Ces dernières semaines les contributions ont fleuri sur le thème « que faire de la Nupes ? ». Toutes expriment le souhait que l’aventure se poursuive et la crainte que nous ne gaspillions cette embellie ressentie le temps d’un printemps de campagne, que l’espoir encore une fois ne retombe avec la grisaille de l’automne dans les ornières boueuses de l’Histoire.
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Avant de venir aux considérations politiques je sens nécessaire de simplement raconter l’histoire vécue de ce printemps.
J’ai soixante-quatorze ans. Je suis entré en militance active au sein d’une organisation d’extrême-gauche trotskyste à l’automne de l’année 1967. J’avais vingt ans.
Au fil de ces quelques cinquante-cinq années les aventures syndicales, politiques et humanitaires m’ont apporté parmi les plus belles de mes émotions et m’ont aussi laissé quelques cicatrices. La politique fait saigner, souvent, à chacun de ceux qui s’y frottent, à nos proches et souvent à ceux que nous entraînons en des combats parfois douteux.
Je m’étais laissé allé depuis des années à la paresse, la dormance militante quand en 2015 l’agression néolibérale contre le peuple grec m’a reconduit sur le pavé manifestant. Qu’elle était triste cette saison quand je partais seul rejoindre mes amis de circonstance avec le sentiment de crier dans le désert. Le relais pris par François Hollande avec les lois « travail » n’a pas été plus plaisant quand nous défilions entre des rangs de robots en armes et sous l’omniprésente menace médiatique des « casseurs » prétextes à toutes les violences. Paradoxalement le redoublement des attaques avec la réforme des retraites d’Emmanuel Macron a changé la donne. Nous étions plus nombreux, plus déterminés, plus unis peut-être, enfin souriants d’être ensemble.
Et ce printemps de 2022 me tombe sur le dos ce que je n’attendais plus. Alors que j’avais exprimé ma volonté de participer à une campagne législative de rassemblement sous mes yeux se produit l’impensable, l’union d’à peu près tout ce que le pays compte de forces de progrès dans un cadre ouvert sous l’improbable nom de NUPES (que chacun prononcera à sa manière).
Motivés par l’idée de l’union nous nous sommes retrouvés dans notre étonnante diversité sur le terrain, oubliant la fatigue, devant les quais des gares, sur les parkings de centres commerciaux, sur les marchés ou devant les portes des appartements. La réponse des gens, peut-être facilitée par la sortie de deux ans de confinements, nous encourageait à continuer. Combien ai-je appris en quelques semaines ? La plus grande leçon : écouter ces gens qui ont besoin de dire leur situation (et nous de les écouter).
Nous n’étions pas bien nombreux mais nous étions heureux ensemble.
Cette chaleur a sans aucun doute été utile quand nos candidats ont perdus l’élection (dans ma circonscription) et nous a fait réaliser que nous avions quand même gagné quelque chose d’inédit.
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La centralité de la question écologique.
Pour nous unir ne perdons pas de vue la question climatique qui nous donne l’arme pour combattre le plus grand risque de fracture entre nous. Risque qui prend sa source dans l’attachement idéaliste, plus affectif que politique, d’une partie des militants, en particulier écologistes à l’Union Européenne mythiquement vécue comme la fusion des peuples de l’Ouest du continent eurasiatique.
L’effort pour contrer les effets meurtriers du désordre climatique est devenu impératif aux yeux de tous avec les chaleurs, sécheresses, intempéries et inondations récentes.
La démonstration du lien entre les activités humaines industrielles, touristiques, etc et le désordre climatique se confirme de jour en jour mais la racine du mal n’est pas circonstancielle. Le premier article de la livraison de Juillet-Août 2022 de la Monthly Review (magazine de gauche fondé aux E.U.A. en 1949) a pour titre « Écosocialisme ou Barbarie », comme une mise à jour du vieux slogan « Socialisme ou Barbarie ». Il s’inscrit dans un travail persistant des auteurs de la revue autour de l’idée de « capital-nature », la place de la nature dans la pensée économique. L’objectif n’est pas de fantasmer Karl Marx en père de tous les écologistes mais de retracer théoriquement l’incompatibilité de l’accumulation capitaliste, forcément effrénée, avec un monde aux ressources finies.
Le combat écologiste et le combat contre les forces de l’argent ne sont pas cohérents et compatibles. Ils constituent deux faces d’une même nécessité pour la survie et le bien-être de nous tous.
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Sur l’organisation.
Après un été de plomb nous nous retrouvons avec la question : et maintenant ? Nous la poser sans avoir de réponse toute faite ne peut que nous réjouir. Il nous appartient d’inventer la suite.
Au cœur du débat, personne n’est dupe, gît la relation entre La France Insoumise et le mouvement sans précédent, bigarré qui s’est déployé sous la bannière de la Nouvelle Union Populaire Économique et Sociale. La bizarrerie même de ce nom de circonstance augure plutôt bien du futur. Elle montre qu’il ne s’agit pas d’un de ces projets marketing auxquels la politique récente nous a accoutumé.
Le moment de parler d’organisation formelle, de structuration définitive est-il venu ? Passés la phase activiste de la campagne électorale législative et le recul de l’été ne serait-ce pas plutôt aujourd’hui le temps de la réflexion, des expériences, le temps de faire fleurir nos spécificités locales ?
La séquence et la géographie de la campagne nous ont été imposées par l’institution électorale et nous ont contraint à l’action immédiate. Nous ne savons pas comment les calendriers vont se déployer (dissolution ? mouvements sociaux,…). Cet automne pourrait bien être la bonne période pour faire fumer nos cerveaux.
Clémentine Autain a avancé avec pertinence quelques sujets sur la base organisationnelle (les Groupes d’Action) et géographique (les circonscriptions législatives).
Groupes d’Action.
Les Groupes d’Action, si nous les entendons bien comme des G.A. Union Populaire et non LFI s’imposent en effet comme la base naturelle, celle qui existe, où les gens se connaissent et ont pu commencer à se faire connaître de la population. Leur diversité, d’opinions politiques, de tailles, leur structure parfois hiérarchisée (du local au plus large : la circonscription) en font des organes opérant, simples et capables d’attirer des personnes qui se sentent déjà motivées par une forme ou une autre d’engagement sans entrer dans une logique partisane. La question de leurs moyens (finances et matériel de propagande) cristallise sans aucun doute la discussion sur l’organisation globale, le type d’affiliation à des structures centrales et les structures de rattachement. Nous semblons tous d’accord sur l’objectif de faire vivre la NUPES. Nous avons donc à poursuivre le débat sur son organisation nationale et les rapports avec les partis politiques impliqués (dont LFI). Pouvons-nous sans risque de perdre tout notre dynamisme faire l’économie d’un débat sur ces sujets ?
Circonscriptions.
Calquer la géographie de l’organisation des groupes sur les circonscriptions est-il pertinent ? Les circonscriptions électorales législatives sont par nature dans une France de plus en plus péri-urbaine des réalités artificielles, politiciennes toujours provisoires. Elles ne reflètent que partiellement la réalité sociale, économique, culturelle des territoires. Elles présentent des trous (telles communes excluent d’une zone par ailleurs fonctionnellement unitaire), des excroissances (à l’inverse des communes rattachées pour faire masse électorale), des hétérogénéités (économiques, d’habitat, …) et des externalités (des flux économiques ou culturels qui les traversent ou les dépassent). Si la circonscription est un périmètre d’action coordonnée obligatoire lors de l’élection elle est en général trop étendue (en particulier en zones rurales) et trop diverse pour fournir le cadre naturel de militantisme quotidien (hors zones urbaines concentrées). Cette double contrainte de l’efficacité électorale (et administrative entre deux élections) et de l’efficacité militante au jour le jour devrait nous contraindre à continuer à fonctionner à deux niveaux. Les Groupes d’Action demeurent les noyaux de base, capable de tisser des liens horizontaux avec leurs voisins en cas de besoin hors contexte de circonscription mais aussi coordonnés au sein de celle-ci. Mon secteur de Seine et Marne semble un exemple typique. La partie orientale, plus rurale, présente des motifs de mobilisation en commun avec les territoires plus à l’est (artificialisation des sols par exemple) complètement absents de l’ouest.
Et au-delà du local ?.
Si l’organisation locale ne semble pas présenter de difficultés insurmontables la structuration verticale du mouvement va se révéler bien plus délicate.
A partir d’un niveau de base fort qui assure le lien avec la population tout est à construire pour répondre à des besoins contradictoires au moins en apparence. La bonne vieille opposition de la verticalité ascendante et descendante. Et nous avons besoin des deux.
Le paradoxe apparent de notre affaire consiste à avoir fait fleurir l’idée que tout doit être reconstruit et que cette idée vienne « d’en-haut » (Mélenchon).
Comment articuler les trois étages de notre construction ? Ces éléments existent et peu ou prou sont incontournables.
-Au « sommet » les parlementaires (et les partis politiques).
-Intermédiaire : le « Parlement de la Nupes»,
-En bas : les groupes locaux tels qu’ils sont dans leur diversité.
Je ne suis ni magicien ni omniscient. Je ne connais pas la bonne formule mais je suis conscient de quelques besoins. Nous devons tous mettre en commun nos expériences et nos suggestions sans perdre la richesse que constituent nos différences liées à nos histoires et nos territoires. Par exemple nous avons entrepris localement après le second tour des législatives un début d’étude statistique et sociologique des votes et de l’évolution entre les deux passes de l’élection. Nul doute que nous ne sommes pas les seuls et que la collecte nationale de tous ces travaux nous apprendra beaucoup. Voici un exemple de ce que l’étage « Parlement de la Nupes » a vocation à mener sans préjudice des appartenances partisanes. Cette structure intermédiaire ne peut que rester nécessairement floue pour jouer son rôle d’intermédiaire entre le mouvement et les « corps constitués » que sont les parlementaires (politiques institutionnalisés) et les partis. Activer des structures temporaires thématiques comme une commission sur l’étude des résultats électoraux peut être un mode de fonctionnement.
Clémentine Autain a justement évoqué la question des moyens matériels des groupes locaux et de la défiscalisation de leur financement. L’argent restant le nerf de la guerre trouver une solution satisfaisante qui n’induise pas une sujétion insupportable des groupes locaux risque de ne pas être aisé. Très concrètement la question des thèmes et des matériels nationaux (tracts, affiches, etc.) de campagne implique que l’instance émettrice soit bien Nupes et non-partisane. Encore un sujet à débattre et à expérimenter.
Quand Cédric Durand et Razmig Keucheyan insistent sur le rôle de la Nupes de faire entrer le mouvement social au Parlement ils mettent en avant également le rôle de passeur du Parlement de la Nupes sans en approfondir la description des moyens. Nous sommes incapables de le faire actuellement car figer des solutions revient à revenir à la vieille conception de la politique, celle des gens qui savent tout, qui ont lu la solution dans leurs grimoires, souvent écrits il y a un siècle. Aussi inconfortable qu’elle soit l’image de la bicyclette s’impose. On trouve l’équilibre parce que l’on avance…Mais le risque de la chute est toujours présent.
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Le débat sur l’éducation.
Plusieurs contributions insistent sur « l’école de la Nupes », « l’Education Populaire », ou une « école de formation du parlement ». Sans pointer vers la même solution elles dévoilent une préoccupation commune : amplifier le mouvement créé ce printemps par l’approfondissement de sa propre compréhension de la situation et son écoute de la population et répandre ces idées.
J’y vois au moins deux dimensions.
La première est l’éducation au sein de nos groupes. Dans notre diversité se croisent des gens qui ont beaucoup à s’apprendre. Les livres (édités par Attac, par Fakir, d’autres, peut-être même les vieilles brochures de ma jeunesse) qui prennent la poussière sur mes étagères et s’ennuient ne demandent qu’à circuler et à être discutés. Et cela va au-delà de contenus strictement politiques. Avant de faire redescendre la bonne parole échanger horizontalement et nous armer entre nous.
Cette approche n’empêche pas que l’enrichissement de nos savoirs et de nos pratiques à partir du contenu du programme initial (Avenir en Commun), des débats parlementaires et des contenus élaborés à partir du travail du Parlement de la Nupes soit nécessaire.
Nous avons appris pratiquement lors de la campagne (moi en tout cas) combien écouter les gens est important. Mais la véritable dimension d’Éducation Populaire existe indépendamment de nous comme le rappelle ce billet de Marcuss. D’autres avaient déjà tenté ce genre de démarche comme le groupe Émancipation Collective avant la pandémie. Peu importe que des compréhensions manifestement opposées de l’Éducation Populaire s’expriment elle reste un outil nécessaire pour « construire le nous » populaire qui seul peut nous conduire à une victoire durable. Cet effort nous oblige à sortir de l’entre-soi militant politicien et à parler à d’autres forces, d’autres mouvements souvent non explicitement politiques. Cela ne peut en général se faire que par des actions ponctuelles, locales.
