DOMINIC77

Un peu de tout

Month: décembre 2019

2019-Rien à signaler.

Le 15 Mars 1968 Pierre Vianson-Ponté écrit dans Le Monde un article devenu a posteriori célèbre titré « La France s’ennuie ». Certains y voient maintenant une annonce de Mai 68. A l’époque, et cela correspond bien au contenu de l’article, on l’a compris comme au premier degré comme la constatation d’une France amorphe. La semaine suivante commençaient à l’université de Nanterre les premiers événements du printemps.

Fin Avril un aréopage de vieux intellectuels révolutionnaires , les anciens de la revue « Socialisme ou Barbarie » se sont réunis de leur côté. Comme nous l’a raconté un d’entre eux qui en 1947, reçu à l’écrit avait préféré manifester aux portes de l’usine Renault de Billancourt plutôt que de passer l’oral, ils n’ont pu que se lamenter à l’évocation d’une France anesthésiée par le gaullisme. Trois jours plus tard le Quartier Latin rugissait des premiers heurts du plus beau mois de Mai.

Dans les deux cas des intellectuels attendaient une réaction politique et intellectuelle pas une explosion sociale concrète.

Fin 2018 lors de l’annonce des manifestations de Gilets Jaunes ma première réaction a été de me désolidariser de « …ces beaufs désireux de bourrer leurs 4×4 de gazole pas cher… ».  Ce mouvement d’essence populiste semblait destiné à tomber dans les bras du Front National qui s’en léchait déjà les babines.

Il a fallu que le Fouquet’s brûle. Il a fallu que la presse bien-pensante se déchaîne. Il a fallu que mon gendre, quinquagénaire tranquille, passe ses samedis sur des ronds-points. Il a fallu tout cela pour je comprenne qu’autre chose se jouait.  Autre chose que Danièle Sallenave (Jojo le gilet jaune) a su constater concrètement autour de chez elle et que Pierre Bergounioux (Faute d’égalité) a su mettre en perspective historique. Mois après mois, dans la durée, la diversité des gens de France a exprimé ses peines, ses colères,  ses déceptions mais aussi ses espoirs, la joie d’être ensemble dans l’action.

Quand en Décembre est venu le temps d’une autre action le peuple préparé par une année de mobilisation sur le terrain, de discussion et de répression n’avait plus peur.

2019 – LE RETOUR DU PEUPLE.

 

Une bataille dans la guerre culturelle.

Un instrument dans la guerre culturelle contre le néo-libéralisme et la destruction de ce qui fait notre société : le cinéma. Souvenez-vous de la salle de projection, lieu de réunion, d’échange, de fraternité. Projetons des films qui racontent nos histoires.

 

http://r.info.lesmutins.org/mk/mr/h9qENybBOAxyw6mJgJdSamIzBtgNdEuBSa8pG3Z5HSyK-eVdkJK5fmA9_7xrzM75gsABMNK0DTdGCgdPcrwsQ3vrE4xC18uhjtxMJ1ketg

 

Je hais les grévistes.

Les deux dernières années je me suis fais un devoir et un plaisir de na pas écouter le petit de l’Elysée faire sa propagande sous prétexte de vœux et je ne m’en suis pas mal porté. J’ai économisé un peu d’irrigation.

Cette année je vais devoir m’y mettre. Quoi qu’il annonce cela conditionnera les  futures actions. Donc pas moyen d’y couper afin de réagir au plus vite. Je crains le pire  vu l’égocentrisme de l’individu qui semble à peu près aussi incapable que son ami Donald d’imaginer qu’il ait pu si peu que ce soit se tromper.

 

A propos des 80 kilomètres par heure.

L’autorisation accordée dans sa grande largesse d’esprit par le pouvoir aux départements de revenir à 90 kilomètres par heure sur quelques tronçons et sous conditions draconiennes -il ne faut pas exagérer quand même- a fait reparler de cette mesure phare de la lumière macronienne : la limitation généralisée à 80 kilomètres par heure, mesure sans doute utile mais pas si urgente ou indispensable et surtout pas de cette manière autoritaire.

L’hypocrisie incarnée.

Personne ne peut sérieusement contester la relation entre la vitesse et la mortalité routière. Réduire la vitesse de manière systématique est donc à terme une mesure gagnante. Il suffit d’attendre quelques mois pour produire une statistique faisant état du nombre de vies sauvées par la grande clairvoyance du monarque. Et tant mieux si les croquants résistent. Ils auront ainsi la démonstration que sa majesté sait mieux que personne ce qui est bon pour eux. Gagnante la mesure l’est d’autant  plus que la charge de sa mise en oeuvre repose sur les collectivités locales et qu’elle apporte à l’occasion un petit bénéfice de verbalisations  supplémentaires. J’essaie toujours de résister à la tentation poujadiste de ne voir dans la pénalisation de la vitesse automobile qu’un racket financier car les montants impliqués (exprimés en dizaines ou centaines de millions d’euros) ne font pas une grande différence dans le budget global. La principale signification de cette décision ne réside donc pas dans ce qu’elle peut rapporter mais bien dans son effet politique. Sans coûter significativement elle permet au pouvoir d’apparaître comme soucieux du bien commun, du bien de ses sujets. Cela n’a pas si mal fonctionné. Cela a par exemple servi à Pierre Arditi, jusque là connu comme un homme de gauche, à justifier son ralliement à la droite présidentielle.

La lâcheté présidentielle.

