DOMINIC77

Un peu de tout

Month: juillet 2018

Les accidents de la légende

Mediapart peut titrer que l’équipe de France entre dans la légende. Cela n’empêchera pas la légende d’être un peur ternie par les deux buts purement accidentels marqués en début de rencontre qui ont lourdement pesé sur le résultat. Si le spectacle -ne me bassinez pas avec le sport qui n’existe pas dans cette histoire- n’était pas désagréable -oui j’ai regardé- nous le devons principalement à des croates jamais abattus par l’adversité. Les deux derniers buts français, en fait celui de Pogba, ne sont pas désagréables mais la ténacité croate imprègne la rencontre. Soyons charitables avec Lloris dont la boulette plonge dans le ridicule.

Les connards hurleurs ont commencé leur rodéo autour de chez moi qui trouvent leur plaisir à griller du pétrole klaxon bloqué. Cela ne durera pas plus longtemps que la gueule de bois qui les attend demain.

Sans doute suis-je devenu un vieux con que le beau souvenir de 1998 ne trouve aucun écho dans la réjouissance commerciale programmée par le FIFA, TF1 et Macron réunis. Nous venons d’assister immobiles à la dernière illustration de la politique devenue spectacle.

Quelle tristesse!

 

Donald, l’OTAN et nous

Le spectacle de Bruxelles.

Après le G7 et la comédie de la rencontre de Singapour avec Kim Jong-Un Donald Trump a donné la dernière représentation de son cirque international à Bruxelles lors de la réunion de l’OTAN. Encore une fois il a remporté un relatif succès. Les alliés ont jugé plus utile de faire semblant de céder afin de pourvoir afficher la satisfaction formelle d’un sommet réussi et Donald Trump pourra faire valoir une victoire auprès de son électorat. Plus significatif encore les questions, parfois pertinentes, que pose son attitude vis-à-vis des alliances de long terme de son pays n’ont pas été discutées. Il ne restera que la mise en cause d’un édifice global qui ne correspond peut-être plus aux conditions du monde d’aujourd’hui. Cette inadéquation devrait constituer le centre des débat politiques mais se trouve complètement éclipsée par l’agitation médiatique d’un trublion qui pense sincèrement négocier des évolutions avec ses manières de brute mais en fin de compte ne fait que semer le doute et la dévastation sans rien construire.

Les dépenses militaires dans le monde et l’OTAN.
Donald Trump a posé à ses alliés de l’OTAN l’ultimatum de l’augmentation immédiates de leurs dépenses militaires en terme de pourcentage de leur PIB. L’ensemble mérite d’être examiné mais non sans remarquer une confusion usuelle dans le discours du président. Il indique que les membres de l’OTAN ont payé des millions de dollars en plus depuis son élection. Outre que cela est factuellement faux il expose sa confusion entre les dépenses de défense dont il a demandé l’augmentation et les paiements à l’OTAN, sous-entendu aux États-Unis d’Amérique. Les affirmations sur les dépenses militaires oint été tellement discutables que même la NPR, National Public Radio partiellement financée par l’état fédéral et donc soumise à un minimum de réserve, les a publiquement vérifiées.

Il existe plusieurs sources intéressantes de données sur les dépenses militaires dans le monde. La première est tout simplement l’OTAN qui en publie régulièrement un état, ici  en date du 10 Juillet. Le site de l’OTAN se révèle d’ailleurs une source très intéressante d’informations.
Le Stockholm International Peace Research Institute présente des données qui ne sont pas centrées sur l’OTAN.
Les principaux enseignements sont les suivants. Les dépenses militaires dans le monde évoluent sans surprise avec la conjoncture politique. Elles augmentent après l’année 2000 (effet 11 Septembre) jusqu’en 2010 pour rester relativement stables ensuite. On peut compter ces dépenses comme Donald Trump en pourcentage de PIB mais cela est-il pertinent?

 © SIPRI© SIPRI

 

D’après le SIPRI la répartition mondiale en 2017 des dépenses militaires est la suivante .

