Après Parkland.
Après la manifestation de Samedi on apprend qu’un des plus vieux fabricants d’armes du pays se déclare en faillite (chapitre 11). décidement ces enfants n’ont aucune pitié pour l’industrie du pays. En fait le déclin était en route depuis longtemps. Il s’est accentué ces derniers mois en raison d’un effet paradoxal en apparence, mais souvent confirmé, qui souligne la relation maladive du pays aux armes à feu. Sous les administrations Républicaines les ventes ont tendance à baisser car la peur de voir le droit aux armes limité diminue. La logique financière a fait le reste dans le cas de Remington Outdoorsles actionnaires qui ont pris le contrôle en 2007 n’ont pas supporté la baisse de leurs dividendes consécutive à la tuerie de Sandy Hook.
Le 6 Novembre – élections de mi-mandat.
Les élections de mi-mandat vont rester dans l’actualité jusqu’au mois de Novembre. Les tentatives de prévisions vont déjà bon train. Les efforts des statisticiens de FiveThirtyEight portent actuellement sur la recherche des circonscriptions les plus prédictives du résultat global. Ils ne sont heureusement pas complètement d’accord entre eux.
Parmi les catégories à observer les populations religieuses peuvent jouer un rôle. Les évangélistes resteront fidèles à Donald Trump et les Démocrates pourront-ils maintenir les liens clientélistes noués avec la base irlando-catholique depuis les Kennedy?
Les femmes, en particulier celles des zones péri-urbaines et de niveaux éducatif intermédiaires (collège sans diplôme universitaire) occupent une place stratégique plus susceptibles de quitter le camp trumpiste que les hommes.
Toutes les études d’opinion laissent envisager un pays profondément fracturé quelle que soit l’issue. Les divisions actuelles, côtes versus intérieur, ruraux contre urbains, etc… ne semblent pas devoir se résorber. Et le désespoir pourrait précipiter la base trumpiste plus loin dans l’opposition active.
En vue de 2020 Mitt Romney maintient une position d’attente probablement illusoire car ressouder un Parti républicain qui serait fracassé par un échec de Trump sera très difficile pour lui. Même sa victoire à l’élection sénatoriale en Utah n’est pas garantie. Et si Trump gagne il reste le patron.
De son côté Joe Biden continue son petit chemin espérant être le recours centriste du Parti Démocrate fort du soutien obligatoire de Barack Obama s’il se présente.
Le maintien de la remontée de l’approbation de Donald Trump et la stagnation des Démocrates à un niveau en général jugé insuffisant pour emporter le Congrès (inférieur à 10 % d’avance) conforte les tendances internes à un adoucissement de la plate-forme électorale Démocrate. Mais si le débat fait toujours rage il ne prend pas l’allure d’un affrontement mais plutôt d’une division des rôles : des Démocrates « modérés » dans les zones Républicaines accessibles et des progressistes ailleurs.
Le mouvement des jeunes pour la régulation des armes à feu intervient maintenant dans le processus électoral par l’enregistrement de nouveaux électeurs. Observer après l »élection l’impact électoral du mouvement sera sans doute un des premiers mouvements des sondeurs.
Les défections de sortants Républicains effrayés par leur propre parti offrent de nouvelles opportunités aux candidats Démocrates qui se bousculent tellement que dans certains endroits comme la Californie en raison d’une législation particulière sur les primaires cela peut mettre en danger des sièges imperdables.
Une semaine à Capitol Hill – Les partis, les votes, le reste.
La signature de la loi de finance qui met un terme aux incertitudes sur le financement de l’administration pour le reste de l’année fiscale marque cette semaine. Nous avons eu droit aux habituels psychodrames. Quelques sénateurs expriment leurs humeurs et menacent de faire capoter l’accord négocié à grand peine juste avant l’échéance. L’inévitable libertarien Rand Paul n’a pas manqué mais se serait plutôt couvert de ridicule.
Le plus important ne réside pas dans les petites manœuvres parlementaires de politiciens en mal de notoriété mais dans le contenu de la loi. Trump l’a signée en maugréant et même après avoir menacé de ne pas le faire. Il fait le caprice de réclamer le droit d’opposer un veto sujet par sujet sur les lois qui lui sont proposées à la signature. Cette remarque, inconstitutionnelle, est passée quasi inaperçue dans le brouhaha mais elle montre encore une fois la conception de monarque absolu qu’il a de sa fonction et l’état du débat politique.
