Le mot « néolibéralisme » est de plus en plus souvent lu ou entendu et tend à devenir ce que deviennent ces vecteurs à tout faire, à la fois une insulte, un mot fourre-tout ou la désignation vague de tout un groupe ennemi ou ami suivant nos options. Résultat : il perd tout sens et par tant toute utilité dans le débat. J’ai récemment lu, après en avoir pris connaissance sous la plume de Jessica Whyte (Morals of the markets) un livre de l’historien canadien Quinn Slobodian titré « Globalists » qui tente de répondre à cette ambiguïté. Tous les mots sont importants ici. Quinn Slobodian est historien, pas politicien ou économiste. Il ne tente pas de démêler les arcanes du débat économique mais essaie de raconter, au sens propre, l’histoire du courant néolibéral dans le contexte du vingtième siècle, de la Première Guerre Mondiale à une fin de siècle marquée par les manifestations anti-OMC de Seattle. On peut évidemment discuter ses trouvailles et surtout ses conclusions mais on ne peut pas nier qu’il apporte d’une part une masse d’informations et d’autre part des points de vue argumentés. Que ces points de vue puissent ébranler les certitudes de notre confort fait tout leur intérêt. Connaître l’adversaire étant le premier pas dans toute bataille.
La question.
L’argument principal de l’ouvrage consiste à montrer que le courant néolibéral n’est pas l’entité libertarienne, antiétatique que l’on décrit parfois comme une forme simpliste et systématique des partisans extrêmes du « laissez-faire, laissez passer » historique mais au contraire une école de pensée intellectuelle plus qu’économiste, complexe, qui à la fois a beaucoup évoluée dans le temps et a compris que pour réaliser ses objectifs de libération du marché l’intervention de structures étatiques, si possible supranationales, est nécessaire.
Pour montrer la complexité et l’évolutivité de l’entreprise l’auteur a choisi une méthode simple : raconter en chapitres qu’il réussit à aligner de manière à la fois chronologique et thématique l’histoire du courant néolibéral. Ceci lui permet au fil du temps de mettre en évidence les acteurs, leurs évolutions, les institutions dans lesquelles ils inscrivent leurs actions et les lieux où ils s’implantent. Suivons-le.
L’Introduction.
Cette histoire du néolibéralisme comme courant avant tout intellectuel se démarque de son assimilation avec « l’Ecole de Vienne », courant libéral en économie né au dix-neuvième siècle. Localisé à la naissance dans la capitale autrichienne l’épicentre du mouvement néolibéral se déplacera assez rapidement en Suisse ce qui permet à Quinn Slobodian de le nommer plutôt comme « Ecole de Genève ». Sceptique permanent de l’état-nation il sera toujours partisan d’organismes régionaux ou mondiaux de coordination et de régulation.
La distinction, venue de Carl Schmitt qui fut un juriste nazi, entre deux mondes coexistant celui de l’imperium et celui du dominium structure profondément la pensée néolibérale. Le monde de l’imperium est celui des territoires légaux et de la culture gouvernés par les administrations et la politique. Celui du dominium est celui de la propriété des terres, des biens et de la monnaie échangés par les êtres humains, peu ou prou celui de l’économie. Dans ce modèle les deux mondes sont distincts et n’ont pas à être alignés sur les mêmes frontières ni gérés par des règles dépendantes de ces frontières.
La trajectoire idéologique s’enracine dans la fin de l’empire des Habsbourg vu comme lieu de liberté économique supranationale et culmine avec la création de l’OMC. Elle accompagne les trois grandes ruptures du vingtième siècle dans le débat économique.
- La période de la fin de la Première Guerre Mondiale marquée par l’abandon de l’étalon-or, la généralisation progressive du suffrage universel en Occident et la Révolution russe. L’ancienne division internationale du travail se dissout.
- Avec la crise des années 1930 et la Grande Dépression la nécessité de comprendre l’économie mondiale oriente les penseurs néolibéraux vers l’idée d’un fédéralisme économique mondialisé et la tentation de numériser la compréhension de l’économie.
