Il a parlé.

Pour la première fois depuis sa prise de fonction Donald Trump a endossé les habits du Président et pratiqué l’exercice du discours solitaire et solennel depuis le bureau ovale. On le savait débatteur efficace et tribun spectaculaire. Il s’est montré pâle dirigeant.

Alors que l’on attendait un discours enflammé, rédigé par un des derniers survivants de la première vague de collaborateurs extrémistes de la Maison-Blanche, Stephen Miller. On s’attendait même à l’annonce de l’arme nucléaire qu’aurai constituée la déclaration d’une urgence nationale à la frontière sud. Donald Trump n’a fait que réciter son catalogue habituel de petits mensonges et récriminations à l’encontre de ses opposants.

Un discours en apparence anodin.

Qu’a t-il dit?

Il a répété l’argumentaire battu et rebattu les dernières semaines.

On retrouve bien dans l’affirmation d’une crise sécuritaire à la frontière avec le Mexique les obsessions de Miller que Trump a fait perfuser et se développer dans la foule de ses soutiens. Peu importe que la crise soit avant tout humanitaire, et du côté mexicain. Cette crise a pour origine circonstancielle l’arrivée du fameux convoi de migrants d’Amérique Centrale dont Trump a voulu faire un argument électoral en Novembre. Elle a aussi été provoqué par le durcissement des contrôles aux points d’entrée. On peut aussi rappeler que l’émigration résulte du chaos induit dans les pays d’origine, en particulier le Honduras, déstabilisés par la politique des États-Unis d’Amérique. L’affirmation d’une crise majeure entre en contradiction avec la revendication trumpienne d’un projet d’infrastructure à 5,7 milliards de dollars qui se déploiera sur des années. En fait le coût final véritable devrait être bien supérieur. En substance il dit « la maison brûle » mais propose comme solution de mettre à l’étude la construction d’une caserne de pompier. La tonalité sécuritaire du discours semble résumer une pensée trumpienne réduite à sa plus simple expression : les immigrants viennent pour nous tuer.

L’immigration illégale serait la cause de baisse de salaires. Au plus cet effet est marginal et ne porte que sur les plus bas salaires qui sont maintenus à leur niveau par la politique des Républicains.

Les Démocrates ont demandé une clôture en acier au lieu d’un mur en ciment. Voilà le mensonge le plus flagrant et le moins attendu de la prestation. Les Démocrate n’ont rien demandé de tel mais cette évolution semble depuis quelques jours être dans l’esprit de Donald Trump la preuve qu’il présente à l’opinion de sa volonté de compromis. Il voudrait ainsi montrer qu’il n’est pas le monstre borné que décrivent ses opposants alors qu’il ne cède rien sur le fond.

Le mur se remboursera tout seul car la drogue venant par la frontière coûte plus que la somme demandée.. On sait que la drogue entre par les points d’entrée légaux actuels et passe en bonne part par la mer et non la frontière terrestre sud. L’effet du mur sur l’entrée de la drogue serait donc à peu près nul. De plus la mise en équivalence du coût de la drogue et de la dépense de construction du mur ne repose sur aucune démonstration économique.

Le mur se remboursera par le nouvel accord commercial et douanier avec le Mexique. Encore une fois Trump fait le service après-vente d’un de ses supposés succès. La renégociation de l’accord connu sous le nom de NAFTA  n’a modifié que très partiellement le fonctionnement et le Congrès ne l’a toujours pas ratifié. L’effet ici aussi est tout sauf démontré.

La banalité de la prestation a étonné mais il pourrait s’agir du premier pas d’une stratégie par étapes menant à la déclaration d’une urgence nationale dans quelques jours, après le déplacement du président sur le terrain. N’étant à l’aise que dans la crise permanente qui permet ses outrances Donald Trump aurait ainsi armé le fusil dont il ne tirera les cartouches que plus tard.

Les réactions des Démocrates.

La réaction en quelque sorte officielle du parti Démocrate a immédiatement suivi sous la forme d’une vidéo conjointe des deux leaders parlementaires Nancy Pelosi et Chuck Shumer. Ils ont réussi le tour de force de décevoir plus encore que Trump par la banalité de leur prestation convenue.

Par contre les candidats potentiels à la primaires en vue des élections de 2020 qui sont légion et commencent à entrer en pré-campagne ont mis l’accent sur les difficultés des employés des services publics touchés par le blocage budgétaire qui les prive de salaire. Ils ont compris que la partie se joue en partie dans cette catégorie que Trump voudati bien faire basculer par lassitude de son côté.

Et maintenant.

Malgré son apparence en demi-teinte cette intervention de Donald Trump pourrait avoir plus de signification qu’il n’y parait. Elle peut être le premier pas de l’offensive qui va se développer dans les jours qui viennent. Mais elle pourrait aussi montrer une des premières apparition des dérèglements d’une mécanique trumpienne qui ne fonctionne plus et ne parvient plus à trouver le ton juste.

A suivre.

Mes liens de travail :

https://thehill.com/policy/defense/422779-meet-trumps-pick-to-take-over-for-mattis-at-pentagon //Shanahan, le business aux commandes du Pentagone. Merci Donald.

08/01/2019

https://www.vox.com/policy-and-politics/2019/1/8/18173678/trump-shutdown-voter-florida

https://www.thenation.com/article/trump-hate-speech-violence-against-immigrants/

https://www.salon.com/2019/01/08/gop-sources-trump-aide-stephen-miller-writing-not-coherent-primetime-speech-border-wall_partner/