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Dépasser nos limites.
Ce dépassement de notre cercle initial, naturel, d’activité ne peut pas se limiter à une perspective éducative.
Les autres sont là tout autour de nous. Les maires macronistes ou autres, les divers « leaders d’opinion » traditionnels qui tous les jours parlent à la jeunesse, aux anciens, à toute la population avec des moyens bien supérieurs aux nôtres. Naturellement ils ne peuvent que répandre l’idéologie dominnante.
Pour espérer dépasser le plafond auquel nous nous sommes heurtés ce printemps il est indispensable de nous faire connaître et reconnaître socialement, pas uniquement comme des militants actifs et plus ou moins enragés. Nous investir dans des activités diverses, associatives sans doute, qui ont un sens dans le cadre global de notre combat (écologique par exemple) devient d’autant plus utile que nous savons que le temps nous est compté et que nous ne sommes pas maîtres des horloges (épée de Damoclès de la dissolution).
A chacun de faire ses choix et allons-y.
Je me fais une petite violence en citant une des plus belles chansons de tous les temps.
« … We shall overcome…Some day… ».
Traduction brutale : « … à la fin c’est nous qu’on gagne… » en plus poétique.
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Ce que j’ai lu ou écouté avant d’écrire.
Consolider la NUPES
https://blogs.mediapart.fr/clementine-autain/blog/120722/consolider-la-nupes
http://www.regards.fr/tribunes/article/tribune-pour-perpetuer-la-nupes-il-faut-la-faire-vivre
NUPES et éducation (populaire)
https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/230822/creons-lecole-de-la-nupes-2
https://blogs.mediapart.fr/marcuss/blog/290822/lecole-de-la-nupes-et-leducation-populaire
http://ep.cfsasbl.be/IMG/pdf/etude2014_en_ligne_.pdf
Généralités politiques
https://www.mediapart.fr/journal/france/300822/gauche-quatre-nuances-de-nupes //Et Mediapart continue à faire de l’analyse politicienne à partir des vieux partis sans vision politique et sans prendre en compte le pays réel.
https://blogs.mediapart.fr/gilles-kujawski/blog/310822/revoila-les-sociaux-mediocrates //Billet médiocre et anachronique qui ressasse les vieilles lunes gauchistes qui nous ont bloquées dans l’impasse.
Contribution (François Ruffin).
https://www.lemediatv.fr/emissions/2022/diviseur-ou-lanceur-dalerte-francois-ruffin-se-defend-et-argumente-szAbQKR9Qm2S55ElBzH28A //Entretien avec François Ruffin sur nos tâches dans la période.
Les organes cités.
La Monthly Review.
Le Media.
Copinage.
http://michaelkoppy.com/ //Mon ami Michael Koppy joue et chante la plus belle version que je connaisse de « We shall overcome ». Je ne connais pas de copie audible sur Internet. Son album « Ashmores’s store » vaut le coup.
La crise russe révèle l’état du monde que nous voulions ignorer. La dissuasion nucléaire ne fonctionne plus. Les Nations Unies sont cassées. Le militarisme est en roue libre contre la démocratie.
Le réveil est sévère. Pourra-t-il être salutaire? Endormis dans nos illusions généreuses d’enfants de l’après seconde guerre mondiale nous n’avons pas voulu croire au pire. Il est donc advenu.
La fin de la dissuasion nucléaire.
La guerre.
La destruction d’habitations, d’écoles, de routes, d’ouvrages d’art. La brutalité de l’offensive russe mise en échec par la résistance nationale des ukrainiens a ramené l’état-major et le président russes à la réalité. Ils n’ont donc plus d’autre option dans leur logique qu’encore plus de brutalité aveugle au risque d’avoir à se dédire.
Comment faire entendre une voix pacifique dans un contexte où ne résonne que le bruit des des explosions et ne s’entend que la logique de la force?
Nous ne sommes plus au temps de la recherche des causes ni même aux illusoires justifications par le droit. Déclarer que Poutine a violé les règles internationales est-il autre chose qu’une excuse pour ne pas dire que les troupes russes assassinent des ukrainiens qui ne les ont pas agressés?
La seule réponse possible serait-elle donc vraiment d’opposer aux envahisseurs encore plus de forces de destruction? Et d’autre part pouvons-nous laisser les assassins gagner?
Dans le contexte de l’équilibre de la terreur constitutif de la guerre froide la crainte de destruction mutuelle assurée provoquait la retenue. Cette crainte apportait la conviction que personne n’appuierait sur le bouton rouge. Il a suffi que l’un des protagonistes convainque les autres qu’il est assez déterminé, convaincu de son bon droit pour le faire. Et tout le système de la dissuasion est par terre. Il ne fonctionne pas. Il est devenu intrinsèquement inopérant et la démence supposé d’un protagoniste ne constitue pas une explication.
Quand nous serons sortis de la phase aigue de la crise, si nous en sortons, construire un nouveau système ne sera pas facile, ne sera pas rapide. Pour être réaliste il devra en finir avec le nucléaire et avec les égoïsmes (économiques) nationaux.
La fin des Nations Unies.
En même temps que le système de la dissuasion le système des canaux de dialogue qui permettaient au monde de vivre vaille que vaille ont été gravement endommagés. L’Organisation des Nations Unies fournissait un cadre reconnu, plus ou moins bancal mais réel, de discussions et de présentation aux opinions publiques.
La dimension du spectacle l’a définitivement emporté. Sans doute depuis la pitoyable prestation de Colin Powell présentant sa preuve des armes de destruction massive qui visait à justifier l’invasion de l’Irak voulue par le Petit Bush. Cette invasion a d’ailleurs certainement joué un rôle déclencheur dans l’esprit des dirigeants russes. La puissance dominante pouvait en faire à sa guise, envahir qui elle voulait et en particulier un pays souverain riche en hydrocarbures.
L’organisation même des Nations Unies dirigées par un Conseil de Sécurité archaïque avec son système des vetos issu de l’équilibre précaire de la guerre froide a beaucoup servi aux ténors des grands pays pour montrer leurs muscles à leurs populations et celle des états amis et clients sans toujours prendre en considération les conséquences internationales.
Forts de leur passé colonialiste et impérialiste les états occidentaux n’ont pas voulu voir la dégradation de leurs positions. La France a laissé la Russie coloniser la quasi-totalité de son ancien empire africain avec une force militaire occulte et violente. Les Etats-Unis d’Amérique et le Royaume-Uni n’ont pas vu la Chine pourtant vaste effectuer une OPA massive sur des terres agricoles africaines et même sud-américaines.
Obsédés par une lutte militaire frontale contre un islamisme envahissant les puissances occidentales ont renoncé ce qui aurait pourtant du être l’arme préférentielle des tenants de l’économie libérale : l’intégration à la communauté des nations par le développement.
Les canaux de dialogue multilatéraux vidés de leurs efficacité, réduits à la fonction d’écrans médiatiques et la mise au premier plan du commerce des armes comme outil de collaboration économique ont entretenu la guerre des civilisations dans un monde qui n’a jamais tiré leçons du passé colonial.
Au sein même du continent européen on a voulu faire passer la construction bureaucratique d’un ensemble essentiellement économique vidé de tout contenu politique pour une avancée démocratique majeure. Il n’était pourtant pas besoin de fortes lunettes pour voir que cela menait au gouvernement pas les lobbyistes et non par les peuples.
La destruction des canaux de dialogue, l’affaiblissement du débat politique, le primat du commerce dont celui des armes ont permis la montée en puissance d’une Chine aveugle aux droits humains et la résurgence furtive d’une Russie revancharde. Nous devrons maintenant faire avec.
La peur qui conduit au militarisme.
Pour les peuples, pour nous gens ordinaires, il ne reste que la crainte, la peur des bombes, peut-être nucléaires, sur nos enfants. L’effroi à l’idée d’un futur à jamais compromis que mes petits-enfants pourraient ne jamais connaître.
Cette peur justifie toutes les aventures militaristes, l’armement généralisé. Elle va renforcer un complexe militaro-industriel qui n’en avait pourtant pas besoin. Elle fait taire toutes les oppositions, fait réélire les gens en place, chloroforme le débat politique et fait accepter la militarisation sociale. En cela Poutine, Lockheed-Martin (société de l’armement) et Xi-Jiping sont objectivement complices. Cette militarisation généralisée ne peut conduire qu’à un accroissement des tensions et des affrontements. Elle efface la souveraineté populaire.
La démocratie ne peut vivre que dans la paix. La paix seule peut nous permettre de verdir notre économie avec la nécessaire fin des carburants fossiles et nucléaires (dont la guerre en Ukraine vient de nous rappeler le danger). Le complexe militaro-industriel est au cœur des économies développées. Aussi longtemps qu’il occupera une position dominante nous serons en danger permanent.
Si nous ne substituons pas les Droits Humains au profit dans l’échelle de nos priorités nous sommes foutus.
Il y a quelques jours j’ai publié un billet provocateur sous le titre « crise russe : pourquoi faisons-nous comme si l’Ukraine existait encore? ». J’espérais bien un peu être un Cassandre ridicule après quelques temps.
Le récent entretien de Noam Chomsky lu sur Truthout et traduit sur ballast.fr va dans le même sens. La conduite obstinée des opérations par l’armée russe et la cohérence des affirmations de Vladimir Poutine confirment la bien étroite fenêtre des possibles.
Comment en sortir.
Si nous examinons les issues possibles elles semblent se circonscrire autour de trois possibilités.
1-L’apocalypse.
A court terme l’affrontement escalade quelles que soient les circonstances, des incidents non prévisibles ou le jusqu’auboutisme de russe surtout si Vladimir Poutine se sent coincé dans une impasse sans issue.
2-Un apaisement plus ou moins provisoire.
Il se paiera obligatoirement de concessions à la partie russe. Elles sont sans doute inévitables ainsi qu’une porte de sortie pour Poutine. Le statut de l’Ukraine devrait être le principal objet de tractations. Elle n’achapera pas à une démilitarisation. Cette issue sauverait des vies mais accorderait une victoire de court terme aux assaillants.
3-Une forme de coup d’état en Russie qui élimine Poutine.
Cette situation extrêmement improbable dans le court terme ne garantirait pas une évolution vers la situation & dans la période d’instabilité qui s’en suivrait. Le déclenchement de l’attaque sauvage sur l’Ukraine n’a été possible que quand la direction poutinienne s’est jugée à l’abri de cette hypothèse.
La situation au soir du 5 Mars.
La principale caractéristique de la situation est que Poutine est allé trop loin pour reculer. Plus les sanctions auront des effets ressentis par la population russe plus il se sentira obligé d’aller plus loin, plus fort pour présenter des résultats probants à ses compatriotes.
Il joue de ses armes et en particulier de la menace nucléaire comme d’un coup à plusieurs bandes. Il vise non pas ses interlocuteurs homologues mais bien les opinions publiques, vous et moi. Nous faisant peur il pense que nous ferons pression sur nos gouvernants pour accepter ou offrir des concessions et moins soutenir les ukrainiens. Nous sommes encore dans la phase d’escalade dont les ukrainiens font les frais. Les difficultés que semblent rencontrer l’armée russe à ce stade incitent Poutine à à insister à ce stade dans lequel il mène la danse. Il est possible qu’avec le temps son état-major et son environnement puissent lui faire prendre en compte la réalité. Mais même dans cette situation il ne se retirera pas sans concessions.
Les possibles médiateurs.
Dans une situation bloquée l’intervention de tiers peut faciliter l’évolution vers une sortie acceptable par tous. Dans l’état actuel d’extrême violence sur le terrain le passage à une autre phase sera obligatoirement difficile à organiser. Plusieurs acteurs pourraient être en position d’intervenir de manière plus ou moins formelle.
1-Le premier ministre israélien a visité Poutine ce jour et lui a parlé trois heures avec sinon une sorte de mandat informel des Etats-Unis d’Amérique du moins leur bénédiction (The guardian). Bennett s’est ensuite entretenu au téléphone avec Volodymyr Zelensky avant de partir à Berlin rencontrer Olaf Scholtz. Le gouvernement israélien dirigé par l’extrême-droite figure parmi les rares en situation de parler avec la plupart des parties.