- Enfin après la Seconde Guerre Mondiale l’émergence des pays du Sud consécutive à la vague de décolonisation rebat les cartes et les voit s’opposer à l’idée d’un Nouvel Ordre Economique Mondial.
En cohérence avec leur hostilité à l’idée de l’état-nation, cadre de l’intervention politique en économie, ils travaillent et interviennent le plus souvent dans des organismes verticaux et multinationaux : la Chambre de Commerce internationale et la Société des Nations dans la première phase, le GATT et l’OMC ensuite.
Chapitre I : Un monde de murs.
De la Première Guerre Mondiale à la Grande Dépression.
Le premier chapitre couvre la période allant de la fin de la « Grande Guerre » à la Grande Dépression. La militarisation de l’économie ne convient évidemment pas aux experts de la Chambre de Commerce de Vienne dont le plus connu, père tutélaire du courant néolibéral, est Ludwig von Mises (Quinn Slobodian élude systématiquement les particules quand il cite les noms de personnes). Mises intervient à la Chambre dès 1909 et sera rejoint plus tard (1921) par Friedrich (von) Hayek et Gottfried Haberler. Mais ce sont les émeutes ouvrières et les barricades de 1927 qui le marqueront. Il y voit la nécessité de s’opposer aux syndicats qui perturbent le fonctionnement normal de l’économie et ne permettent pas au travail de jouer son rôle de simple « marchandise » dans le système dont le prix et la localisation doivent rester selon lui libres de toute contrainte. Comme souvent au sein du courant néolibéral les avis peuvent différer. A cette époque Haberler distingue lui entre les biens qui doivent circuler et s’échanger sans contrainte et les hommes. Il redonne ainsi un rôle à l’état-nation.
Les barrières douanières issues de la nouvelle structure mondiale apparaissent comme autant de murailles qui entravent la libre circulation des biens et des capitaux et donc obèrent le fonctionnement normal de l’économie.
A partir de 1921 Ludwig (von) Mises internationalise son action par la participation à la Chambre de Commerce Internationale qui a été créée deux ans plus tôt. L’activité du courant déplace son centre de Vienne à Genève où siègent de nombreuses organisations de coopération internationale nouvellement fondées. La Société des Nations a été créée sous l’impulsion du président Woodrow Wilson mais les Etats-Unis d’Amérique n’en font pas partie. Elle devient un lieu important de débat pour le libéralisme économique et l’autodétermination des peuples. L’ambition initiale d’une constitution économique mondiale unique et non limitée par les règles nationales ne semble pas avancer.
Chapitre II : Un monde de nombres.
De la Grande Dépression à la Seconde Guerre Mondiale.
Avec la crise des années 1930 cette ambition subit un autre recul majeur. Le naufrage de l’économie mondiale met en évidence pour les penseurs néolibéraux la nécessité de comprendre le fonctionnement de l’économie mondiale et donc de la représenter et de la projeter dans le temps. Au sein d’instituts comme le National Bureau of Economic Research (Etats-Unis d’Amérique) ou de la SdN le travaux se développent. Haberler oriente sa recherche sur les cycles économiques. Ce mouvement a commencé dans la période antérieure à la crise mais devient prioritaire. La connaissance des données devient un élément majeur pour éviter le recul dans la compétition internationale.
Le Colloque Lippmann , du nom du journaliste Walter Lippmann, se tient à Paris en 1938. Il est en général considéré comme la naissance formelle, organique, du courant néolibéral bien avant la première réunion de la Société du Mont Pélerin en 1947. Il concrétise le rassemblement autour de Mises des anciens mais aussi de nouveaux participants : Whilelm Röpke, Walter Eucken, Alexander Rûstow, Michael Heilperin ou William Rappard même si tous ne sont pas présents ils joignent la réflexion néolibérale à ce moment. Rappard, économiste suisse, en tant que directeur de la Section des Mandats de la SdN avait présidé à la réaffectation des territoires coloniaux confisqués à l’Allemagne et à l’Empire Ottoman après la Première Guerre Mondiale. A noter que les français Jacques Rueff et Raymond Aron entre autres ont participé. Les débats au Colloque, et plus généralement dans l’ensemble du courant, furent très ouverts. Certains comme Walter Lippmann montrèrent même une relative sympathie pour les solutions de régulation keynésiennes qui s’inscrivent pourtant dans le cadre honni des politiques nationales.