  • Afrique 42 Milliards $ 2,5% du total en légère diminution.
  • Amériques 695 Milliards $ 40 % stable mais Donald Trump l’augmente de près de 10% en 2017.
  • Asie-Océanie 477 Milliards $ 27 % +3,6 % dont 228 Mds $ pour la Chine augmentations en Asie du Sud-Est.
  • Europe 342 Milliards $ 20 % -2,2%

Exprimées en part du PIB les dépenses militaires représentent 3,57% du PIB des États-Unis d’Amérique (E.U.A.) pour plus de 600 milliards de dollars, 2,12% de celui du Royaume-Uni, 1,71% de celui de la France. L’évolution est différenciée entre les pays européens et le Canada d’une part les E.U.A. d’autre part.

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Les pays européens restent largement sous les 2% du PIB comme le montrent les données de l’OTAN.

GDPPerCent © OTANGDPPerCent © OTAN

La dépense militaire par habitant telle que publiée par l’OTAN donne une autre vision.
Moyenne OTAN 982 $
E.U.A. 1896 $ Ce nombre n’est jamais évoqué par D. Trump qui préfère faire état du pourcentage de PIB.
Canada 664 $
Europe 481 $ Il s’agit de la partie OTAN de l’Europe
France 764 $ Contribution supérieure à celle du Canada.
Norvège 1413 $ La Norvège, dans l’OTAN mais pas dans  l’UE, est une anomalie historique.

 © Dominique Courtois© Dominique Courtois

Les données, même celles publiées par l’OTAN, montrent qu’il est difficile d’évaluer et comparer des dépenses qui s’exercent sur des missions et des aires variés en fonction de la situation géographique et des choix politiques. On distingue donc en général au moins trois périmètres pour présenter les comptes : L’OTAN global, la zone nord-américaine et la zone européenne. Cette distinction ne fournit cependant pas de grandes informations du fait de la domination nord-américaine qui apporte la grande majorité du financement militaire. Elle permet cependant de différencier les évolutions de la zone européenne globalement en baisse continue quand on exprime la dépense en pourcentage de PIB.

Faut-il accorder une signification particulière au rapport entre le montant des dépenses militaires et le PIB?
Si ce repère peut-être familier aux universitaires ou aux économistes il ne correspond pas au raisonnement des militaires qui raisonnent en coût des équipements et des troupes dont ils ont besoin. Les vitesses de variation des deux grandeurs, dépenses militaires et PIB ne sont pas les mêmes. Si le PIB intègre rapidement l’effet des variations de conjoncture le budget militaire présente une inertie considérable. D’autant plus grande que les investissements en technologie lourde sont importants du fait de l’addition de pesanteurs législatives, administratives et techniques. Il faut voter les budgets, les mettre en œuvre et réaliser les programmes industriels.
La Grèce fournit une sorte de contre-exemple significatif. Le rapport de ses dépenses militaires à son PIB a brutalement cru ces dernières années et est passé au-dessus de 3%. La Grèce aurait-elle donc donc massivement investi dans la guerre? Non, par la grâce conjuguée des autorités européennes et financières son PIB a fondu au soleil de Berlin faisant automatiquement grimper le rapport.

Donald Trump assimile les dépenses militaires globales des pays membres à leur engagement dans l’effort de l’OTAN. Les deux sont formellement différents mais son attitude est logique. Il est ainsi plus facile sur Twitter de mettre en évidence l’injustice dont serait victime le pays. Le budget partagé de l’OTAN proprement dit ne se compare pas avec celui des états dominant de la coalition. Il se monte à seulement 3 milliards dollars environ dont 22 % sont payés par les E.U.A. Les dépenses des interventions militaires faites dans le cadre de missions de l’OTAN restent dans le budget des pays intervenant.

Quelle que soit le mode de calcul les E.U.A sont les plus gros contributeurs aux dépenses militaires de l’alliance. Mais ne faut-il pas prendre en compte les retours de cet investissement, retours matériels directs en achat de matériel militaire ou de technologie, matériel et service civils aux firmes américaines et retours politiques non-chiffrables économiquement en domination mondiale?

Que veut, que fait Donald Trump?