2-Le président turc, Erdogan, a manifesté sa disponibilité à servir de médiateur si une opportunité s’ouvrait. Allié plus ou moins stable de Poutine la Turquie a fourni à l’Ukraine des drones qui se sont révélés efficaces dans les opérations militaires.
3-Il existe un troisième médiateur possible, encore dans l’ombre, l’Iran. Allié de la Russie sur le terrain moyen-oriental (Syrie) l’Iran est engagé dans une négociation de longue haleine pour la réactualisation de l’accord sur le nucléaire. Pour les occidentaux européens, s’ils voulaient bien abandonner la rigidité de leurs positions idéologiques dans ce dossier, l’opportunité de récupérer une source majeure alternative à la Russie d’approvisionnement en hydrocarbures et d’ébranler la relations russo-iranienne présente des enjeux majeurs. Les russes et les chinois se sont d’ailleurs inquiétés de la préservation de leurs relations commerciales avec l’Iran dans le contexte des sanctions du dossier ukrainien. Les Etats-Unis d’Amérique moins touchés par la dépendance au pétrole et au gaz russe seront sans doute moins sensibles à cet aspect.
A suivre…
L’Ukraine est perdue. Les seules inconnues sont le nombre d’heures et le nombre de morts. Il ne nous reste que la durée pour panser les plaies et reconstruire la paix.
Je comprends qu’il est difficile de faire le deuil de nos amis pas encore massacrés par les hordes tsaristes. Mais rien ne peut à ce stade (01/03/2022) empêcher l’écrasement de la résistance ukrainienne. Après un premier loupé poutinien, un péché d’orgueil qui a surestimé sa capacité à faire peur à la fois aux ukrainiens et aux opinions occidentales. Les chefs d’état il est certain à raison de pouvoir les manœuvrer comme notre petit marquis vient d’en faire la preuve pratique.
Reconnaître la défaite des ukrainiens signifie reconnaître la nôtre. Défaite stratégique de long terme en même temps que défaite tactique sur les différents terrains campagne après campagne : Lybie, Géorgie, Ukraine 2014, Afrique occidentale et centrale. Faire ce pas revient à faire amende honorable et oblige à repenser notre modèle de pensée. La démocratie et l’universalisme ne seraient-ils plus les vendeurs universels d’influence?
Le réalisme oblige à reconnaître que dans les conditions actuelles Poutine a réussi à conquérir militairement l’Ukraine et que nous ne pourrons rien faire de sérieux conte cela. Tout au plus allons-nous tenter de sauver quelques miettes et quelques apparences, peut-être sauver la vie de Wolodymyr Zelenski et de sa famille. Dérisoire cadeau que le tsar pourrait accorder dans sa grande mansuétude.
Que pouvons-nous faire?
Inscrire l’Ukraine dans la colonne des pertes ne signifie pas cependant nous résigner. Mais il ne nous reste que le temps long. Celui de la reconstruction d’une paix qui passera obligatoirement par le retrait et la chute de l’équipe actuelle du Kremlin. Endormis dans nos certitudes, celles que nous a injecté le néolibéralisme, la conviction que le « doux commerce » devait résoudre tous les conflits et nous mener à la concorde universelle.
J’ai soixante-quatorze ans. Je n’ai plus l’espoir de passer à mes petits-enfants un monde plus apaisé que celui pour qui mes grands-pères ont vu leurs jeunesse massacrée par la première guerre mondiale.
Si nos dirigeants voulaient bien être réalistes sur la question énergétique avant d’être stupidement idéologiques à la manière trumpienne ils se hâteraient de remettre en activité l’accord sur le nucléaire iranien. Ce mouvement aujourd’hui pas facile pour la morgue de certains me semble être la premièe porte de sortie effective à relativement court terme. Les effets devraient en être multiples: amoindrir la dépendance aux hydrocarbures russes, distancer l’Iran de son partenaire russe et prendre les mollah au piège du développement et de la démocratie.
Et au-delà travailler jour après jour.
La presse française, en particulier les médias publiques (aux ordres?), ne parlent que de la déloyauté commerciale des alliés. Le problème est évidemment ailleurs. La présentation du contrat est en général orientée, à vrai dire malhonnête.
Après une semaine saturée de Belmondo par-ci Belmondo par-là bine au-delà de l’écœurement sommes-nous entrés dans la semaine des sous-marins?
Je ne regarde et n’écoute guère que des médias audiovisuels publics même si je lis et écoute d’autres supports plus comestibles. Depuis l’annonce de l’accord tripartite AUKUS (Australia, United Kingdom, United States) entre l’Australie, le Royaume-Uni et les Etats-Unis d’Amérique que j’ai d’abord appris par The Guardian je suis époustouflé par la couverture de la presse française.
Suivant fidèlement, y compris dans la chronologie, les déclaration du caniche Le Drian elle ne parle que du contrat des sous-marins dont la dénonciation, évidemment déloyale, priverait les pauvres travailleurs du Cotentin d’une promesse d’avenir radieux chèrement acquise par l’immense François Hollande allé chercher ce « contrat du siècle » avec toutes ses tripes patriotiques et bien entendu son amour du peuple (avec des dents).
Essayons de revenir en arrière et ne pas nous laisser illusionner par des mensonges et des approximations opportunistes et partisanes.
La vérité des chiffres.
Le montant du contrat envisagé lors de la signature initiale se montait à environ 31 milliards d’euros. Sur cette somme seulement 8 milliards revenaient aux parties françaises. Le plus gros devait aller à Lockheed Martin qui devait fournir le système de combat. Par ailleurs il était acquis que les sous-marins seraient construits en Australie et que 60 % de la valeur devait lui revenir. La répartition des emplois évoquée était de 2800 en Australie et 500 en France. Quelques temps plus tard le patron de Naval Group parlait de 4000 emplois en France « mais pas à temps plein ». Comprenne qui pourra.
Si ce contrat semble bien avoir été le plus gros jamais conclu par l’industrie française de l’armement la présentation qui en faite ces jours-ci relève au moins d’une vue partielle et partiale.
Un contrat qui avait du plomb dans l’aile.
Déjà en Juin de cette année les rumeurs de difficulté de bonne réalisation du contrat courraient dans les médias. Les dates de livraison des premiers éléments glissaient de 2030 à 2032 et le montant global dépassait maintenant les 50 milliards d’euros. On ne peut donc faire comme si de rien n’était dans le meilleur des mondes.
Avant les contrats commerciaux un réalignement stratégique majeur.
Si les médias français privilégient la rupture d’un contrat présenté sous des aspects bien flatteurs pour l’hubris national ils oublient ou au moins font passer au second plan le plus important. L’achat des sous-marins par l’Australie ne représente qu’une retombée secondaire du nouvel accord stratégique, militaire et géopolitique entre nations anglophones. Chacun des trois dirigeants, Biden, Morrisson et Johnson a ses propres raisons de politique intérieure comme extérieure de faire le choix d’une réorientation des alliances.
L’australien montre au monde et à son opinion publique qu’il faut maintenant compter avec lui. Dans ces circonstances la menace chinoise qui pèse de plus en plus lourd aura servi à la montée en puissance de cette île-continent. Le principal parti d’opposition, les Travaillistes, a depuis des années opté pour la même politique militariste. La protestation anti-nucléaire avait pourtant été une force militante importante de la gauche australienne des années 1970-1980 et avait réussi à limiter l’importance de l’industrie et des mines d’uranium.
Boris Johnson tire les conséquences du Brexit et s’ancre paradoxalement dans l’Océan Pacifique pour jouer dans la cour des grands. Il a compris que ses ex-partenaires de l’Union Européenne ne pouvaient rien contre ce mouvement qui souligne une leurs grandes faiblesses : la diversité culturelle et linguistique, l’hétérogénéité de leurs systèmes politiques et le caractère factice de leur union jamais réellement sanctionnée par une adhésion populaire pan-européenne.
Le partenaire nord-américain, affaibli par la montée en puissance de la Chine, une présidence Trump calamiteuse et un retrait catastrophique d’Afghanistan peut se targuer d’avoir reconstruit une alliance homogène, nouvelle image d’un impérialisme occidental en déconfiture et réduit à la défensive.
Un accroc aux accords de non-prolifération nucléaire.
Coincée entre le grand voisin australien et la Chine la Nouvelle-Zélande a rappelé son ancienne politique de préservation de ses espaces terrestre, aérien et maritime de la pollution nucléaire. Voilà qui souligne que le passage de la flotte sous-marine australienne à la propulsion nucléaire est possible en jouant sur les mots des traités de non-prolifération. Il existe plusieurs traités pour certains signés par L’Australie et d’autres non.
Le développement rapide de la marine militaire chinoise et les déclarations agressive des dirigeants à propos de Taiwan ont fait monter la tension régionale autour d’une Chine désireuse de mettre son statut de grande puissance militaire au même niveau que celui de sa puissance économique.
Le pacte AUKUS peut donc avoir la signification à la fois d’une montée des dangers militaires dans la zone indo-pacifique comme à terme un effet de rééquilibrage plutôt modérateur.
Un effet en retour sur la zone Eurasienne?
La gifle infligée par Boris Johnson aux européens pourrait avoir des conséquences inattendues. Le Brexit enfin définitivement acté les états européens, membres ou pas de l’Union Européenne vont se trouver devant des choix d’alliance remis en chantier.
Les gesticulations en cours autour de la nécessaire militarisation commune de l’Union Européenne cachent d’autres nécessaires débats sur l’ensemble des alliances continentales.
La Russie elle-même devra choisir entre devenir un partenaire junior du géant chinois ou participer à l’émergence d’un nouveau pôle.
Serions-nous à l’aube d’un nouvel ordre mondial?
Le mot « néolibéralisme » est de plus en plus souvent lu ou entendu et tend à devenir ce que deviennent ces vecteurs à tout faire, à la fois une insulte, un mot fourre-tout ou la désignation vague de tout un groupe ennemi ou ami suivant nos options. Résultat : il perd tout sens et par tant toute utilité dans le débat. J’ai récemment lu, après en avoir pris connaissance sous la plume de Jessica Whyte (Morals of the markets) un livre de l’historien canadien Quinn Slobodian titré « Globalists » qui tente de répondre à cette ambiguïté. Tous les mots sont importants ici. Quinn Slobodian est historien, pas politicien ou économiste. Il ne tente pas de démêler les arcanes du débat économique mais essaie de raconter, au sens propre, l’histoire du courant néolibéral dans le contexte du vingtième siècle, de la Première Guerre Mondiale à une fin de siècle marquée par les manifestations anti-OMC de Seattle. On peut évidemment discuter ses trouvailles et surtout ses conclusions mais on ne peut pas nier qu’il apporte d’une part une masse d’informations et d’autre part des points de vue argumentés. Que ces points de vue puissent ébranler les certitudes de notre confort fait tout leur intérêt. Connaître l’adversaire étant le premier pas dans toute bataille.
La question.
L’argument principal de l’ouvrage consiste à montrer que le courant néolibéral n’est pas l’entité libertarienne, antiétatique que l’on décrit parfois comme une forme simpliste et systématique des partisans extrêmes du « laissez-faire, laissez passer » historique mais au contraire une école de pensée intellectuelle plus qu’économiste, complexe, qui à la fois a beaucoup évoluée dans le temps et a compris que pour réaliser ses objectifs de libération du marché l’intervention de structures étatiques, si possible supranationales, est nécessaire.
Pour montrer la complexité et l’évolutivité de l’entreprise l’auteur a choisi une méthode simple : raconter en chapitres qu’il réussit à aligner de manière à la fois chronologique et thématique l’histoire du courant néolibéral. Ceci lui permet au fil du temps de mettre en évidence les acteurs, leurs évolutions, les institutions dans lesquelles ils inscrivent leurs actions et les lieux où ils s’implantent. Suivons-le.
L’Introduction.
Cette histoire du néolibéralisme comme courant avant tout intellectuel se démarque de son assimilation avec « l’Ecole de Vienne », courant libéral en économie né au dix-neuvième siècle. Localisé à la naissance dans la capitale autrichienne l’épicentre du mouvement néolibéral se déplacera assez rapidement en Suisse ce qui permet à Quinn Slobodian de le nommer plutôt comme « Ecole de Genève ». Sceptique permanent de l’état-nation il sera toujours partisan d’organismes régionaux ou mondiaux de coordination et de régulation.
