pour découvrir le plaisir de la  fluidité du texte, que l’écriture n’était pas que l’observance des règles enseignées par mon instituteur de père.

La dernière rencontre avec Jacques Rouffio, sans doute début 1968, reste gravée dans mon souvenir. Le film était présenté à Montreuil dans un cinéma qui servait de vitrine au critique de l’Humanité dont j’ai oublié le nom. Rouffio, ce critique et moi décidons de prendre un verre à côté pendant la projection du film que nous connaissons tous. J’ai oublié à peu près tout du contenu précis de la discussion. Il me reste ceci. A un moment le sale gosse gauchiste, membre d’une organisation particulièrement anti-stalinienne, que j’étais à l’époque fait une réflexion sur le manque de caractère offensif de la critique de la guerre que je ressens dans le  film. Très doucement Rouffio, qui n’a visiblement aucune envie de voir la discussion tourner à la polémique avec le plus ou moins officiel représentant du Parti me suggère de lire la dernière page du numéro en cours des « Lettres Françaises ». J’y trouverai les réponses que je cherche. Je le fis et j’ai compris. Compris qu’il est souvent utile de  réfléchir avant de provoquer. J’ai aussi pris une leçon de comportement et de modestie ce jour-là, une leçon que j’ai mis longtemps à assimiler et  qu’une autre personne m’a resservie dans un autre contexte bien plus tard mais ceci est une autre histoire.

Voyez, revoyez les films de Jacques Rouffio, lisez Georges Conchon. Aussi démodé que cela puisse paraître.

Grèce, Royaume Uni, les référendums miroirs

Dans les deux cas l’attente du politicien initiateur de l’opération est déçue par le peuple qui vote de manière significative. Les résultats politiques sont d’autant plus frappants que celui qui a menti sur l’issue souhaitée du vote est resté au gouvernement et que celui qui voulait gagner le vote doit partir dans la confusion et le ridicule.

Le pays qui n’aurait jamais du entrer dans l’Union y reste et celui qui serait justifié  pour y jouer un rôle stabilisateur s’il avait la volonté de jouer le jeu va en sortir. Les déséquilibres économiques structurels sortent accrus du cycle. Les mouvements provoqués sur les marchés britanniques relèvent de l’irrationalité financière habituelle et non des conséquences mécaniques du Brexit qui n’a pour l’instant donné lieu à aucune action réelle. Voilà qui ajoute à la sombre ironie de la situation. Les apprentis sorciers néo-libéraux se brulent à leur propre feu, déclenchent une prévisible panique financière et vont se voir contraints de renoncer à leur sacro-sainte austérité pour relancer une machine qu’ils ont fait caler. Georges Osborne contraint d’appeler Keynes à la rescousse. Humour britannique ?

Les dégâts politiques ne sont pas en reste.  Des deux côtés, grec et britannique, les défaites morales s’accumulent. Le principe démocratique bafoué par les calculs de dirigeants politiques cyniques en prend un coup. Ils utilisent l’arme d’une consultation montée en épingle comme le summum de la démocratie. Résultat : le referendum devient, ce qu’il a plus ou moins toujours été, une arme de destruction massive de la démocratie, la porte ouverte aux déferlements de sentiments simplistes et inavouables.  La confusion s’installe autour de l’idée européenne confondue chez beaucoup avec l’image de l’Union Européenne. Au nom de la défense de la solidarité on mobilise les énergies pour la défense du status quo pourtant mortifère. Par exemple la campagne « Another Europe is Possible » porte quasi malgré elle comme sous-texte « Cette Union est démocratisable » ce qui est profondément trompeur. Il faut le répéter autant que nécessaire. La clé de voute de l’Union Européenne est l’Euro qui verrouille les états dans leur impuissance économique, les contraint à emprunter au prix fort sur les marchés financiers par ailleurs maîtres du reste du jeu économique. Les seuls espaces démocratiques existant, les états-nations, se trouvent réduits à la sujétion, soumis à des organes exécutifs sans contrôle et  même non-statutaires comme l’Eurogroupe.

A près d’un an et 2400 kilomètres de distance les deux referendums se font écho pour ébranler la démocratie et l’idée même de la solidarité entre les peuples d’Europe déjà travestie par une caste politique devenue autiste dans sa tour d’ivoire bruxelloise. Combien de temps pourrons-nous continuer à vivre sur ces mensonges ?

 

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