Les réponses à la questions de ce que veut réellement Donald Trump ne manquent pas de l’affaiblissement de l’OTAN à celui de l’Union Européenne en passant par la simple affirmation de son pouvoir et de sa grandeur. Souvenons-nous que les affaires militaires occupent une place particulière chez Donald Trump. Cet homme pour qui la force est le seul réel moyen de résoudre les problèmes a toujours manifesté respect sinon fascination pour la force armée. Cette suprématie de la force pourrait même jouer un rôle plus important que le simple nationalisme dans l’imaginaire trumpien. Il a d’ailleurs étudié dans une académie militaire privée.  Cette fascination s’incarne dans la grande parade militaire que lui a inspirée notre 14 Juillet (Merci Macron)  et que les militaires et les parlementaires Républicains sont en train de lui accorder.
Le discours sur l’OTAN, après le psychodrame du G7 s’inscrit dans la longue récitation de ses griefs contre les profiteurs qui vivent aux dépens des E.U.A. Donald Trump peut encore blâmer ses prédécesseurs pour avoir toléré ou provoqué cette situation mais cette posture ne saurait survivre bien longtemps et certainement pas à une majeure défaite électorale (ou judiciaire).
Sans entrer dans le débat psychologisant sur ce qui se passe sous la chevelure orange on doit reconnaître la persévérance du chemin suivi. Plutôt que de se lancer dans des suppositions hasardeuses sur les motivations de l’individu on peut à coup sûr retenir les motivations électorales renforcées par les derniers développements de l’enquête de Robert Mueller. La conjoncture met le président sous pression. Il doit s’adresser à sa base et au-delà à toute la base Républicaine pour la mobiliser à voter en Novembre. Peu importe l’extravagance des propos aux yeux de l’opinion internationale, l’inadéquation des propositions économiques ou stratégiques. Le personnage compte avant tout, statufié dans sa singularité. Il sera toujours temps après avoir gagné les élections de se rabibocher avec l’appareil du Parti Républicain qui est actuellement polarisé sur la victoire de mi-mandat et le remplissage des tribunaux jusqu’à la Cour Suprême par des juges conservateurs.

L’égocentrisme de Donald Trump l’empêche de concevoir l’illogisme de ses demandes. Si les alliés voulaient ou pouvaient augmenter leur part de financement de l’alliance ils seraient en position d’en remettre en question le leadership et les choix politiques. Les États-Unis d’Amérique ne pourraient plus alors cacher que la demande de payer pour la protection du plus gros n’est pas autre chose que du racket.

Quant à savoir ce que veut Trump…

Si la question présente le moindre intérêt on peut chercher des éléments de réponses dans ses conférences de presse et entretiens avec les journaux à Bruxelles et à Londres. Un président qui affirme sans rire aux journalistes être « un très stable génie » ou nie avoir tenu des propos enregistrés par ses interlocuteurs est-il à la recherche d’autre chose que son immédiate propre gloriole?
La déstabilisation de tout le système politique du pays ne peut pas cesser tant que Donald Trump est en poste et soutenu par la majorité parlementaire. Les alliés européens, canadiens ou autres peuvent tout juste s’abriter pour éviter le plus gros des retombées sans pouvoir faire plus.

Que faire de l’OTAN?

Sans doute involontairement Donald Trump a remis sur la table la question de l’OTAN. Sans le moindre doute l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord passait aux yeux de ma jeunesse militante comme le bras armé de « l’impérialisme américain » en Europe et concrétisait sous une forme particulièrement redoutable car militaire l’ennemi à abattre. Dans le consensus plus ou moins mou (désolé du pléonasme) qui a suivi l’écroulement de l’URSS l’OTAN est rentré dans la grisaille du décor, dans les meubles familiers. La diabolisation manichéenne de la Russie a fait le reste. Personne ne se pose plus la question. Et voilà que la question de la légitimité retraverse ironiquement l’Atlantique pour nous revenir en pleine face. Cet article de The Nation présente de manière concise le changement de rôle de l’organisation logistique depuis le confinement de l’empire soviétique à celui d’outil d’entretien de la tension à l’est de l’Europe.

Créé après la Seconde Guerre mondiale pour coordonner l’action militaire des E.U.A., du Royaume-Uni de la France et l’Allemagne en face de la puissance soviétique qui avait étendu son emprise sur tout l’Est de l’Europe l’OTAN a été présenté à l’opinion comme une organisation défensive dans son principe. La situation change radicalement en 1991 avec l’écroulement de l’URSS. L’accord Est-Ouest initial qui a permis une réunification allemande sans heurts impliquait un gel de l’action de l’OTAN cantonné à son périmètre original. Il n’a fallu que quelques années pour que Bill Clinton prenant avantage de l’évolution du rapport de force passe outre et lance l’expansion orientale de l’organisation avant que cette extension de l’alliance militaire dépasse le continent européen.
L’ Euro-Atlantic Partnership Council  créé en 1997 a même vu la participation de la Russie au sein d’un organisme initié par l’OTAN. Plus récemment le Mediterranean Dialogue est créé après le Guerre du Golfe pour assurer des relations entre des pays de la région, y compris Israël et l’OTAN. L’ Istanbul Cooperation Initiative  vise à assurer le lien entre l’OTAN et quatre pays du Golfe Persique. Enfin les Partners Across the Globe après le sommet de Lisbonne de l’OTAN fournit le cadre d’alliances hors de toute limite géographique. Le dernier adhérent vient d’Amérique Latine : la Colombie.