La distinction, venue de Carl Schmitt qui fut un juriste nazi, entre deux mondes coexistant celui de l’imperium et celui du dominium structure profondément la pensée néolibérale. Le monde de l’imperium est celui des territoires légaux et de la culture gouvernés par les administrations et la politique. Celui du dominium est celui de la propriété des terres, des biens et de la monnaie échangés par les êtres humains, peu ou prou celui de l’économie. Dans ce modèle les deux mondes sont distincts et n’ont pas à être alignés sur les mêmes frontières ni gérés par des règles dépendantes de ces frontières.
La trajectoire idéologique s’enracine dans la fin de l’empire des Habsbourg vu comme lieu de liberté économique supranationale et culmine avec la création de l’OMC. Elle accompagne les trois grandes ruptures du vingtième siècle dans le débat économique.
En cohérence avec leur hostilité à l’idée de l’état-nation, cadre de l’intervention politique en économie, ils travaillent et interviennent le plus souvent dans des organismes verticaux et multinationaux : la Chambre de Commerce internationale et la Société des Nations dans la première phase, le GATT et l’OMC ensuite.
Chapitre I : Un monde de murs.
De la Première Guerre Mondiale à la Grande Dépression.
Le premier chapitre couvre la période allant de la fin de la « Grande Guerre » à la Grande Dépression. La militarisation de l’économie ne convient évidemment pas aux experts de la Chambre de Commerce de Vienne dont le plus connu, père tutélaire du courant néolibéral, est Ludwig von Mises (Quinn Slobodian élude systématiquement les particules quand il cite les noms de personnes). Mises intervient à la Chambre dès 1909 et sera rejoint plus tard (1921) par Friedrich (von) Hayek et Gottfried Haberler. Mais ce sont les émeutes ouvrières et les barricades de 1927 qui le marqueront. Il y voit la nécessité de s’opposer aux syndicats qui perturbent le fonctionnement normal de l’économie et ne permettent pas au travail de jouer son rôle de simple « marchandise » dans le système dont le prix et la localisation doivent rester selon lui libres de toute contrainte. Comme souvent au sein du courant néolibéral les avis peuvent différer. A cette époque Haberler distingue lui entre les biens qui doivent circuler et s’échanger sans contrainte et les hommes. Il redonne ainsi un rôle à l’état-nation.
Les barrières douanières issues de la nouvelle structure mondiale apparaissent comme autant de murailles qui entravent la libre circulation des biens et des capitaux et donc obèrent le fonctionnement normal de l’économie.
A partir de 1921 Ludwig (von) Mises internationalise son action par la participation à la Chambre de Commerce Internationale qui a été créée deux ans plus tôt. L’activité du courant déplace son centre de Vienne à Genève où siègent de nombreuses organisations de coopération internationale nouvellement fondées. La Société des Nations a été créée sous l’impulsion du président Woodrow Wilson mais les Etats-Unis d’Amérique n’en font pas partie. Elle devient un lieu important de débat pour le libéralisme économique et l’autodétermination des peuples. L’ambition initiale d’une constitution économique mondiale unique et non limitée par les règles nationales ne semble pas avancer.
Chapitre II : Un monde de nombres.
De la Grande Dépression à la Seconde Guerre Mondiale.
Avec la crise des années 1930 cette ambition subit un autre recul majeur. Le naufrage de l’économie mondiale met en évidence pour les penseurs néolibéraux la nécessité de comprendre le fonctionnement de l’économie mondiale et donc de la représenter et de la projeter dans le temps. Au sein d’instituts comme le National Bureau of Economic Research (Etats-Unis d’Amérique) ou de la SdN le travaux se développent. Haberler oriente sa recherche sur les cycles économiques. Ce mouvement a commencé dans la période antérieure à la crise mais devient prioritaire. La connaissance des données devient un élément majeur pour éviter le recul dans la compétition internationale.
Le Colloque Lippmann , du nom du journaliste Walter Lippmann, se tient à Paris en 1938. Il est en général considéré comme la naissance formelle, organique, du courant néolibéral bien avant la première réunion de la Société du Mont Pélerin en 1947. Il concrétise le rassemblement autour de Mises des anciens mais aussi de nouveaux participants : Whilelm Röpke, Walter Eucken, Alexander Rûstow, Michael Heilperin ou William Rappard même si tous ne sont pas présents ils joignent la réflexion néolibérale à ce moment. Rappard, économiste suisse, en tant que directeur de la Section des Mandats de la SdN avait présidé à la réaffectation des territoires coloniaux confisqués à l’Allemagne et à l’Empire Ottoman après la Première Guerre Mondiale. A noter que les français Jacques Rueff et Raymond Aron entre autres ont participé. Les débats au Colloque, et plus généralement dans l’ensemble du courant, furent très ouverts. Certains comme Walter Lippmann montrèrent même une relative sympathie pour les solutions de régulation keynésiennes qui s’inscrivent pourtant dans le cadre honni des politiques nationales.
L’idée économétrique perdra ensuite de son poids mais la notion d’une économie globale conçue comme une gigantesque machine de traitement d’information peut-être impossible à représenter complètement va faire son chemin, en particulier chez Hayek.
Cette phase restera sans doute celle des plus intenses et plus divers débats dans l’histoire d’un néolibéralisme encore jeune. La montée du fascisme en Europe donnant à certains l’occasion d’affirmer leur préférence au fonctionnement de l’économie contre la démocratie. La question de la forme du gouvernement n’est jamais très loin car ce que redoutent les néolibéraux est la politisation de l’action économique, pas l’intervention de l’état en tant que telle. Le chapitre suivant développe les solutions envisagées alors.
Chapitre III : Un monde de fédérations.
En recouvrement avec la période du chapitre précédent.
Dès 1941 Mises a l’occasion d’affirmer son attirance pour des formes de gouvernement fédéral, multinational. Cela n’étonne que si l’on confond le néolibéralisme avec une forme de libertarianisme. Leurs objectifs de dépolitisation, de « déplanification » de l’économie les conduisent bien à souhaiter l’affaiblissement des états-nations dans lesquels ils voient les outils de politisation de l’économie à l’avantage d’acteurs particuliers. Dans cette perspective la mise sous tutelle des états par des organismes de coordination de niveau supérieur, régional voire mondial à terme assure leur cohérence. Les frontières cessent d’être des obstacles à la circulation des biens et surtout des capitaux qui peuvent plus librement s’investir partout. Le périmètre des états devient essentiellement culturel mais l’économie se gère naturellement au niveau supérieur. La fédération modèle initiale dans l’esprit de Mises et de Hayek se trouve naturellement dans leur histoire autrichienne : l’Empire des Habsbourg. Dans un tel cadre de pensée les gouvernements nationaux peuvent même sans grand dommage devenir autoritaires -nous sommes à la fin des années 1930- s’ils garantissent le libre fonctionnement de l’économie au niveau plus élevé. Les travaux se poursuivent jusque pendant la Seconde Guerre Mondiale qui redonne du poids à la distinction entre imperium et dominium. Si bien qu’au sortir du conflit les esprits seront prêts pour la création d’institutions économiques fédératives à l’échelle mondiale : le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale (1944) et ensuite le GATT (General Agreement on Tarifs and Trade, 1947) qui deviendra l’Organisation Mondiale du Commerce.
Chapitre IV : Un monde de Droits.
Période 1940-1960.
L’année clé de cette période est 1947 qui voit à quelques mois d’intervalles la première réunion de la Société du Mont Pélerin dans la ville suisse éponyme et celle de la commission des Nations Unies qui va produire la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme à Lake Success. Assez curieusement, comme le développe Jessica Whyte dans son ouvrage « Morals of the markets » dont la couverture est illustrée par une photographie peu connue de Friedrich Hayek, le courant néolibéral et le mouvement de défense des droits humains vont finir par constituer un couple assez lié, les néolibéraux mettant les droits du capital et la propriété au premier plan des droits humains. Une autre déclaration des droits a été publiée en 1939 par H.G Wells qui relie le respect des droits humains à une politique de décisions économiques centralisées au grand dam des néolibéraux.
Pour eux les droits du capital sont intrinsèquement supérieurs à ceux des personnes individuelles, en particulier quand les frontières interviennent dans le jeu. Les conséquences extrêmes des guerres par exemple avec leurs cortèges d’expropriations violent ces droits aux dépens de l’économie et donc de tous. Le contexte troublé qui suit la Seconde Guerre Mondiale connait un nouvel acteur majeur : les Nations-Unies. L’ambiance est très différente de celle de la Société des Nations.
Dès le début les droits des nations sur leurs ressources naturelles et donc leur droit à intervenir politiquement dans leur gestion économique ont été reconnus. Par ailleurs la question de l’emploi devient un sujet en tant que tel des débats et conférences économiques internationales (ECOSOC - 1946) . La création de l’Organisation Internationale du Travail le confirme. Ainsi que la tension générée par l’affrontement Etats-Unis d’Amérique versus Union Soviétique. La pérennisation du droit du capital (des nations développées) à investir à l’étranger sans contrainte devient un enjeu.
La vague de décolonisation après la guerre, principalement britannique en Asie, marque le début d’une présence forte des pays du Sud dans les organisations internationales. La réaction prend la forme d’une « Capitalist Magna Carta » qui appelle à la création d’une Cour Internationale d’arbitrage pour juger des violations des droits des investisseurs. On sait combien cette idée a prospéré depuis.
Chapitre V : Un monde de Races.
Période 1950-1960.
Le débat autour de la décolonisation dans le contexte global de la guerre froide a continuer à se tendre. La race a tendu à devenir un critère de compétence économique associée aux situations coloniales. Concrètement les cas de la Rhodésie et de l’Afrique du Sud viennent au premier plan. La race est alliées à la culture pour définir la compétence économique et les droits à la libre circulation du capital et des biens.
SI Hayek voit bien l’apartheid comme une erreur les néolibéraux pensent que les sanctions sont pires que le mal. Sur ce terrain sans doute Wilhelm Röpke est allé le plus loin dans le soutien au gouvernement sud-africain. Il a même théorisé une « ligne Zambeze » comme frontière physique pour séparer les zones à population blanche des zones à population noire.
Ceci ne doit pas cacher qu’à cette époque Milton Friedman qui n’est pas encore le grand gourou de l’économie des Etats-Unis d’Amérique s’engage aussi résolument dans la même voie.
Chapitre VI : Un monde de Constitutions.
Période 1950-1970, l’Europe.
Si le courant néolibéral a dès les années 1940 commencé à réfléchir à la question de l’organisation légale qui offre les meilleures garanties à la liberté économique entendue comme celle de la circulation du capital d’abord cette tendance n’a pas cessé de progresser. La séparation du domaine de l’imperium (politique mais en fait culture et langue) de celui du dominium (économie concrète) va connaître un nouvel essor avec le développement de l’Europe occidentale. La pensée de Friedrich Hayek offre un témoignage de cette évolutivité. Favorable à une fédération européenne dans les années 1930 il s’y oppose après la guerre. Il incarne ainsi au sein du courant néolibéral la différence entre les constitutionalistes qui voient dans le Traité de Rome un modèle de gouvernement à niveau multiple (qui limite les interventions politiques nationales dans l’économie) alors que les universalistes préfèrent une régulation mondiale dont le GATT semble être l’instrument préférentiel. La Communauté Economique Européenne et le GATT présentent deux modèles alternatifs aux néolibéraux.
Dans ce débat Röpke et Haberler seront les plus visibles. Le premier peut user de l’influence de Ludwig Erhard, membre influent du gouvernement allemand. Progressivement d’autres membres vont se rallier à la CEE malgré les régulations et protections incluses dans le Traité initial. Pour les néolibéraux le plus important demeure la question des ex-empires coloniaux qui faussent le jeu car les relations privilégiées des métropoles avec leur anciennes colonies sont pour eux des violations des droits du capital au libre investissement.
Haberler va lui jouer la carte du GATT. Il y dirige une commission chargée d’établir un rapport (1958) sur les nouvelles tendances du commerce internationales. Ce rapport va relancer les idées néolibérales en particulier dans les pays du Sud qui réclament un accès libre aux marchés (du Nord) alors qu’ Haberler le voyait initialement comme un outil contre les protectionnismes de la CEE.
La crise de Suez (1956) a joué un rôle de révélateur dans cette période mouvante. A la fois du mouvement de reprise de souveraineté au Sud (nationalisation du Canal) et interventionnisme européen (France+Royaule-Uni soutenus par l’Allemagne) elle marque la différence entre le monde du dix-neuvième siècle et le nouveau.
Le recours à la loi pour organiser l’économie sans la contraindre était déjà visible au chapitre IV. Il se déploie maintenant et ce n’est sans doute pas un hasard que la revue allemande Ordo en soit un des porte-parole les plus visibles. La majorité des acteurs historiques du néolibéralisme sont originellement germanophones.
