Dans son intervention du 28 févier John Oliver, célèbre présentateur anglais de l’émission hebdomadaire « Last week tonight » sur HBO, a pour la première fois consacré une émission entière à Donald Trump alors qu’il s’était engagé à en parler le moins possible. Le danger se précisant il a changé de point de vue. Cela au moins m’a bien fait rire.
John Oliver rappelle que son prédécesseur a été moquée par Trump pour avoir changé son nom de Jonathan Leibowitz en Jon Stewart comme s’il avait honte de ses origines. On peut d’ailleurs se demander ce que laisse entendre cette supposition de relent antisémite. Par la suite Trump a évidemment nié publiquement avoir critiqué Jon Stewart. Le plus drôle vient en fin d’émission quand Oliver dévoile que le nom d’origine de la famille Trump est en fait Drumpf. Un des ancêtres a changé de nom avant l’arrivée du grand-père de Donald aux Etats-Unis d’Amérique. Oliver met en évidence combien cela change les choses. Trump se comporte essentiellement comme un bateleur, un comédien pour qui la vérité importe moins, en fait pas du tout, que l’affirmation spectaculaire. Le mot Trump, la sonorité même, sonne comme une liase de billets de 100 dollars qui gifle la joue d’un valet. Essayez donc avec un son comme « Drumpf ». Et il s’arrête pas là. Il annonce la création d’un site web, http://www.donaldjdrumpf.com. Sur ce site vous pouvez acheter des casquettes siglées « Make Donald Drumpf again », vendues à prix coutant, ou télécharger un petit morceau de logiciel intéressant. Il s’agir d’un ajout que ceux qui utilisent le navigateur Chrome -dont je ne suis pas car je fais partie des idiots qui dans une illusoire tentative de dégoogueulisation se refusent autant que possible à utiliser les produits de Big Brother- peuvent installer. Ce « plugin » a pour fonction de transformer automatiquement toutes les instances du mot Trump en Drumpf dans les pages affichées.
John Oliver apporte au passage d’autres informations. Entre autres sur le financement de la campagne du Donald. Il prétend la financer directement. En fait il a prêté plus de 17 millions de dollars à sa campagne qu’il devrait se faire rembourse quand les financements venus des soutiens de la campagne du Parti républicain seront arrivés. Bien joué. La contribution directe de Donald Trump à la date de la diffusion était inférieure à 400.000 dollars. Voici une occasion de regarder de plus près la fortune de l’individu. Sa popularité repose en bonne partie sur son image d’homme d’affaire qui réussit tout ce qu’il entreprend. Remarquons aussi au passage que les projets de Trump dans des pays musulmans ou son partenariat avec le fils d’un oligarque azéri ont disparus de sa communication.
La publication, obligatoire pour un candidat, de sa situation de fortune.
La publication de ses avoirs.
Dès le début de la campagne Donald Trump a publié comme il est obligatoire un état de sa fortune. Le règlementation n’impose pas un détail absolu sur le toit si bien qu’il reste des zones d’ombre. S’agissant d’une pure déclaration sans contrôle systématique on peut s’interroger sur la consistance du contenu. Dans ce document Trump évalue ses avoirs à 8,7 milliards de dollars, dont, ne riez pas, 3 milliards pour son nom en tant que marque qu’il vend à des investisseurs pour par exemple construire un immeuble qui porte le nom de Trump. L’image de batisseur se révèle ainsi trompeuse car il s’agit en général de simples étiquetages. Bloomberg a analysé les biens de Trump avec les méthodes utilisées pour évaluer toutes les grandes fortunes. Le résultat est sans appel : 2,7 milliards de dollars. Bloomberg a même publié un article titré « Cher Monsieur Trump, moi aussi je vaux 10 milliards » qui démontre comment faire ce genre d’estimations fantaisistes. Le même auteur publie dans le New-York Times un résumé de l’évolution de la fortune officielle qui est assez troublant. Et il va même plus loin. Il enquête auprès de l’entourage de Trump, conclut que le « milliardaire » ne possède réellement pas plus de 250 millions. Trump l’attaque en justice et réclame, devinez combien ? 5 milliards de dollars. Que croyez-vous qu’il advint? Trump perd en première instance et en appel. Forbes de son côté calcule 4,5 milliards de dollars. Comme Trump l’a dit lors d’une interview cela change avec son humeur.
Cette publication montre un autre aspect inquiétant : les prêts accordés au candidat, au total 16. Son prêteur favori est sans conteste la Deutsche Bank. On dénombre quatre prêts pour un total d’au moins 295 millions de dollars. Le total n’est pas connu en raison de la faiblesse des obligations de déclaration. En quoi cela pose-t-il problème ?
La Deutsche Bank a plusieurs fois eu affaire avec les autorités de régulation de la transparence dans plusieurs pays et a été condamné a ds amends pour un total de 2,5 milliards de dollars. Pour un candidat qui pourrait devenir président voici un beau conflit d’intérêts. Si l’usage continu depuis des décennies que les président parquent dans une structure ad’hoc leurs avoirs durant leur mandat cela n’a rien d’obligatoire. Barack Obama ne l’a d’ailleurs pas fait étant donné le relativement faible niveau des avoirs de la famille et leur nature de placements sans histoire. La question du conflit d’intérêt prend toute son acuité si l’autorité suprême en charge de la mise en œuvre des politiques de régulation est lié à une partie en cause. Pour l’instant Donald Trump ne s’est pas exprimé sur la question.
Ajoutons les poursuites en cours autour de la « Trump University« , une entreprise qui promettait de faire de vous un super-crack de l’immobilier, contre plusieurs dizaines de milliers de dollars quand même. Ces poursuites prennent actuellement deux directions inquiétantes pour Trump mais aussi pour le Parti Républicain.
D’abord à son habitude le Donald n’a pas fait dans la dentelle et a accusé le juge en charge du dossier de partialité car il est d’ascendance mexicaine. Les parents du juge étaient immigrés. Le juge Curiel lui est un citoyen né dans l’Indiana dont une bonne partie de la carrière a consisté à se battre contre les cartels de la drogue. Alors que Trump et les Républicains rament comme des fous pour ne pas perdre trop de plumes dans l’électorat hispanique voilà qui tombe mal.
D’autre part certaines des poursuites ont été abandonnées après des dons aux campagnes électorales des procureurs ou juges concernés. Et là ressort le spectre de la corruption.
On peut rêver : et si Drumpf se détruisait lui-même ?
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