DOMINIC77

Un peu de tout

Month: juillet 2017

Quel surnom pour Macron ?

Quand ma belle-mère du haut de ses quatre-vingt-quinze  m’a parlé de « Macaron » je n’ai immédiatement compris de qui il s’agissait. J’ai trouvé cela un peu ridicule mais j’ai fini par l’adopter comme moyen d’exprimer la dérision que m’inspire cet improbable président.

Puis réfléchissant à la meilleure manière d’expliquer à les amis des Etats-Unis d’Amérique ce qu’est Emmanuel Macron comparer avec le président qu’il connaissent le mieux m’est apparu comme le moyen le plus direct.

La goutte d’eau finale a été apportée par le décidément inénarrable Castaner qui parle de mise en scène de sa démission par le général De Villiers. Je comprends que ce jeu de l’arroseur arrosé reste sur le cœur  de nos experts en communication qui auraient voulu réserver à leur metteur en scène en chef l’exclusivité de la direction du théâtre  politique.

Evidemment la différence des deux personnages saute aux yeux. Qu’y aurait-il de commun entre le grossier personnage extraverti de la Maison-Blanche et l’intellectuel réservé de l’Elysée ? On dirait une caricature de l’opposition culturelle franco-nord-américaine. De plus combien  dans les deux personnages de pose, de construction volontaire d’une image ? Donald Trump a récemment résumé leur attitude commune en rappelant combien Macron aime à lui tenir la main.

Ils partageraient donc plus que le premier regard ne laisse imaginer.

  • Un égo si énorme qu’il est impossible à mesurer,
  • Une conception personnelle du pouvoir qui ne s’inquiète pas outre mesure des limites de la bienséance ou de la légalité,
  • Une volonté affirmée de montrer leur indépendance, la différence de leurs prédécesseurs et  du modèle de leur fonction,
  • Une volonté de gouverner par le spectacle.

Chacun pratique le dernier point à sa manière. Macron fait dans la mise en scène, « jupitérienne, solennelle voire un peu vieille France alors que Trump joue au comédien de stand-up.

Les deux voudraient nous faire croire à leur caractère rebelle. Rappelez-vous Edouard Philippe parlant de sa nomination comme d’une transgression. Aller chercher un Premier  Ministre dans le vieux parti de la vieille droite. On ne peut en effet imaginer plus violemment transgressif. De la même manière l’affrontement de Donald Trump avec le politiquement correct alors qu’il constitue son cabinet en cherchant à Wall Street a tout du simulacre destiné à des supporters conquis.

Sous leurs vernis différents nos deux présidents partagent plus que ce qu’un regard superficiel nous ferait penser. Une conversation téléphonique entre mon épouse et ma fille m’a évité de me casser la tête pour trouver un surnom adéquat à notre cher président.

Bienvenue à Mini-Trump.

Le plus grand assassin de l’Histoire

Ma contribution au 14 Juillet.
Quand la fiction devient recours ultime.

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Le plus grand assassin de l’Histoire.

Fuyant la bourrasque de ce mois de Novembre 2117 l’homme se hâte. Il rejoint le village de sa famille. Vazerac, patelin du Sud-Ouest de la France qu’il n’a jamais connu. Dans le chaos de ce début de siècle il n’a comme tant d’autres plus d’endroit où travailler, où vivre, où espérer.

Quand il retrouve ce qui reste des siens dans ce groupe de maisons emmurées pour se protéger des vols et des attaques Marc aperçoit en contrebas ce village déserté depuis que les tornades ont rendu la rivière incontrôlable. Seule la massive église forte de ses mille années résiste encore aux assauts de l’eau et de la boue. Elle se voit d’autant mieux que les autres constructions ne sont plus qu’ amas de pierres.

La vie continue grâce aux arbres à vent et aux panneaux solaires qui produisent encore de l’énergie, tant que l’on peut encore les réparer ou trouver des éléments de rechange. Les trois cents mètres cubes des citernes de récupération d’eau permettent de vivre et fournissent la matière première de la production d’hydrogène pour les piles à combustibles. On cultive l’essentiel à proximité de préférence dans des champs que l’on peut surveiller.

Il a compris qu’il était bien chez lui quand le petit chien blanc et noir a commencé à lui sauter autour. Son sac posé il avait des choses, des voyages à raconter. Il y a quelques années dans ce monde où les transports ne cessent de se désorganiser il a  voulu partir faire le tour du monde. Il n’est allé plus loin que l’Irlande. Les avions, inutile d’en parler si vous n’êtes pas militaire, mercenaire ou bourré aux as. Et à vos risques et périls, sans contrôle aérien, sans prévisions météo fiables, avec des aérodromes inondés ou assiégés il faut être prêt à tout. Il a bien essayé la voie maritime. Dans les ports anglais envahis par  les eaux montantes les grands navires ne rentrent plus. Ils mouillent à l’extérieur et on transborde tout par navette. Là encore  montrer patte blanche, payer et faire confiance au destin.

De ses voyages plus que des images il a rapporté des rencontres. Alors il raconte. Il raconte ce qu’on lui a raconté. Ce que Franck, suédois perdu en Irlande lui a  raconté. Franck qui avait connu Tom qui avait connu Jim.