L’OTAN a donc servi de base à la création d’une nébuleuse d’organisations de coopération militaire dominée et dirigée par le pays le plus armé et le plus riche du monde. En remettant en cause les mécanismes de financement Donald Trump, polarisé par ses problèmes intérieurs et aveuglé par sa vision économique de boutiquier qui veut rentrer dans ses sous pourrait bien avoir ouvert une nouvelle boite de Pandore.
Ou nous avoir simplement montré que nous ne pouvons rien et que ce n’est pas le roi qui est nu mais bien nous qui sommes impuissants devant la force brute des armes.

 

Mes liens de travail sur le sujet :

11/07/2018

https://talkingpointsmemo.com/edblog/trump-proposes-turning-europe-into-armed-camp

https://www.nato.int/nato_static_fl2014/assets/pdf/pdf_2018_03/20180315_180315-pr2018-16-en.pdf //Le communiqué de presse de l’OTAN sur les dépenses.

https://truthout.org/articles/intentional-chaos-trump-and-the-global-nato-alliance/

https://comptroller.defense.gov/Portals/45/Documents/defbudget/fy2019/fy2019_EDI_JBook.pdf

https://www.alternet.org/news-amp-politics/never-history-fox-news-shep-smith-assails-trump-unprecedented-attacks-nato-allies

https://www.alternet.org/news-amp-politics/all-his-bluster-trump-powerless-against-nato-allies-heres-why

12/07/2018

https://www.npr.org/2018/07/11/628137185/fact-check-trumps-claims-on-nato-spending

http://thehill.com/policy/national-security/396597-mueller-asks-court-for-100-more-blank-subpoenas-ahead-of-manafort

https://www.motherjones.com/kevin-drum/2018/07/when-the-tv-cameras-are-off-does-donald-trump-still-exist/ //Evidemment

https://www.thenation.com/article/time-disrupt-nato/

https://newrepublic.com/article/149819/fair-trump-bash-nato-military-spending

https://www.salon.com/2018/07/11/trump-versus-nato-not-so-fast_partner/

https://t.umblr.com/redirect?z=https%3A%2F%2Fwww.washingtonpost.com%2Fgraphics%2Fpolitics%2Ftrump-claims-database%2F&t=YWQ5YmVhM2VlMDMxN2IwOWNlMjFlOTA4Mzk5MDAxNDllYzM1MTE2MyxCVVo1QUx6eg%3D%3D&b=t%3AhQ9Ds4P3Iv6D7mgEr8WMqg&p=http%3A%2F%2Frobertreich.org%2Fpost%2F175757408255&m=1

https://www.sipri.org/sites/default/files/2018-05/sipri_fs_1805_milex_2017.pdf //Stockholm International Peace Research Institute.
13/07/2018

https://www.nato.int/nato_static_fl2014/assets/pdf/pdf_2018_07/20180709_180710-pr2018-91-en.pdf

https://www.mediapart.fr/journal/international/120718/au-sommet-de-l-otan-trump-poursuit-son-travail-de-sape-contre-l-europe

https://www.salon.com/2018/07/11/a-rare-case-trump-is-right_partner/

https://www.salon.com/2018/07/12/donald-trumps-global-chaos-tour-as-he-runs-wild-in-brussels-gop-senators-start-to-back-away/

https://www.vox.com/2018/7/13/17568854/mueller-russia-indictment-trump-putin

http://prospect.org/article/trump-executing-major-geopolitical-realignment-does-anybody-care

https://newrepublic.com/minutes/149888/new-indictments-complicate-trump-russia-relationship //Rosenstein joue de + en + visiblement avec Mueller (contre Trump?)
https://talkingpointsmemo.com/muckraker/congressional-candidate-received-stolen-documents-russia-2016 //Le massacre du Samedi soir commence

 

 

Kavanaugh désigné, et après ?