A la fin des années 1960 la situation de la relation Europe-Afrique semble catastrophique aux néolibéraux. La solution sera d’étendre la portée de l’offensive constitutionaliste à l’ensemble du monde.
Chapitre VII : Un monde de Signaux.
Depuis 1970, l’Europe puis le monde.
Avec les années 1970 les empires ont disparus et l’ Organisation des Nations Unies est maintenant peuplée de nouveaux pays du Sud qui ne tardent pas à réclamer un Nouvel Ordre Economique Mondial. Les nationalisations au Sud ne respectent pas les droits internationaux du capital selon les néolibéraux pour qui cette menace semble plus grave que celle du communisme ou du protectionnisme du Nord. La recherche, y compris en économie, est stimulée par la diffusion des ordinateurs et Leontief (1973) reçoit le prix d’économie de la Banque de Suède en mémoire d’Alfred Nobel (faussement appelé Prix Nobel d’Economie) pour son modèle informatique de l’économie mondiale.
En 1974 paraît le premier rapport du Club de Rome qui met en question la croissance.
La Banque Mondiale et le FMI surfent sur la montée du monétarisme pour avoir enfin raison du Nouvel Ordre Economique Mondial.
Friedrich Hayek apparait dans cette période comme le penseur dominant du courant néolibéral (Mises meurt en 1973). Contrairement à Haberler ou Röpke il intervient peu dans les instances politiques et économiques opérationnelles mais reste dans le domaine des idées. Il partage une conception venue de la cybernétique qui voit dans l’univers un isomorphisme généralisé applicable à tous les domaines, du cosmos à la biologie en passant par l’économie. Tous les systèmes seraient organisés en trois strates régies par des règles dont les deux premières (physiologie et traditions) seraient inconscientes, immodifiables et peut-être même inconnaissables. Seule la troisième serait utilisable pour organiser le monde. En fait au fil des décennies Hayek a fini par produire une anthropologie plus qu’une théorie économique à la manière de Keynes. Il finit par définir le sujet économique non pas comme un agent conscient et organisé (homo economicus classique) mais comme un pion qui réagit à des signaux dans un monde cybernétique. Ce système de doit donc pas être perturbé par les actions intempestives des politiques qui risquent en fait de casser la mécanique économique et sociétale.
La plus significative victoire des néolibéraux pourrait bien être la transformation du GATT en Organisation Mondiale du Commerce. La marche vers une Constitution Commerciale du monde qui prend le pas sur les souverainetés politiques dans un monde où les prix sont essentiellement des signaux porteurs d’informations de régulation est en route.
Conclusion : Un monde sans peuple.
A l’aube du vingtième siècle le rêve hayekien d’un monde où la loi garantit universellement les droits du capital, un monde d’individus sans peuples semble sur le point de se réaliser.
Mais le paradoxe hayekien subsiste. Si l’économie mondiale doit être protégée des excès démocratiques elle reste intrinsèquement invisible et au fond méconnaissable. Le néolibéralisme hayekien serait-il une mystique sans dieu?
Quinn Slobodian termine avec l’évocation de l’annulation de la réunion de 1999 de l’OMC à Seattle sous la pression des manifestants altermondialistes. Soudain le peuple d’en-bas revenait.
La suite.
Le livre a été abondamment commenté et critiqué dans les publications de la gauche nord-américaine depuis sa publication en 2018. Plusieurs des critiques oublient le positionnement utile d’un livre ouvertement historique et non partisan quelles que soient les positions de l’auteur. L’abondance de matière et l’exposé détaillé des raisonnements développés en font un outil de connaissance appréciable dont la traduction en français serait bienvenue.
Allison Russel. Je connais ce nom comme la moitié du duo, qui est plus qu’un duo, des « Birds of Chicago » depuis qu’étant tombé sur leurs premiers albums au hasard de mes errances dans les catalogues de musique indépendante ils ont accroché mes oreilles. Au fil des années ils ont eu le bon goût de rencontrer des artistes dont par ailleurs j’aime le travail. Le duo pas ordinaire formé d’une québécoise anglophone et d’un gars de l’Illinois ne se laisse pas enfermer dans les grilles d’un style et ose même mêler quelques lignes de français dans les chansons de leur « rock poétique » qui n’hésite pas à franchir les frontières de style ou à inviter les amis. Leurs deux voix si dissemblables vont pourtant bien ensemble. Avant de travailler en commun leurs groupes respectifs, « Po’Girl » pour Allison et « JT and the Cloud » pour Jeremy pratiquaient déjà la géométrie variable et n’hésitaient pas à s’inviter dans leurs tournées car tous sont des musiciens de scène, des musiciens vivants.
Les rencontres au hasard des projets entre la fille de Montréal et le gars de Chicago aboutissent à la création des « Birds of Chicago » en 2011 autour du couple sans rompre avec les partenaires précédents qui les accompagnent dans la nouvelle aventure. Après le succès d’estime de leurs deux premiers albums ils traversent le pays pour enregistrer « Real Midnight » produit par le grand Joe Henry. Et déjà sur la pochette on ne voit qu’Allison, madone en dégradé de bleu.
Cette session est l’occasion d’une autre rencontre avec une personne dont je connaissais le beau travail au sein des « Carolina Chocolate Drops » ou la lumineuse participation aux « New Basement Tapes« , Rhiannon Giddens. Ce ne fut donc qu’une bonne surprise mais pas un réel étonnement de voir les deux jeunes femmes rejoindre Leyla McCalla, violoncelliste et auteure haïtienne que j’écoute aussi, et Amythyst Kiah pour chanter les « Songs of our native daughters », la voix des femmes de couleur marquées par le racisme et le sexisme.
Nous n’aurions donc pas du être étonnés de l’annonce de la mise en sommeil du groupe pour laisser la place au premier album solo d’Allison Russell, « Outside Child ». Depuis la sortie de l’album des Native Daughters on connaissait un peu l’histoire personnelle d’Allison. Fille d’un étudiant de La Grenade reparti au pays avant sa naissance elle devient la fille adoptive de l’homme que sa jeune mère épouse. Suprémaciste blanc, violent, raciste celui-ci abusera émotionnellement et physiquement de sa belle-fille. Alors qu’ils vivent à Montréal à quinze ans elle fuit pour échapper à l’enfer qui menace de la détruire. Le refuge trouvé très tôt dans les livres sera suivi de la libération dans la musique. « Outside Child » raconte cette trajectoire et bien plus.
Sans misérabilisme et loin du voyeurisme nous écoutons le chant de la jeune femme qui s’envole. Au fil des morceaux sa voix quelque fois modulée par la gravité de la clarinette nous parle directement. Quand il devient nécessaire préciser le sens ou le genre des mots une ligne de français venue dans le texte en passager clandestin vient enrichir la palette.
Les morceaux.
1. Montreal
2. Nightflyer
3. Persephone
4. 4th Day Prayer
5. The Runner
6. Hy-Brasil
7. The Hunters
8. All of the Women
9. Poison Arrow
10. Little Rebirth
11. Joyful Motherfuckers
Ecoutons les.
Montréal : La ville de la jeunesse est aussi celle de la fugue, de l’évasion, la ville qui la prend dans ses bras. La fraîcheur des nuits d’été dans les cimetières ou la douceur des jours d’hiver dans les églises accueillent la jeune fille sans maison qui se sent « si jeune, si vieille ».
Nightflyer : La lecture a été un refuge précoce de la petite fille. Ce cavalier de la nuit inspiré d’un récit gnostique, « Le tonnerre, intellect parfait« , nous convoque dans une rêverie poétique sur notre ambiguïté intrinsèque.
Persephone : Retour à Montréal où la fugue n’aurait pas été possible sans l’amie de cœur. Celle à la fenêtre de qui on vient frapper la nuit tombée. Le doux partage de leurs corps d’adolescentes devient un abri contre la brutalité du monde extérieur. « Si mes pétales sont froissés, je suis toujours une fleur ».
4th Day Prayer : Nous poursuivons le récit avec cette prière scandée à tous les enfants martyrisés, abusés. Qu’ils trouvent la force de s’évader.
The Runnner : Et vient un jour le temps de l’évasion. La rupture musicale d’un rock and roll enjoué marque le tournant, le départ d’une autre vie quand on passe la bonne porte. Pas moins que l’immense Yola pour apporter son discret contrepoint à la voix d’Allison. Cet album est bien une œuvre collective.
Hy Brasil : La clarinette nous convoque d’entrée vers des terres musicales inexplorées. La batterie devient percussion. On pourrait presque entendre des voix amérindiennes.
The Hunters : L’enfant évadée peut maintenant regarder sans peur en arrière et s’adresser les yeux dans les yeux aux adultes défaillants.
All Of the Women : Allison n’a cessé de dire que la dernière étape, majuscule, de son évolution a été de devenir la maman de sa fille Ida. L’amour de l’enfant les lient à toutes les femmes du monde.
Poison Arrow : La couleur musicale peut changer et même la flèche empoisonnée n’arrête pas la course vers le soleil.
Little Rebirth : La course vers la nouvelle naissance de chaque contact avec le monde.
Joyful Motherfuckers : Il est temps avant de nous séparer de célébrer tous les « joyeux enfoirés », les amoureuses sans peur, les chasseurs d’arc-en-ciel, tous les vrais pardonneurs. Et la voix de Jeremy peut rejoindre celle d’Allison pour la suite à venir du voyage.
Pour l’acheter.
https://allisonrussell.bandcamp.com/album/outside-child
Pour écouter. (Pour une fois oublions que Youtube appartient à Google.)
Montreal : https://www.youtube.com/watch?v=wF8ZSXwd-ZY
Nightflyer : https://www.youtube.com/watch?v=RNJgwj8d9eo
Pesephone : https://www.youtube.com/watch?v=4hJKqYsIHok
4th Day Prayer : https://www.youtube.com/watch?v=auq14M3ou4w
The runner : https://www.youtube.com/watch?v=s3KkiyRtU_c
Hy-Brasil : https://www.youtube.com/watch?v=mmwTPX1r7gw
The Hunters : https://www.youtube.com/watch?v=_siSDW5_g4M
All of the Women : https://www.youtube.com/watch?v=_PonykGf2vg
Poison Arrow : https://www.youtube.com/watch?v=ORpp_7kY48Q
Little Rebirth : https://www.youtube.com/watch?v=Jmbs7g-3Sns
Joyful Motherfuckers : https://www.youtube.com/watch?v=ky27N5I1rUY
Le personnel.
The Community of Artists in alphabetical order:
Jason Burger- drums, percussion, apple cider vinegar bottle
Steve Dawson- pedal steel
Jamie Dick- drums, percussion
Dan Knobler- guitars, slide guitar, banjo, synths, mellotron
Drew Lindsay- Rhodes, Wurlitzer, Mellotron, pump organ, organ, piano
Alfreda McCrary- harmony vocals
Ann McCrary- harmony vocals
Deborah McCrary- harmony vocals
Regina McCrary- harmony vocals
Chris Merrill- bass
Ruth Moody- harmony vocals
JT Nero- acoustic guitar, vocals, co-writing
Joe Pisapia- acoustic and electric guitars
Erin Rae- harmony vocals
Allison Russell- songwriting, writing, lead vocals, harmony vocals on Montreal and Nightflyer, clarinet, banjo
Jake Sherman- organ on 4th Day Prayer
Yola (appears courtesy of Easy Eye Sound)- harmony vocals on The Runner
Produced by Dan Knobler
Engineered by Kevin Sokolnicki & Dan Knobler
Recorded at Sound Emporium, Studio A, in Nashville – September 18-21, 2019
Assistant engineer: Zaq Reynolds
Additional recording at Goosehead Palace
Organ on « »4th Day Prayer » » recorded by Jon Seale at Mason Jar Music
Mixed by Dan Knobler
Mastered by Kim Rosen, Knack Mastering
Les textes
1-MONTREAL
Oh my Montreal
Can I dream of you tonight?
Of before the fall
Your rose, your azure light
Oh you Cathedrals
Your shadows felt like loving arms
I was your child, Montreal
You would not let me come to harm
To reminisce on the times before
There were just so few of them of them
The jackal came in spring, took me
When I was still so young so young
But the mind of a child has oceans wide
And a thousand millenniums
And the city was my sky and stars
Les fenêtres de l’infini (the windows of infinity)
Hmmm hmmm
J’étais si vieille, j’étais si jeune
J’étais si jeune, si vieille
Les yeux de l’enfant voient tout, voient tout
Voient tout, voient tout, tu sais
La lumière tavelée sur les arbres
La pourriture dans la plus blanche marbre
La sagesse bouleversant
La sagesse coeur brisant
La sagesse de l’enfant
La sagesse de l’enfant
Coeur brisant
Coeur brisant
Oh my Montreal
Can I dream of you tonight?