Jim, technicien dans le pétrole, ce truc qu’on utilisait il y a un siècle et pour lequel certains se battent encore paraît-il dans quelques lointains endroits. Des gens qui ont encore des machines ou des véhicules à essence, récupérés et rafistolés. Le boulot de Jim, il y a quatre-vingt, quatre-vingt cinq ans c’était de ratisser les vieux gisements, les vieilles installations, de rafistoler des machineries en rade. Tout cela pour récupérer quelques centaines de, quelques milliers les jours de chance, barils revendu à des aventuriers divers ou des industriels au bout du rouleau. Jim allait de puits en puits, d’une montage éventrée à une colline chauve. Un jour, il commençait à être fatigué de balader sa carcasse dans des pierriers maculés d’huile noire malodorante, il a rencontré un drôle de gars. Adossé au seul arbre rescapé du coin le type chantait. La chanson parlait d’un drôle d’endroit, le plus proche du paradis qu’on puisse connaître, les collines ondulantes de la Virginie Occidentale 1.  Quand Jim lui a demande de quel endroit il parlait l’autre lui a juste fait un geste montrant le sol. Cette bouillasse de pétrole avait été le plus bel endroit du monde avant qu’un fou décide de le livrer aux dingues qui l’avaient massacré à coup de dollars. C’est peut-être le chanteur qui a le premier parlé de « l’Éléphant orange » 2, le président qui avait pris la décision de tout sacrifier pour  de l’argent au pétrole, au charbon, au gaz. Faire valoir son savoir faire de technicien n’avait pas été trop difficile ensuite mais Jim n’avait plus mis les pieds dans un champ de pétrole ou de gaz.Vingt ans plus tard il a raconté son histoire à Tom. Il lui a même appris la chanson. Enfin il a tenté. Tom n’avait pas l’oreille bien musicale et la chanson s’est perdue.

Quand il a rencontré Jim Tom n’était pas encore allé à Gibraltar. Après la rétrocession du territoire à L’Espagne celle-ci a appelé au secours les Etats-Unis d’Amérique. Tom était employé par une société de mercenaires, une  de celles que le gouvernement américain employait depuis que l’Éléphant orange avait décidé de sous-traiter  les opérations militaires au privé, juste avant d’être destitué. La Méditerranée devenait brûlante, pas au sens propre, calorifique, mais les réfugiés arrivaient par centaines de milliers de toute l’Afrique tropicale. Les cultures dévastées par la sécheresse dans le Sahel, les zones à la température invivables, avaient tué plus de gens que la seconde guerre mondiale. Le Soudan miraculeusement sauvé à la fin des années 2010 les occidentaux tout contents n’avaient rien vu venir. L’explosion est venue des bidonvilles des  grandes cités côtières, assiégées d’un côté par une population affamée  migrant de l’intérieur et la montée des eaux de l’autre. La destruction des grandes viles a emporté tous les pays l’un après l’autre, les privant d’approvisionnement  extérieur  et d’administration. Les armées souvent sans commandement tiraient sur la foule. Les haines tribales enterrées depuis des décennies ressortaient de leur cercueils. Des foules se sont rassemblées pour se lancer vers leurs derniers espoirs de survie. Des milliers de personnes longeaient la côte de l’Atlantique pour remonter vers l’Europe en évitant la fournaise saharienne. D’autres tentaient le Sud par les grands Lacs, le Malawi et les montagnes vers un mythique paradis  Sud Africain. Partout la même histoire. Une foule affamée comme un vol de criquet qui dévaste tout sur son passage et ne laisse que la désolation et ses propres morts.

Voila ce Tom avait raconté à Franck. Il n’avait pas eu le temps, pas le courage peut-être de lui dire comment lui et ses hommes avaient exécuté les ordres reçus au pied du rocher de Gibraltar, dernier rempart d’une Europe les ordres épouvantée. Mais Franck savait. Il savait ce que tous savaient. Les tirs sans sommation, les armes chimiques « propres » fournies par l’industrie de tous les pays du Nord. Et Tom d’enchaîner cigarette sur cigarette, capable de fumer n’importe quoi plutôt que de laisser son odorat libre de lui rappeler  la puanteur de ce jour-là.

Né après 2050 au Nord de l’Europe Franck avait eu la chance relative d’être témoin du pire. Il avait même pu faire des études avant que les pays de tout le Sud de l’Europe ne s’écroulent définitivement à la poursuite de l’illusion de la croissance qu’avait fait miroiter l’économie du pétrole. Il avait donc vu et au moins en partie compris le drame dont il était témoin, protégé par la force armée qui maintenait les migrants à une distance de moins en moins raisonnable. Dans son refuge perdu au Nord de l’Irlande où Marc l’avait rencontré il ne savait plus qu’attendre la tempête qui abattrait sa maison. Il avait expliqué comment les décisions d’un homme seul, un Éléphant orange dans une Maison Blanche  -mais était-il vraiment le seul responsable?- au début du siècle précédent avaient laissé se déchaîner des forces tapies dans l’ombre prêtes à partir dans une course inarrêtable.

Ce soir-là dans l’atelier attenant à la maison de ses cousins Marc a attendu la tempête qui l’avait suivi de loin toute la journée. La pluie a commencé. La fenêtre ressemblait à un hublot de sous-marin. Quelque gouttes fuitaient du toit. Il entendait les tuiles trembler. Un mouvement soudain l’a fait sursauter. Ce n’était que le chien qui avait réussi à trouver un moyen d’entrer malgré la porte fermée. Le tonnerre s’est mis de la partie. Assis sur un tabouret Marc a vu par la fenêtre entre deux éclairs le clocher de l’église trembler puis s’écrouler. Le chien s’est rapproché, a posé son museau sur sa main. Transis, terrifiés, serré l’un contre l’autre l’homme et le chien regardaient la folie des hommes achever l’Humanité.

1. Au cas où : Orange comme qui vous savez et éléphant comme le Grand Old Party.

2.Green Rolling Hills : chanson de Utah Philips connue surtout par l’interprétation d’Emmylou Harris. Ani DiFranco a enregistré deux disques avec Utah Phillips, vieux syndicaliste, longtemps membre des IWW. Un des plus actuels livre sur les IWW est ici.

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