L’annonce du remplacement du juge Anthony Kennedy à la Cour Suprême par Donald Trump a été soigneusement médiatiquement organisée. Quelques heures avant  la Maison-Blanche a invité via Tweeter à assister à l’annonce solennelle trois sénateurs Démocrates  en campagne pour leur ré-élection dans des états Républicains. Si quelqu’un doutait que la date de la démission de Kennedy s’insérait dans le calendrier électoral…

Le président a donc annoncé son choix : Brett Kavanaugh.

Sans doute le moins polémique au sein du Grand Old Party Kavanaugh ne représente pas l’électeur trumpien typique du Midwest post-industriel. Il est né et a grandi dans les quartiers chics de la capitale fédérale avant de faire des études à la Yale Law School. Il sera le sixième catholique sur les neufs juges de la Cour. Une des étoiles montantes du Parti républicain il présente un profil plus politique que juridique. Lors de la confirmation de sa nomination précédente un sénateur Démocrate l’a surnommé « Le Forrest Gump de la politique Républicaine ».  Sa carrière de juriste est entièrement liée à la politique. Assistant de Kenneth Starr, le procureur qui a enquêté sur les affaires immobilières et autres des  Clinton il a même rédigé une partie du rapport. Membre actif de la « Federalist Society » qui a préparé les listes de juges à nommer pour Donald Trump il s’est distingué récemment en refusant le droit d’avorter à une immigrante mineure. Trump a donc fait le choix d’un profil politique relativement consensuel dans son parti. D’autres choix plus spectaculaire, comme celui d’Amy Barrett, étaient possibles mais plus polémiques. Le principal sujet de polémique soulevé par la démission de Kennedy tourne autour de l’abrogation de la décision Roe V. Wade de 1973 qui avait autorisé l’avortement au plan fédéral. Sur ce sujet Kavanaugh s’est montré moins virulent que d’autres membres de la liste des pressentis.

Si le basculement définitif de la Cour Suprême à droite était un enjeu en soi la conjoncture électorale a joué un rôle important. Les Démocrates sont maintenant devant un choix sans bonne solution. Leur base les pousse à s’opposer de toutes leurs forces à la confirmation de Kavanauh lors des audiences au Sénat. La Cour est en congé. Rien n’obligeait Kennedy à annoncer si vite sa démission ni Donald Trump a choisir rapidement un successeur ni Mitch Connell à programmer ainsi le vote de confirmation avant les élections.

Les Républicains disposent au Sénat d’une majorité de 51 contre 49 mais John MacCain, en traitement pour son cancer du cerveau, n’a pas remis les pieds à Washington depuis le début de l’année. La voix prépondérante du vice-président leur permet de palier cette absence mais ils ne peuvent se permettre une défection. La bataille pour s’opposer à la confrontation est cependant perdue d’avance pour les Démocrates. Le problème pourrait bien venir de leurs propres rangs. Les trois sénateurs Démocrates Joe Donnelly, Joe Manchin et Heidi Heitkamp ont déjà voté pour confirmer Neil Gorsuch, le précédent juge proposé par Donald Trump l’année dernière alors qu’ils n’étaient pas sous pression électorale. Les espoirs de refus de la confirmation reposent donc paradoxalement sur deux sénatrices Républicaines : Susan Collins et Lisa Murkowski. Les deux seules sénatrices de leur parti à soutenir plus ou moins les droits des femmes à choisir leurs grossesses. Collins s’est montré dans le passé la plus résolue à ce sujet mais a déjà indiqué ces derniers jours qu’elles se conformerait sans doute à la discipline de son parti. Les convictions de Murkowski semblent moins fermes et son état de l’Alaska a déjà reçu des avantages fiscaux divers lors de débats antérieurs.

Mais le piège politique va encore plus loin. La perspective de regagner la majorité à la Chambre des Représentants motive les Démocrates poussés par une base très mobilisée, comme l’est celle des Républicains. S’engager dans une bataille de procédure, qui plus est perdue d’avance, au Sénat présente un gros risque de paraitre éloigné des problèmes réels des électeurs. L’état-major Démocrate se trouve donc devant ce dilemme : soit déserter sans combattre la bataille de la Cour Suprême, soit apparaitre comme une bande d’apparatchiks politiciens loin du peuple. Bien joué Trump.

 

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