Of before the fall
Your rose, your azure light
Oh you Cathedrals
Your shadows felt like loving arms
I was your child, Montreal
You would not let me come to harm
Oh my Montreal
Can I dream of you tonight?
2-NIGHTFLYER
When I was sixteen I read « The Thunder: Perfect Mind » for the first time – it’s an exhortatory poem discovered among the Gnostic manuscripts in the Nag Hammadi library in the 40’s. It has never left me. I’ve been meditating on the nature of resilience, endurance, and grace more deeply since becoming a mother. I was trying to bridge the divide and embrace shame and my inner divinity equally with this piece. The burden and the balm of our lineages that we all carry. We all come from long lines of survivors. I believe my Ancestors must have been protecting me all along. And now my daughter, Ida, carries their strength…- Allison
Yeah I’m a midnight rider
Stone bonafide night flyer
I’m an angel of the morning too
The promise that the dawn will bring you
I’m the melody and the space between
Every note the swallow sings
I’m 14 vultures circling
I’m that crawling, dying thing
I’m the smoke up above the trees, Good Lord
The fire and the branch that’s burning, Lord
Maybe you were sleeping, Lord,
But Mary she’s not weeping no more, no
Yeah I’m a midnight rider
Stone bonafide night flyer
I’m an angel of the morning too
The promise that the dawn will bring you
I’m the sick light of a hurricane’s eye
I’m a violent lullaby
I’m six fireflies, one streetlight
I’m a suffocating summer night hmm mmm
I’m each of his steps on the stairway
I’m his shadow in the door frame
I’m the tap tap of a lunar moth
I’m the stale beer on his breath hmm mmm
His soul is trapped in that room
But I crawled back in my mother’s womb
Came back out with my gold and my greens
Now I see everything
Now I feel everything good lord
What the hell could they bring to stop me Lord?
Nothing from the earth, nothing from the sea
Not a God Almighty thing
Yeah I’m a midnight rider
Stone bonafide night flyer
I’m an angel of the morning too
The promise that the dawn will bring you
I’m the wounded bird, I’m the screaming hawk
I’m the one who can’t be counted out
I’m the dove thrown into battle
I can roll and shake and rattle hmmm mmm
I’m the moon’s dark side, I’m the solar flare
The child of the Earth, the child of the Air
I am The Mother of the Evening Star
I am the Love that Conquers All
Yeah I’m a midnight rider
Stone bonafide night flyer
I’m an angel of the morning too
The promise that the dawn will bring you
3-PERSEPHONE
« Persephone » is from Allison Russell’s first ever solo project, Outside Child (produced by Dan Knobler). Stream/buy here: https://found.ee/AROutsideChild
« Persephone » is written by Allison Russell and Jeremy Lindsay aka JT Nero.
« An homage to my first love. We were just kids, 15 years old. Her loving kindness saved my sanity and my life on bitter winter nights when I was homeless and hanging on by a whisper. Her dark basement was a refuge and an oasis. » – AR
Blood on my shirt, two ripped buttons
Might’ve killed me that time oh if I’d let him
He’s slow when he’s drunk, and he lost his grip on me
Now I’m running down la rue St. Paul
Trying to get out from the weight of it all
Can’t flag a cop ’cause I know he won’t stop…
I’ll go see Persephone
Tap tap tappin’ on your window screen
Gotta let me in Persephone
Got nowhere to go but I had to get away from him
My petals are bruised but I’m still a flower
Come runnin’ to you in the violet hour
Put your skinny arms around me, let me taste your skin
Mouth to mouth, mouth to flower
Salty sweet you give me power
I feel you shake under my lips
Your fingers tender find my secrets
Don’t make a sound, don’t cry out love
Your parents are sleeping just above
I kiss you once, I kiss you twice
Fall asleep looking in each other’s eyes
Tap tap tappin’ on your window screen
Gotta let me in Persephone
Got nowhere to go but I had to get away from him
My petals are bruised but I’m still a flower
Come runnin to you in the violet hour
Put your skinny arms around me, let me taste your skin
Light on your shoulder, light on your cheek
Light telling me it’s time to leave
The birds are calling to the morning
Your parents’ feet above us stirring
Kiss your belly before I go
Climb back outta your basement window
Back to the cold’s bite, back to the hard life
Back to the harsh bright street
Tap tap tappin’ on your window screen
Gotta let me in Persephone
Got nowhere to go but I had to get away from him
My petals are bruised but I’m still a flower
Come runnin to you in the violet hour
Put your skinny arms around me, let me taste your skin
4-4TH DAY PRAYER
[Verse 1]
I was the Queen of Westmount Park
It was all mine after dark
Old willow tree it was my throne
Till I, till I went home
Father used me like a wife
Mother turned the blindest eye
Stole my body, spirit, pride
He did, he did each night
[Chorus]
One for the hate that loops and loops
Two for the poison at the roots
Three for the children breaking through
Four for the day we’re standing in the sun
Ooh, ooh, ooh
[Verse 2]
« These are the best years of your life »
If I’d bеlieved it I’d have diеd
Something told me that they lied
Oh I, oh I survived
Left home, I was just a child
Slept in the graveyard, end of the Mile
When the sun came up and found my skin
I rose, I rose again
[Chorus]
One for the hate that loops and loops
Two for the poison at the roots
Three for the children breaking through
Four for the day we’re standing in the sun
Ooh, ooh, ooh
[Verse 3]
Slip streams and fever dreams
Do you see what I can’t see?
Tell me, tell me, tell me
I want to understand
From the coast of Africa
To the hills of Grenada
To the cold of Montreal
That whip, that whip still falls
[Chorus]
One for the hate that loops and loops
Two for the poison at the roots
Three for the children breaking through
Four for the day we’re standing in the sun
One for the hate that loops and loops (Ooh)
Two for the poison at the roots (Ooh)
Three for the children breaking through (Ooh)
Four for the day
One for the hate that loops and loops (Ooh)
Two for the poison at the roots (Ooh)
Three for the children breaking through (Ooh)
Four for the day
5-THE RUNNER
[Verse 1]
Oh, I had to run, to run, to run
From Mont Royale
Aux Portes des Lions (to the Lion’s Doors)
But no freedom would come my way
Yeah, no freedom from
What he’d done to me
[Chorus]
Then I heard that Rock and Roll
Outside the South Hill Candy Store
Felt myself walking in
I was up above me, I was standing right beside me, oh
And I saw my deliverance
Deliverance
[Verse 2]
Oh, I had to sing, to sing, to sing
From the western sea
To the old country
Oh, I had to bleed, to bleed, to bleed
Till his poison left my veins
Left me
[Chorus]
Yeah, I heard that Rock and Roll
Outside the South Hill Candy Store
Felt myself walking in
I was up above me, I was standing right beside me, oh
And I saw my deliverance
Deliverance
[Verse 3]
Now I still run, still run, still run
To catch a song
And cheat the gun
Come freedom come, I pray, I pray
Can’t stop me now
Can’t steal my joy
[Chorus]
Then I heard that Rock and Roll
Outside the South Hill Candy Store
Felt myself walking in
I was up above me, I was standing right beside me, oh
And I saw my deliverance
Deliverance
6. HY-BRASIL
[Verse 1]
My great grandmother was a magic weaver
Came across the water and caught the fever
She wondered if her mother could hear her when
She said the words she learned to say
[Chorus]
In the blue camhanaich all shimmering still
Dame Calluna, low Lady of the Hills
Cup of cold sun and a winterpill
Send me back on my way
Seven black rabbits of Hy-Brasil
Twenty-one petals of daffodils
Thirteenth note of the blackcap trill
I’ll fly home today
[Verse 2]
Down in the cradle oh I would hear hеr
As I breathed my soul beliеved if
I sang those words I could leave there
Leave my sorrow and pain
[Chorus]
In the blue camhanaich all shimmering still
Dame Calluna, low Lady of the Hills
Cup of cold sun and a winterpill
Send me back on my way
Seven black rabbits of Hy-Brasil
Twenty-one petals of daffodils
Thirteenth note of the blackcap trill
I’ll fly home today
[Verse 3]
Though my brittle body was caught in his snare
My soul would learn how to travel where
The eyes of the rabbits were gleaming there
On the isle of Hy-Brasil
Seven years we drown, seven years we rise
Said the black rabbit with the ancient eyes
You’ll be free, oh lura lae
He cannot match your will
[Chorus]
In the blue camhanaich all shimmering still
Dame Calluna, low Lady of the Hills
Cup of cold sun and a winterpill
Send me back on my way
Seven black rabbits of Hy-Brasil
Twenty-one petals of daffodils
Thirteenth note of the blackcap trill
I’ll fly home today
[Verse 4]
Though I drowned for ten years, I’m still rising
Stronger for my pain and suffering
My body was broken but my heart’s reborn
I’m freer than the sky
[Chorus]
In the blue camhanaich all shimmering still
Dame Calluna, low Lady of the Hills
Cup of cold sun and a winterpill
Send me back on my way
Seven black rabbits of Hy-Brasil
Twenty-one petals of daffodils
Thirteenth note of the blackcap trill
I’ll fly home today
7. THE HUNTERS
[Verse 1]
Hey Papa, hey Mama
The sun is out, oh, can I play?
Yes my child, yes my child
But do not leave the path today
Why Mama, why Papa?
The trees are my friends, as is the shade
The wolves have come down from the hills
They’re hungry and they’ll have their way
Oh Papa, oh Mama
It is of you I am afraid
The hunter and the hunter’s bride
Your teeth as sharp as razor blades
[Chorus]
Le coeur de l’enfant est le coeur de l’univers, l’amour doré
Comme bien-printemps, généreux, chaleureux
Mais jamais innocent
Ni complétement sans douleur
[Verse 2]
Look Mama, look Papa
The wilderlands have made me brave
The wolves came down, they called me kin
They gave me strength to run and chase
Oh Papa, oh Mama
I have come to break your blades
Curse you child, curse you child
We should have killed you as a babe
Yes Mama, yes Papa
You had your chance, now it’s too late
Yes Papa, yes Mama
The wolves will howl and dance today
[Chorus]
Le coeur de l’enfant est le coeur de l’univers, l’amour doré
Comme bien-printemps, généreux, chaleureux
Mais jamais innocent
Ni complétement sans douleur
[Outro]
Hey Papa, hey Mama
Hey Papa, hey Mama
Why Papa, why Mama
Why Papa, why Mama
Why Papa, why Mama
8-ALL OF THE WOMEN
[Chorus]
She’s been a fixture as long as I’ve lived here
On the corner most every night for the last six years
When she’s not there
When she’s not there
When she’s not there
I worry about her
Worry about her
I think of all of the women
All of the women
All of the women
Who disappear
Who disappear
[Verse]
We’ve made friendly acquaintance, sometimes we talk
She likes the way that I smile
And sing as I walk
I like her fabulous outfits, the proud way she moves
She says, « I used to be a dancer
Some grace you don’t lose
Some grace you don’t lose
I made some choices, some were made for me
For the way I survive I make no apology
Everybody and somebody don’t always meet up
I’m the salvation for those left without
For those left without, those living small lies
What I provide can’t be measured in nickels and dimes
In nickels and dimes »
I ask, « What about the bad dates, don’t you ever get scared? »
« Well I’ve had my share, honey, but it’s fear I can bear
It’s fear I can bear
‘Cause I’m stronger than eggshells, I’m tougher than luck
I’ve never been despised so much or hit so hard, or hit so hard
I couldn’t get back up
I couldn’t get back up
I couldn’t get back up »
[Chorus]
She’s been a fixture as long as I’ve lived here
On the corner most every night for the last six years
When she’s not there
When she’s not there
When she’s not there
I worry about her
I worry about her
Think of all of the women (All of the women)
All of the women (All of the women)
All of the women (All of the women)
All of the women (All of the women)
All of the women (All of the women)
All of the women (All of the women)
All of the women (All of the women)
Who disappear
Who disappear
[Outro]
Who disappear
Who disappear
Who disappear
Who disappear
Who disappear
9-POISON ARROW
Poison arrow be kind to me and I’ll be kind to you
It’s not just your poison, it’s the bow, the string
Shaft and feather too
The rush of the wind
The blue sky above
The rain that soaked the ground
To give the oleander love
Go in peace be not afraid
Roll em easy, Namaste
All you sad and broken travelers, come on
Poison arrow broke in my chest
But I’m In my finery
At Le Divan on Boulevard St. Laurent
Sipping dry sherry
The sun is bleeding slow
She dies in pink and blue
Etta’s on the radio
Singing trust in me in all you do
Go in peace be not afraid
Roll em easy namaste
All you sad and broken travelers, come on
Je te souhaîte la paix
Je te souhaîte l’acceptance
Je te souhaîte une deuxième chance
Et le coeur, le coeur d’un enfant
Routier Routier
Chanter! Chanter!