Quand il est apparu que la mesure passait mal sur fond de révolte jaune la mesure n’étant pas fondamentale dans l’agenda néo-libéral du monarque il est devenu tentant de l’abandonner. Et comme par hasard elle est devenu le bébé du premier ministre. Et Edouard Philippe d’endosser fidèlement le costume de l’impopulaire. Quelle que soit la réalité de l’histoire Emmanuel Macron ne s’est pas grandi en jouant cette pantomime. Déjà le lampiste paie. Et ce n’est sans doute pas fini.

La duplicité de ce pouvoir.

Mais l’autoritarisme macronien ne peut décidément pas accepter de défaite. Il a donc fallu tricoter tout un attirail de règles pour que le retour en arrière soit difficile et réserve toujours la possibilité dans quelques mois de ressortir les statistiques du « on vous l’avait bien dit. Super Macron avait raison. il vous sauve contre votre volonté ».

 

La trêve de Noël.

Il a fallu bien des années à mon grand-père pour parler à son fils de la fraternisation avec les soldats allemands de la tranchée d’en face lors du Noël 1914. Et bien des années à mon père pour  m’en parler. Je ne connais aucun  détail. Mon grand-père n’était pas du genre bavard.

Dans un remarquable billet Danny Sjursen rappelle cet épisode pour évoquer ses propres souvenirs de la guerre en Afghanistan. Persuadé qu’il avait plus en commun entre ses soldats et les mercenaires talibans qu’avec les généraux étoilés aux yeux rivés sur leur carrière au Pentagone.

En France nosu avons beaucoup entendu parler de « trêve de Noël » ces derniers jours. Serions-nous en guerre?

Oui, une guerre sociale. une guerre sans fusils, sans bombardements, sans gaz mais peut-être plus meurtrière à long terme. Où serait donc la trêve de Noël?

Certains voudraient nous faire croire qu’elle se trouverait dans la reddition en rase campagne de ceux qui se battent. Ne serait-elle pas comme en 1914 dans la fraternisation entre des gens qui sans se connaître font partie du même camp et que les élites qui se connaissent bien sans se combattre voudraient voir s’affronter?

A ma fille, à mes petits-enfants et à tous les autres.

Le 5 Décembre a commencé un cycle dont nous ne connaissons pas la durée mais dont nous sentons tous qu’il est important. Vous entendez parler de la renaissance des syndicats, d’un monde que vous ne connaissez pas vraiment. Si je vous disais que de toute ma vie militante les moments de plus intense amitié humaine je ne les ai pas vécu dans les actions d’exaltation politique mais bien dans les actions collectives syndicales. Je n’ai pourtant pas vécu de légendaires piquets de grève attendant la milice patronale autour d’un brasero dans le froid d’un hiver glacial. Je me souviens plutôt de séances amusées de pliage de tracts dans le local, de distributions à la gare ou devant une usine, de manifestations chaleureuses. Ensemble nous défendions notre vie, celle des copains. Les grandes théories s’oubliaient, chassées par l’intensité d’un moment de partage.

J’entendais hier sur une quelconque chaîne de télévision une commentatrice oser dire à peu près : « … ce n’est pas une réforme pour vous piquer le fric de votre retraite ». Bien sûr que si même s’ils déguisent le mauvais coup sous l’alibi de la justice et de la revalorisation des petites pensions. Mais le pire est ailleurs. L’attaque est politique avant d’être économique. Le point saillant de la modification réside dans le pouvoir donné au gouvernement de fixer la valeur du point qui fera le niveau réel des pensions. Inutile de dire que la sacro-sainte réduction des déficits sera invoquée pour nous mettre tous au régime sec et laisser encore plus d’argent prendre la direction des poches les plus riches. Passant d’un système de négociations entre partenaires sociaux à un système de pouvoir absolu du pouvoir politique on nous a dépossédé du peu de pouvoir que nous avions. Caché sous une apparence technique une véritable révolution politique qui n’ose pas s’avouer se met en place.

Nous assistons au dernier avatar venu de la longue guerre entre le pouvoir de l’argent, que nous appelons le capital et nous, les gens ordinaires désignés comme le travail. En France cette lutte a trouvé un équilibre après la seconde guerre mondiale avec le programme du Conseil National de la Résistane et sa mise en œuvre par le gouvernement d’union dirigé par le général de Gaulle. Cet équilibre résidait dans le fait que le travail décidait que parmi les sommes allouées par le capital en échange du labeur quotidien une partie n’est pas immédiatement versée aux gens qui travaillent. Elle est répartie dans l’espace pour protéger des accidents de la vie sous la forme d’assurance maladie et d’assurance chômage. Une autre fraction est différée dans le temps pour alimenter les pensions de retraite. Cette solidarité des gens entre eux n’a cessé d’être remise en cause par l’autre camp sous le nom de « baisses de charges ». Sous prétexte d’améliorer le fonctionnement de l’économie une partie de ces fractions du salaires réparties entre les gens a été détournée vers les détenteurs de capital. A proprement parler c’est du vol.

Et parallèlement notre santé, notre vieillesse sont de plus en plus envahies, colonisées, mises en coupe réglée par des offensives commerciales.

Notre pays a été un des plus résistants à ces attaques déployées depuis une trentaine d’années par les Reagan, Thatcher, Blair ou Schroder qui ont détruit les solidarités qui nous unissaient pour enrichir ceux qui n’en avaient pas besoin. Perdre cette bataille ne fera pas reculer que nous.

Nous ne pourrons la gagner que tous ensemble.

Je vous aime.

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