L’idée économétrique perdra ensuite de son poids mais la notion d’une économie globale conçue comme une gigantesque machine de traitement d’information peut-être impossible à représenter complètement va faire son chemin, en particulier chez Hayek.
Cette phase restera sans doute celle des plus intenses et plus divers débats dans l’histoire d’un néolibéralisme encore jeune. La montée du fascisme en Europe donnant à certains l’occasion d’affirmer leur préférence au fonctionnement de l’économie contre la démocratie. La question de la forme du gouvernement n’est jamais très loin car ce que redoutent les néolibéraux est la politisation de l’action économique, pas l’intervention de l’état en tant que telle. Le chapitre suivant développe les solutions envisagées alors.
Chapitre III : Un monde de fédérations.
En recouvrement avec la période du chapitre précédent.
Dès 1941 Mises a l’occasion d’affirmer son attirance pour des formes de gouvernement fédéral, multinational. Cela n’étonne que si l’on confond le néolibéralisme avec une forme de libertarianisme. Leurs objectifs de dépolitisation, de « déplanification » de l’économie les conduisent bien à souhaiter l’affaiblissement des états-nations dans lesquels ils voient les outils de politisation de l’économie à l’avantage d’acteurs particuliers. Dans cette perspective la mise sous tutelle des états par des organismes de coordination de niveau supérieur, régional voire mondial à terme assure leur cohérence. Les frontières cessent d’être des obstacles à la circulation des biens et surtout des capitaux qui peuvent plus librement s’investir partout. Le périmètre des états devient essentiellement culturel mais l’économie se gère naturellement au niveau supérieur. La fédération modèle initiale dans l’esprit de Mises et de Hayek se trouve naturellement dans leur histoire autrichienne : l’Empire des Habsbourg. Dans un tel cadre de pensée les gouvernements nationaux peuvent même sans grand dommage devenir autoritaires -nous sommes à la fin des années 1930- s’ils garantissent le libre fonctionnement de l’économie au niveau plus élevé. Les travaux se poursuivent jusque pendant la Seconde Guerre Mondiale qui redonne du poids à la distinction entre imperium et dominium. Si bien qu’au sortir du conflit les esprits seront prêts pour la création d’institutions économiques fédératives à l’échelle mondiale : le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale (1944) et ensuite le GATT (General Agreement on Tarifs and Trade, 1947) qui deviendra l’Organisation Mondiale du Commerce.
Chapitre IV : Un monde de Droits.
Période 1940-1960.
L’année clé de cette période est 1947 qui voit à quelques mois d’intervalles la première réunion de la Société du Mont Pélerin dans la ville suisse éponyme et celle de la commission des Nations Unies qui va produire la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme à Lake Success. Assez curieusement, comme le développe Jessica Whyte dans son ouvrage « Morals of the markets » dont la couverture est illustrée par une photographie peu connue de Friedrich Hayek, le courant néolibéral et le mouvement de défense des droits humains vont finir par constituer un couple assez lié, les néolibéraux mettant les droits du capital et la propriété au premier plan des droits humains. Une autre déclaration des droits a été publiée en 1939 par H.G Wells qui relie le respect des droits humains à une politique de décisions économiques centralisées au grand dam des néolibéraux.
Pour eux les droits du capital sont intrinsèquement supérieurs à ceux des personnes individuelles, en particulier quand les frontières interviennent dans le jeu. Les conséquences extrêmes des guerres par exemple avec leurs cortèges d’expropriations violent ces droits aux dépens de l’économie et donc de tous. Le contexte troublé qui suit la Seconde Guerre Mondiale connait un nouvel acteur majeur : les Nations-Unies. L’ambiance est très différente de celle de la Société des Nations.