La loi montre surtout combien le roi est nu et plus que jamais contraint à l’alliance douloureuse avec son propre parti. Ses demandes les plus importantes ne sont pas satisfaites. Le « Trumpian Wall » (Le Mur de Trump) qui reste sans doute sa promesse de campagne la plus emblématique n’échappe pas au massacre quoi qu’il ait pu revendiquer dans un tweet. Il fait mine de croire que les financement accordés correspondent au besoins du début de la construction en dur alors que la loi précise des affectations différentes, à la réparation de sections existantes et à l’investissement technologique (d’ailleurs réclamé par la Border Patrol plutôt qu’une clôture). Les parlementaires ont même joué au chat et à la souris. Alors que Donald Trump pour des raisons probablement de stricte vengeance personnelle (contre son ex-allié Chris Christie et le leader Démocrate Chuck Schumer sénateur de New-York) ne voulait pas entendre parler du financement de la réparation et l’extension nécessaires d’un grand tunnel routier aux confins de New-York et du New-Jersey les crédits ont été affectés aux chemins de fer qui pourront donc mettre en œuvre. Les apparences sont sauves et tout le monde est satisfait.
Ce jeu de dupes démontre l’instabilité de l’équilibre politique auquel sont contraints les Républicains accrochés à un président dont ils attendent de sauver malgré tout leurs majorités en Novembre car ils n’ont pas d’autre solution. Ce faisant ils laissent le débat stratégique aux autres.
La Maison-Blanche – Super Donald et ses copains.
Donald Trump a éprouvé le besoin de réaffirmer ne pas avoir le moindre problème pour recruter des avocats soit au service de la Maison-Blanche soit au sien propre. Ce besoin est en soi assez parlant. D’autant que ses deux avocats de longue date Ty Cobb et John Dowd viennent de quitter le navire. Au même moment on apprend que le couple d’avocats de choc annoncés récemment ne viendra finalement pas en raison de conflits qui sont déjà lies à l’enquête de Robert Mueller. Donald Trump reprend personnellement en main la direction de la bataille légale autour de l’ingérence russe, l’enquête Mueller et ses affaires personnelles et familiales. Cela pourrait tanguer.
Les affaires – Petit Donald et sa famille.
Nous savions depuis longtemps que Donald Trump allait nous entrainer dans des bas-fonds peu ragoutants. Le passage à la trappe de l’épisode « Grab by the Pussy » de la campagne présidentielle suffisait à le montrer. Les affaires de sexe de Donald Trump sont maintenant sur la place publique des écrans de télévision avec la diffusion hier soir de l’entretien d’une actrice de films « pour adultes » dont l’histoire traine depuis des semaines dans l’actualité. La droite avait réagi très tôt comme le Washington Times qui déploie ici un assez incroyable étalage de contre-feux allant jusqu à l’invocation de Monica Lewinski. Cela montre assez à quel profondeur s’est noyé le débat politique. Nate Silver a tenté de recadrer la discussion. D’ailleurs le site 538 qu’il a fondé ne met pas l’affaire en évidence. Faire la part du voyeurisme dans de telles circonstances ne peut que nous rappeler le discours de Michelle Obama à la Convention Démocrate de 2016 : « Quand ils s’enfoncent, nous montons ». Nate Silver a raison. Si nous n’y prenons pas garde ils nous entrainent dans leur médiocrité. Quels sont donc les enjeux d’une telle histoire?
Les 25 à 30 % d’irréductibles soutiens de Donald Trump (les chiffres peuvent varier selon les approches) cimentent son alliance avec le Parti Républicain. Cette alliance soudent les deux partis au-delà de leurs différences en vue de sauver la peau des deux lors des élections du 6 Novembre. La fraction trumpienne comprend une importante proportion de chrétiens évangéliques qui pourraient être sensible à la publicité sur les infidélités qui bafouent la famille. La publicité seulement car les faits n’étonnent personne. Actuellement le soutien de ces chrétiens ne semble pas faiblir mais la èche allumée pourrait se consumer assez vite.
Comme le remarque Nate Silver les aspects financiers des relations entre Donald Trump et ses supposées maitresses pourraient être questionnées comme des infractions à la législation sur le financement des campagnes électorales. Il doute que cela puisse aller bien loin mais un autre versant est apparu hier : les menaces sur les personnes. Aucune preuve n’existe pour les confirmer mais elles contribuent à empoisonner l’atmosphère.
Et Vox a formulé les deux questions en suspens, renforcées par les rumeurs de peu ragoutantes photos que Stormy Daniels pourraient garder dans sa manche.
- Combien d’autres ont ainsi été payées pour se taire? Et donc combien de fois a été bafoué les droit à l’information du peuple?
- Des services étrangers pourraient-ils savoir? et savoir quoi ?
La dernière question ressort implicitement le « dossier Steele »et nous replonge dans le marécage. Quel contraste avec la parole des jeunes gens entendue Samedi.
A la semaine prochaine.
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