Hier soir j’intercepte l’information in extremis et je me couche en pensant que chacun des deux présidents de Corée du Nord et des États-Unis d’Amérique peut chacun de son côté se dire qu’il a gagné une bataille.
Kim a obtenu une reconnaissance internationale accordée par son plus grand adversaire qui accepte la rencontre. Donald Trump peut faire valoir que sa fermeté tonitruante a amené l’autre à résipiscence.
Et ce matin je me lève en me demandant s’ils nous ont vraiment pris pour des imbéciles en jouant sur une scène de théâtre mondial orchestrée par les médias de toute la terre la montée dramatique d’un affrontement conçu pour se terminer par un hommage à leur intelligence.
Non que je pense que tout cela ait été une comédie organisée dans l’objectif d’aboutir à ce résultat. Et personne ne peut prédire ce qui sortira de la rencontre ni même où et si elle aura lieu.
Chacun a réaffirmé ses positions avec le plus grand sourire sans prendre en compte ce que dit l’autre car les positions restent contradictoires sur le fond. Si Kim dit mettre sur ma table la dénucléarisation de la Corée du Nord il est clair qu’il n’en est pas question car il ajoute qu ele prix à payer est la garantie de l’existence de non agression de son pays assuré d’une survie internationalement garantie. De son côté Trump maintient la posture avec les sanctions et l’objectif de justement de dénucléarisation.
Les enjeux ne doivent pas obscurcir l’importance du mécanisme qui nous a mené là. Donald Trump existe politiquement par sa présence médiatique et ses capacité de bateleur. Il doit maintenir la tension du spectacle politique pour continuer à exister. Il a trouvé en face un partenaire de jeu qui a parfaitement compris les règles. Si bien que ces duettistes ont pu faire monter les enchères chacun à sa manière sans perdre de vue les objectifs.
Donald Trump joue assez gros car pour la première fois sa compétence de négociateur suprême si vantée qu’il en a même fait l’argument de son principal livre et l’étendard de sa campagne est mise à l’épreuve. Alors qu’il s’adresse habituellement à la base de son électorat en priorité il parle maintenant à des spectateurs du monde entier. Par exemple la mise en place des droits de douanes ne s’adressait pas aux économistes ou aux politiques mais bien à ce noyau de 25-30 % d’irréductibles trumpistes. La mise en application de la domination (Make America Great Again) ne s’adresse pas seulement au pays mais prendra sa signification aux yeux du monde entier.
Kim de son côté travaille sans doute essentiellement à l’autre versant de son offensive politique, le rapprochement avec la Corée du Sud, entreprise de longue haleine pour laquelle il a besoin de temps et de calme dans la région.
Il faudra évidemment attendre la fin de la pièce pour savoir qui est le vainqueur même si pour l’instant les deux acteurs en retire chacun des bénéfices. Que Kim ait été à l’initiative et ait mené le jeu importera-t-il au baisser de rideau ?
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