Dès le début les droits des nations sur leurs ressources naturelles et donc leur droit à intervenir politiquement dans leur gestion économique ont été reconnus. Par ailleurs la question de l’emploi devient un sujet en tant que tel des débats et conférences économiques internationales (ECOSOC - 1946) . La création de l’Organisation Internationale du Travail le confirme. Ainsi que la tension générée par l’affrontement Etats-Unis d’Amérique versus Union Soviétique. La pérennisation du droit du capital (des nations développées) à investir à l’étranger sans contrainte devient un enjeu.
La vague de décolonisation après la guerre, principalement britannique en Asie, marque le début d’une présence forte des pays du Sud dans les organisations internationales. La réaction prend la forme d’une « Capitalist Magna Carta » qui appelle à la création d’une Cour Internationale d’arbitrage pour juger des violations des droits des investisseurs. On sait combien cette idée a prospéré depuis.
Chapitre V : Un monde de Races.
Période 1950-1960.
Le débat autour de la décolonisation dans le contexte global de la guerre froide a continuer à se tendre. La race a tendu à devenir un critère de compétence économique associée aux situations coloniales. Concrètement les cas de la Rhodésie et de l’Afrique du Sud viennent au premier plan. La race est alliées à la culture pour définir la compétence économique et les droits à la libre circulation du capital et des biens.
SI Hayek voit bien l’apartheid comme une erreur les néolibéraux pensent que les sanctions sont pires que le mal. Sur ce terrain sans doute Wilhelm Röpke est allé le plus loin dans le soutien au gouvernement sud-africain. Il a même théorisé une « ligne Zambeze » comme frontière physique pour séparer les zones à population blanche des zones à population noire.
Ceci ne doit pas cacher qu’à cette époque Milton Friedman qui n’est pas encore le grand gourou de l’économie des Etats-Unis d’Amérique s’engage aussi résolument dans la même voie.
Chapitre VI : Un monde de Constitutions.
Période 1950-1970, l’Europe.
Si le courant néolibéral a dès les années 1940 commencé à réfléchir à la question de l’organisation légale qui offre les meilleures garanties à la liberté économique entendue comme celle de la circulation du capital d’abord cette tendance n’a pas cessé de progresser. La séparation du domaine de l’imperium (politique mais en fait culture et langue) de celui du dominium (économie concrète) va connaître un nouvel essor avec le développement de l’Europe occidentale. La pensée de Friedrich Hayek offre un témoignage de cette évolutivité. Favorable à une fédération européenne dans les années 1930 il s’y oppose après la guerre. Il incarne ainsi au sein du courant néolibéral la différence entre les constitutionalistes qui voient dans le Traité de Rome un modèle de gouvernement à niveau multiple (qui limite les interventions politiques nationales dans l’économie) alors que les universalistes préfèrent une régulation mondiale dont le GATT semble être l’instrument préférentiel. La Communauté Economique Européenne et le GATT présentent deux modèles alternatifs aux néolibéraux.
Dans ce débat Röpke et Haberler seront les plus visibles. Le premier peut user de l’influence de Ludwig Erhard, membre influent du gouvernement allemand. Progressivement d’autres membres vont se rallier à la CEE malgré les régulations et protections incluses dans le Traité initial. Pour les néolibéraux le plus important demeure la question des ex-empires coloniaux qui faussent le jeu car les relations privilégiées des métropoles avec leur anciennes colonies sont pour eux des violations des droits du capital au libre investissement.
Haberler va lui jouer la carte du GATT. Il y dirige une commission chargée d’établir un rapport (1958) sur les nouvelles tendances du commerce internationales. Ce rapport va relancer les idées néolibérales en particulier dans les pays du Sud qui réclament un accès libre aux marchés (du Nord) alors qu’ Haberler le voyait initialement comme un outil contre les protectionnismes de la CEE.
La crise de Suez (1956) a joué un rôle de révélateur dans cette période mouvante. A la fois du mouvement de reprise de souveraineté au Sud (nationalisation du Canal) et interventionnisme européen (France+Royaule-Uni soutenus par l’Allemagne) elle marque la différence entre le monde du dix-neuvième siècle et le nouveau.