L’heure des miracles est arrivée
Le poison peut-être médecin
Si t’on bois une goute seulement
Translation (I wish for you peace/ I wish for you acceptance / I wish for you a second chance,
And the heart, the heart of a child/ Traveler! Traveler! /Sing! Sing! /The hour of miracles has arrived /Poison can be medicine too if you only drink a drop)
Go in peace be not afraid
Roll em easy, Namaste
All you sad and broken travelers, come on
« Poison Arrow » is written by Allison Russell and Jeremy Lindsay aka JT Nero.
Going back to Montreal even for short visits was always fraught for me. My history there was too present and potent and poisonous. Something changed after I had my daughter. Being able to love her and protect her, and mother her, and give her a truly great, loving father – has been the best antidote. The beauty of my city shines for me again. – A
10-LITTLE REBIRTH
Chimes in the morning
Feet to the Earth
Wild birds calling
A little Rebirth
Cold pavement pressed
Against a barefoot
Can you feel the Mother moving
Through the bonds of our works?
Who have you been
Who will you be
Who are you now
What can you hear, what can you see?
What can you do
What can be done
Who can ever know
The mystery within?
Le dernier sera premier
Une belle journee
Tournesol tourne au soleil
Chanter! Chanter!
Translation (The last shall be first, some beautiful day, sunflower turn to the sun Sing! Sing!)
Dust of the Stars
Bones of the Earth
Breath of the Void
A little Rebirth
Chimes in the morning
Feet to the Earth
We’re all transforming
A little Rebirth
« Little Rebirth » is written by Allison Russell.
After all we’re here but a moment… We’re so tiny, we know so little…For Conni -in Memoriam. – A
11-JOYFUL MOTHERFUCKERS
Where in the world are the
Joyful motherfuckers ?
The fearless lovers, the rainbow shooters
The wild acceptors, the hopeful sinners
the gentle teachers, the true forgivers?
Les courageuses, les amoureuses, les enfants braves, les grand-mères jeunes,
les lumineuses… translation (the courageous ones, the loving ones, the brave children, the young grandmothers, the shining ones)
If you’ve got love in your heart, but it’s way down in the dark
You better let it see the sun, this world is almost done
Grandma always told me love will conquer hate
I don’t know if it’s too late
I don’t know if it’s too late
Hey you hey you
Who you think I’m talking to?
Show em what you got in your heart
Blessings be upon the thief of my childhood
The ragged jackal that loveless coward
Oh my father you were the thief of nothing
I’ll be a child in the garden
Ten thousand years and counting…..
Les courageuses, les amoureuses, les enfants braves, les grands-mères jeunes
Les lumineuses, petites merveilleuses
Constellations hors de temps,
Le coeur est plus grand
Le coeur est plus grand
Qu’on soupçon.
If you’ve got love in your heart, but it’s way down in the dark –
You better let it see the sun, this World is almost done
Grandma always told me love will conquer hate
I don’t know if it’s too late
I don’t know if it’s too late
Hey you hey you
Who you think I’m talking to?
Show em what you got in your heart
« Joyful Motherfuckers » is written by Allison Russell and Jeremy Lindsay aka JT Nero.
Joyful Motherfuckers, stand up and be counted…Talking to myself too…I haven’t adequate words to express the love and gratitude I feel for my good, good man- my chosen family, partner in life, music, and daughter making/raising. I’d be wandering the wilderness still if not for you, JT. – A
CRITIQUES ET COMMENTAIRES
1: Nightflyer. Talk about a song that could have been a massive hit back in the days of the whole Laurel Canyon scene in seventies California. Russell sings with such a smooth soulfulness that you know she isn’t exaggerating when she talks about being a “midnight rider, nightflyer and an angel of the morning too.”
2: Persephone. Blessed with a fluid and flexible instrument, Russell can entirely morph from one song to the next. She is a fully countrified crooner à la Kelly Willis on this celebratory love song. The killer clarinet break is probably courtesy of Russell too.
3: Hy-Brasil. This tune seems to be a variation on a klezmer classic awash in acid rock reverb and then it shifts completely. The ensuing drum-and-voice folk chant that sounds straight out of the Appalachian songbook. It’s a heart-wrenching confessional about soul travelling from bad places.
4: Poison Arrow. A jazzy wee shuffle where the singer thanks a poison arrow for being kind to her. The multi-part harmonies throughout are hauntingly beautiful and the lyrics in French are far more evocative of New Orleans than her Northern homeland.
5: Joyful M—ers. In which the question is posed as to where have all the joyful mf’ers gone now that “this world is almost done.” Is it too late to conquer hate? The song won’t clarify that query, but it sure will leave you feeling empowered. A great close to a great album.
NODEPRESSION
Allison Russell’s first solo album, Outside Child, soars on wings of resilience and redemption, but not before walking through the valley of the shadows of pain and abuse and desolate loneliness. The 11-song cycle circles outward in ever expanding arcs, rippling from the slow, dream-like “Montreal” through the bright, shuffling “The Hunter” to the album-closing celebration “Joyful Motherfuckers.” Although Russell bares the pain of the violent abuse she suffered as a child at the hands of her stepfather, she refuses to wallow in the pain or to be buried by it, and these songs are her exultant shout that such circumstances can be transcended.
Even though Russell says the album has been gestating over a lifetime, she never particularly wanted to do a solo album. “I was terrified of it, in fact,” she laughs. “I have always been more comfortable being part of a whole that is hopefully greater than the sum.”
In 2012, she and her partner, JT Nero, formed Birds of Chicago, in which Russell sang and played clarinet and banjo. While Russell co-wrote a few songs with Nero, or pianist Drew Lindsay, Nero wrote the bulk of the songs that appear on the band’s albums. Birds of Chicago released four highly acclaimed albums from 2013 to 2018. In January 2018, Rhiannon Giddens invited Russell to join her, Leyla McCalla, and Amythyst Kiah to form Our Native Daughters and to work on the project that eventually became Songs of Our Native Daughters, a 2019 album released on Smithsonian Folkways. On that album, the band explored slave songs, folk songs, and poems from the 17th, 18th, and 19th centuries and created new work inspired by the stories of Black women’s struggles and hope.
Russell describes Outside Child as a “community effort” as well, crediting the community of artists that had a hand in the album’s making, including The McCrary Sisters, Ruth Moody, Joe Pisapia, Yola, Erin Rae, and members of Bird of Chicago, among others. But it’s an intensely autobiographical album, a group of songs that tell a story that Russell knew she had to share, not only to bring closure for herself but to also offer a gift that could help others with similar stories.
“This is my first solo album. It is acutely personal. It was hard for me to write, harder still to sing, play, and share,” she reflects. “Also, a relief. Like sucking the poison from a snake bite.”
For almost 10 years, until she ran away at 15, Russell’s stepfather emotionally and sexually abused her. “He was a white supremacist and a bigot, and it took me years to realize that his abuse of me was a form of enslavement,” Russell says. “My hope is that in spite of the autobiographical nature of this work — or perhaps because of it — these songs may resonate for some of the many, many others who have endured similar trespasses.”
Opening the Floodgates
As much as she yearned to tell her story, motherhood, constant touring, and other circumstances threatened to put it off indefinitely, she says.
“I had very, very intense writer’s block after I had Ida [the couple’s daughter], to the point where I thought maybe I’m not a writer anymore,” Russell recalls. Birds of Chicago was touring all through Russell’s pregnancy, and four weeks after their daughter was born, Russell returned to the road for a European tour. “I just stopped writing — I just lactated, sang songs, and played shows and learned how to be a better mom. Being a new mother is not for the faint of heart,” she laughs.
In 2017, Russell and Nero moved to Nashville, in part to “get off the hamster wheel” of constant touring and sleeping in the van or crashing at friends’ houses or hotels, but also to be part of a larger creative community. “We were in the lap of love,” Russell says.
During her work with Our Native Daughters the following year, the songs started pouring out of Russell. “We ended up writing a lot of original material and that cleared the writer’s block for me,” Russell recalls. “I wrote or co-wrote seven songs for this project, and I wrote more that didn’t end up on that album or on this new album,” she laughs. “The floodgates have not shut,” she says, “and I can’t stop writing.”
She wrote the first song for Outside Child on the road with Our Native Daughters. “This entire album stared in July 2019 I was lying on the tour bus in a pee-soaked bunk next to my daughter; the bus driver would not stop for us, and I was trying hard not to wake up Leyla’s or Rhiannon’s daughters or our nannies as I was trying to find dry clothes for us,” she laughs. In those moments, she recalls, “I and my daughter were surrounded by this beautiful wolfpack of wild, wonderful women, and I was so lucky to be in this situation. I thought about every single woman before me who didn’t have this level of support like I had with my native daughters and with an incredibly loving partner and being equal in raising our daughter, writing together.”
The song that started to come to her in that moment was “4th Day of Prayer.” She remembered her teen years, when she was being raped and tortured every day. Meanwhile, her friends and others around her were saying these were the best years of her life. As she puts it in the song: “‘These are the best years of your life’ / If I’d believed it I’d have died / Something told me they had lied.”
Russell recorded the album with producer Dan Knobler over six days at Nashville’s Sound Emporium in October 2019, just after AmericanaFest. “Everybody was in town,” she says. “[I] hadn’t played these songs out. I was so twisted up about doing this that I was in denial about making a solo record. Being in the studio, though, was like singing these songs for the first time for my chosen family.”
The album opens with “Montreal,” an ethereal and poignant ode to the city where Russell grew up and that sheltered her when she sought solace and refuge in its parks and cathedrals. In press materials accompanying the single, she says: “I was a teenage runaway— I believe in many ways the City herself protected me. I wandered the Mountain at all hours and slept in the graveyard in the summertime. I haunted the Cathedrals and slept in the pews. Sometimes I stayed up all night playing chess with the old men in the 24 hr. cafes. I was very lucky to grow up there.”
The looping, swirling “Nightflyer” is the album’s thesis statement, Russell declares. “In a way it’s rooted in the pain of the past, but it’s clear that the protagonist — who’s me, of course — is not trapped in that situation anymore. It’s about breaking the cycle of abuse.” The chorus of the song proclaims, “I’m an angel of the morning too / The promise that the dawn will bring you.”
Much as “Nightflyer” draws its images from the Gnostic text The Thunder: Perfect Mind, Russell draws on mythology and fantasy for images in other songs on the album. “I am obsessed with mythology and with Joseph Campbell and the idea of an archetypal journey,” Russell says. “I once wrote a song called ‘No Shame’ — it was the first time I addressed my situation — and in it I say I hide inside of books. I started reading when I was 3 and took refuge in literature and fantasy; that’s how I dealt with the physical part of abuse. “The Hunters,” Russell points out, is an homage to shapeshifting and her escape into it during the years of abuse.
In the song “Hy-Brasil,” Russell draws on the ballad tradition from her Scottish heritage. The song is a tribute to Russell’s Scottish Canadian grandmother, Dr. Isobel Roger Robertson, whom Russell calls “the brightest light of my childhood.” “Hy-Brasil is a mysterious, possibly mythical, Atlantis-like legendary island west of Ireland appearing on maps from 1325 to the 1800s. In Irish myth, it was said to be either clouded in mist or underwater except for one day every seven years, when it became visible but still could not be reached.” In the song, Hy-Brasil becomes the home to which Russell’s soul travels as it escapes the abuse: “Though my brittle body was caught in his snare / My soul would learn how to travel where / The eyes of the rabbits were gleaming there / on the isle of Hy-Brasil.”
Support Through Songs
When she finished Outside Child, Russell felt “a sense of closure and relief; I felt like I expressed something I had to express. I know so many other people are feeling this. My hope is that this kind of work can help defang some of the violence and abuse that has been exacerbated by the pandemic and has existed through our entire existence. What can I do? I can write songs, I can throw songs at it,” she says.
“Art creates and builds and strengthens empathy,” Russell insists. “Outside Child is about art and community and family transcending the circumstances of abuse and violence. It does get better.”