Le recours à la loi pour organiser l’économie sans la contraindre était déjà visible au chapitre IV. Il se déploie maintenant et ce n’est sans doute pas un hasard que la revue allemande Ordo en soit un des porte-parole les plus visibles. La majorité des acteurs historiques du néolibéralisme sont originellement germanophones.
A la fin des années 1960 la situation de la relation Europe-Afrique semble catastrophique aux néolibéraux. La solution sera d’étendre la portée de l’offensive constitutionaliste à l’ensemble du monde.
Chapitre VII : Un monde de Signaux.
Depuis 1970, l’Europe puis le monde.
Avec les années 1970 les empires ont disparus et l’ Organisation des Nations Unies est maintenant peuplée de nouveaux pays du Sud qui ne tardent pas à réclamer un Nouvel Ordre Economique Mondial. Les nationalisations au Sud ne respectent pas les droits internationaux du capital selon les néolibéraux pour qui cette menace semble plus grave que celle du communisme ou du protectionnisme du Nord. La recherche, y compris en économie, est stimulée par la diffusion des ordinateurs et Leontief (1973) reçoit le prix d’économie de la Banque de Suède en mémoire d’Alfred Nobel (faussement appelé Prix Nobel d’Economie) pour son modèle informatique de l’économie mondiale.
En 1974 paraît le premier rapport du Club de Rome qui met en question la croissance.
La Banque Mondiale et le FMI surfent sur la montée du monétarisme pour avoir enfin raison du Nouvel Ordre Economique Mondial.
Friedrich Hayek apparait dans cette période comme le penseur dominant du courant néolibéral (Mises meurt en 1973). Contrairement à Haberler ou Röpke il intervient peu dans les instances politiques et économiques opérationnelles mais reste dans le domaine des idées. Il partage une conception venue de la cybernétique qui voit dans l’univers un isomorphisme généralisé applicable à tous les domaines, du cosmos à la biologie en passant par l’économie. Tous les systèmes seraient organisés en trois strates régies par des règles dont les deux premières (physiologie et traditions) seraient inconscientes, immodifiables et peut-être même inconnaissables. Seule la troisième serait utilisable pour organiser le monde. En fait au fil des décennies Hayek a fini par produire une anthropologie plus qu’une théorie économique à la manière de Keynes. Il finit par définir le sujet économique non pas comme un agent conscient et organisé (homo economicus classique) mais comme un pion qui réagit à des signaux dans un monde cybernétique. Ce système de doit donc pas être perturbé par les actions intempestives des politiques qui risquent en fait de casser la mécanique économique et sociétale.
La plus significative victoire des néolibéraux pourrait bien être la transformation du GATT en Organisation Mondiale du Commerce. La marche vers une Constitution Commerciale du monde qui prend le pas sur les souverainetés politiques dans un monde où les prix sont essentiellement des signaux porteurs d’informations de régulation est en route.
Conclusion : Un monde sans peuple.
A l’aube du vingtième siècle le rêve hayekien d’un monde où la loi garantit universellement les droits du capital, un monde d’individus sans peuples semble sur le point de se réaliser.
Mais le paradoxe hayekien subsiste. Si l’économie mondiale doit être protégée des excès démocratiques elle reste intrinsèquement invisible et au fond méconnaissable. Le néolibéralisme hayekien serait-il une mystique sans dieu?
Quinn Slobodian termine avec l’évocation de l’annulation de la réunion de 1999 de l’OMC à Seattle sous la pression des manifestants altermondialistes. Soudain le peuple d’en-bas revenait.
La suite.
Le livre a été abondamment commenté et critiqué dans les publications de la gauche nord-américaine depuis sa publication en 2018. Plusieurs des critiques oublient le positionnement utile d’un livre ouvertement historique et non partisan quelles que soient les positions de l’auteur. L’abondance de matière et l’exposé détaillé des raisonnements développés en font un outil de connaissance appréciable dont la traduction en français serait bienvenue.
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