BANDCAMP DAILY – 26/05/2021
ALBUM OF THE DAY
Allison Russell, “Outside Child” By Chaka V. Grier · May 26, 2021
1 Montreal 00:10 / 00:58 2 Nightflyer 00:10 / 00:58 3 Persephone 00:10 / 00:58 4 4th Day Prayer 00:10 / 00:58 5 The Runner 00:10 / 00:58 6 Hy-Brasil 00:10 / 00:58 7 The Hunters 00:10 / 00:58 8 All Of The Women 00:10 / 00:58 9 Poison Arrow 00:10 / 00:58 10 Little Rebirth 00:10 / 00:58 11 Joyful Motherfuckers 00:10 / 00:58
“A violent lullaby” is how Allison Russell sums up her abusive childhood on the disquieting “Nightflyer;” it’s a succinct description that captures the bittersweet and tragic beauty of her debut, Outside Child.
Many of the songs on Outside Child hearken back to classics like “Love Child” by Diana Ross and the Supremes and Cher’s “Gypsies, Tramps and Thieves”—particularly “The Hunters,” where Russell confronts the parents whose brutality still haunts her. It’s an album that gives voice to the unwanted and the exploited and to those who, like the phoenix rising from the ashes, transfigure their past against all odds
Behind Russell’s gorgeous vocals lie stark and disturbing tales of a brutal girlhood. Russell shares the sexual exploitation she suffered at the hands of her father who, “Used me like a wife/ Mama turned a blind eye” on “4th day Prayer.” Mixing mythology, folklore, spiritual magic, and biographical details, Russell’s lyrics evoke visceral emotions. The multi-instrumentalist balances the intensity of these “violent lullabies” with acoustic guitar and banjo, grounding bleakness against the comfort of traditional folk and often selecting one instrument to shine behind her voice—like the sharp banjo pluck on “Little Rebirth” or the menacing acoustic guitar and banjo on “All of the Women.”
Though Outside Child is filled with hard-earned wisdom, Russell’s profound empathy and storytelling shatters the darkness, and her unapologetic truths give space for tragedies to be transformed into triumphs.
FOLK ALLEY 26/05/2021
https://www.folkalley.com/programs/basic-folk/2021/basic-folk-podcast-with-cindy-howes-allison-russell#
Allison Russell’s story is unreal and it’s hard to know where to begin. Unfathomable childhood abuse: sexual, physical and emotional abuse (at the hands of her white supremacist step-father) is chronicled in searing detail for the very first time on her debut solo album Outside Child. Up until now she was not able to honestly address this story in her other projects: Birds of Chicago (with husband JT Nero), Our Native Daughters (with Rhiannon Giddens, Leyla McCalla and Amythyst Kiah) and Po’ Girl (with Trish Klein and Awna Teixeira). These days, Allison recognizes that she needed the support system in her life in order to process and use her gift to share her story through music. That support system, which she calls « The Magic Circle, » includes her partner JT and her daughter Ida, her chosen family of musicians, her newly found biological father and extended Grenadian family and her ancestors. Mainly learning about her many times great-grandmother, Quasheba, and the extreme hardships she faced as a stolen slave in Grenada. Quasheba’s survival allowed Allison to realize that she also had the strength to reclaim agency over her story and break the cycle of abuse.
We talk about her learning where her abuser came from, a sundown town in Indiana, where being Black was basically illegal. Her abuser also made life difficult for Alli’s mom, who was struggling with schizophrenia, but loved music. The song « Kathy » talks about her mother putting the music away and she talks about the impact that had on her and on Allison. She ran away at 15 and started living on the streets on Montreal, until she made her way to Vancouver to connect with an uncle and an aunt who supported her interest in music. She began performing on the folk circuit, formed Po’Girl, met JT and started Birds of Chicago, had her daughter, Ida, and joined Our Native Daughters. She talks about how being a mom to Ida really was the catalyst of wanting to end the cycle of abuse and face her trauma. She actually ended up charging her abuser, facing him in court and seeing him sentenced. It was a light sentence, but it validated that what happened to her was wrong. The new album is joyful, which is intentional, everything about the new record is very intentional. Alli thrives in community and has chosen to remain positive and filled with light through this music.
Thank you, Alli!
Album Review: Allison Russell, ‘Outside Child’
May 25, 2021 Kim Ruehl Album Reviews
by Kim Ruehl (@kimruehl), Folk Alley
Allison Russell Outside Child Album Review
Much has been written already about Allison Russell’s debut solo album, Outside Child, which released on May 21 via Fantasy Records. The artist known for her work in Our Native Daughters, Birds of Chicago, and Po’ Boy has always been a standout performer with a shapeshifting vocal talent. For fans who have been paying close attention, it’s not particularly surprising that she had an album as stunning as Outside Child in her.
Nonetheless, it is a revelation—not just of a horrible past that may seem familiar to an unfortunate number of women, but also of what’s possible in a musical journey. After all, the disc defies genre categories in a way that might have seemed confusing 20 years ago, before genre became so blurred through streaming and other modern deliveries.
Her truth-telling lyricism is courageous and poetic throughout, but we should also celebrate her impressive command of any musical style she touches.
At the onset, she is a jazz singer, crooning in French to her beloved home of Montréal. Soon enough, she’s a country singer ruminating on the woman who saved her. Then she’s a rock and roller, singing about running away from home.
“Hy-Brasil” adheres beautifully to folk tradition, with its marching rhythm and murder ballad-reminiscent melodic and narrative structure. But there’s also an emotionalism that’s usually missing in that tradition, which Russell blows wide open. By the time she gets to “I’m freer than the sky,” you really want that for her. The clarinet solo that beckons you through the fog—that’s also Russell’s voice, just filtered through a reed.
Then “The Hunters,” wherein Russell’s voice tours its entire terrain, from airiness at the beginning to her powerful vibrato. Its strength and clarity, its shadowy corners. After “It is of you, I am afraid,” she sings her way to the power and clarity of “You had your chance / Now it’s too late.”
Then comes the gift of “All the Women,” where Russell snarls and sneers, whispers and wails. The lyrics are exquisite, but the delivery is the thing. The song is one long crescendo, beginning with a low clawhammer banjo and the depths of her vocals—a dark and lonesome music. By the end, she’s got a chorus behind her, transforming what feels so isolated and personal into the reality of a thing that happens to so many. There’s gospel here, a hymn of transcendence. She’s not yelling, but she is singing the hell out of the song.
And then the clarinet comes in. The way she plays is a reminder that both clarinet and voice are wind instruments, borne of breath and muscular control. When there are no words to say, the clarinet comes in. When she cannot hold her tongue anymore, her voice comes through. It is the same thing as when she slips into French for a line or two before jumping back to the English language. These are all ways to say what needs saying, and Russell uses what she needs to use, with great artistry and timing. It’s all a master class in honest, mindful musicality.
For those who have been following along, it seems as though all her artistic endeavors have been pointing toward this one. With any luck there will be more to come. “I’m the one who can’t be counted out,” she sings in “Nightflyer.” That is, quite obviously, the truth.
NPR
https://www.npr.org/2021/05/26/1000521784/singer-songwriter-allison-russell-shares-a-personal-saga-of-trauma-and-triumph-o
Peut-être le meilleur article.
GREENLEFT AUSTRALIA
https://www.greenleft.org.au/content/10-new-albums-help-heal-world
NEW-YORK TIMES.
https://www.nytimes.com/2021/05/13/arts/music/allison-russell-outside-child.html
ALLMUSIC
https://www.allmusic.com/album/outside-child-mw0003504369
FIP
https://www.fip.fr/rock/folk/outside-child-le-chant-cathartique-et-soulful-d-allison-russell-19053
FRANCE-MUSIQUE
https://www.francemusique.fr/jazz/jazz-trotter-allison-russell-outside-child-95824
LE DEVOIR
https://www.ledevoir.com/culture/musique/603158/americana-outside-child-allison-russell
LA PRESSE
https://www.lapresse.ca/arts/musique/2021-05-18/les-chants-de-resilience-d-allison-russell.php
La manière dont s’est développée la rumeur autour du vaccin Astra-Zeneca mérite sans doute attention et pourrait nous fournir l’occasion de nouvelles études académiques.
Après l’incertitude des premiers jours les études récentes et la lecture attentive des statistiques montrent que si le risque reste extrêmement faible et ne met pas en cause l’intérêt du vaccin -écrivant ceci je m’engage donc à l’accepter si mon médecin me le propose- la corrélation entre les injections et des cas de thrombose semble bien avérée. D’autant plus que les mécanismes de ce phénomène commencent à se dévoiler. Il s’agirait d’un mécanismes connu et similaire à la réaction à l’héparine rencontrée chez certaines personnes. D’après ma cardiologue cette réaction serait une sorte d’allergie très particulière. Nous nous trouvons donc face à un phénomène étudiable, rationnel.
La manière dont s’est développée la rumeur depuis plusieurs semaines maintenant ne pouvait manquer d’évoquer de vieux souvenirs dont celui de la lecture du premier ouvrage remarqué d’Edgar Morin. Il portait sur un phénomène de rumeur développé autour d’Orléans qui avait sans fondement accusé des commerçants juifs de la ville d’être les agents d’un réseau de traite de jeunes femmes blanches à partir des cabines d’essayage dans les magasins de vêtements.
La différence entre la fin des années 1960 et notre période à l’évidence réside dans l’omniprésence médiatique qui a envahi de nouvelles couches de la population et en particulier la jeunesse.
Ne serait-il pas temps de relancer des études approfondies, académiques et non des enquêtes médiatiques, sur le fonctionnement des ces mécanismes en ce temps de pandémie et de communication universelle?
Avez-vous vu la tête de jean Castex Vendredi soir quand le gourou de l’Élysée lui a ordonné de venir annoncer au bon peuple les désirs du Prince et sa décision de non-confinement à l’encontre de ce que toutes les gazettes murmuraient depuis des jours? Le conseil de défense précipité n’a pas du être de tout repos.
Notre bon maire de province, exemple du bon sens et de la placidité rurale semblait bien fébrile et pressé d’en finir avec cette mission de porte-parole d’une décision qui semble-t-il n’avait pas sa préférence. Voulez-vos parier sur la durée de sa présence à Matignon?
Comme cela a été souligné par ailleurs la politique l’a emporté sur toute autre considération. Le petit marquis a choisi ce qui ressemble à un coup de poker. Est-ce vraiment si risqué? Dans l’état actuel de l’opinion et de la volatilité de l’épidémie il n’est pas certain qu’un faux pas de plus soit vraiment dommageable en vue de l’élection de 2022.
Le plus inquiétant n’est peut-être pas que la décision puisse être erronée et doive être infirmée la semaine prochaine. Quand à peu près tous les commentateurs soulignent à plaisir l’état moral ou mental déplorable des français et les inquiétudes croissantes des dirigeants absents ou indécis envoient les pires signaux.
La question de l’école en montre sans doute le plus évident exemple. La justification proclamée du maintien de leur ouverture tient en deux points. D’abord les élèves et les personnels seraient peu atteints par la maladie. D’autre part la fermeture serait une catastrophe pour le moral des enfants. Le premier point a pu être vrai lors de la première vague. Il semble maintenant douteux ou à tout le moins variable en fonction des endroits. Le second montre assez clairement la facilité à manipuler une information sensible. Il ne fait pas de doute pour moi que ce qui influe d’abord sur la manière qu’ont les enfants de vivre cette situation est la parole des adultes, en premier lieu des parents. J’ai récemment entendu Boris Cyrulnik expliquer cela à la télévision devant une Marina Carrère d’Encausse en mode bulldozer qui avait du mal à comprendre ce que son interlocuteur tentait tout en finesse de lui expliquer. Je ne suis pas un très grand fan de Boris Cyrulnik dans la popularité me semble être un exemple parfait d’autosatisfaction bobo-intellectuelle mais il a fait ce jour-là preuve d’une jolie intelligence et d’une belle opiniâtreté.
On sait bien que ce que redoute Macron dans la fermeture des écoles est le ralentissement de l’économie induit par les problèmes de gardes provoqués. En cantonnant le discours à la contagion dans les établissements il refuse de prendre en compte les mouvements de population et les risques de contamination associés au fait que les élèves se rendent dans les établissement d’enseignement.
On préfère nous répéter que les contaminations sont majoritairement domestiques pour justifier l’idée de faire sortir les gens de leurs foyers autant que cela peut servir à faire tourner la machine productive d’activité.
Un président qui se cache dans son bunker élyséens et ne comprend pas que le jour est venu de parler aux gens, même pour dire des banalités ou annoncer des décisions désagréables voire mauvaises peut-il sérieusement espérer?
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