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Un peu de tout

Tag: UNION EUROPÉENNE

Budget italien : question de morale.

Après la Grèce en 2015 l’Italie en 2018 affronte l’autorité économique de l’U.E. Peut-on soutenir une position juste dans son principe quand elle est avancée par des fascistes?

L’Union Européenne a donc refusé le budget italien. Contrairement au gouvernement grec lors de la crise de 2015 le gouvernement italien a choisi l’affrontement directe en présentant sciemment  un budget hors des normes. Les gouvernement de Tsipras avait tenté sous la direction économique de Yannis Varoufakis de jouer le jeu  et, même de jouer la raison au sein du conseil des ministres des finances. Il a ainsi fait la démonstration de l’irrationalité de cette tentative. S’appuyant sur le fonctionnement d’un organe pas même statutaire, l’Eurogroupe, l’entreprise était vouée à l’échec.

La tentative italienne est pleine d’arrières-pensées  pas toute sympathiques. Inspirée par les fascistes -il est grand temps de ne plus avoir peur des mots- de la Ligue elle flatte d’abord les penchants nationalistes et xénophobes déjà en pleine recrudescence.  Mais pour la première fois l’illégitimité du pouvoir des organes de Bruxelles et la négation par les mécanises de actuels de l’Union Européenne du peu de  souveraineté populaire qui existe dans nos systèmes de démocratie représentative est mise au centre du débat européen, à quelques mois des élections dite européennes qui devraient s’appeler « élections nationales des représentants des pays de l’Union dans une assemblée commune ».

Le débat sur la légitimité de cette Union Européenne a toutes les chances de ne pas avoir lieu et d’être confisqué par les Macron de toutes sortes au profit d’une discussion fumeuse  entre les populistes et les progressistes. Et on peut en effet éprouver une grande répugnance à se trouver dans la même barque que les fascistes italiens (et autres)  -il est grand temps de ne plus avoir peur des mots-  voire de les soutenir.

Ce débat est fondamental et sans doute fondateur pour cette gauche de dimension d’emblée européenne qui n’existe pas encore. Quelques éléments épars existent comme Diem25 ou le site OpenDemocracy mais rien qui ne constitue un mouvement effectif et surtout rien qui n’ait la dimension continentale.

Voici le vrai débat de la refondation de la gauche et le vrai débat européen. Saurons-nous le mener?

 

Une analyse du referendum Brexit.

Je faisais confiance à Matt Singh, du site Number Cruncher Politics, pour être le meilleur prédicteur des consultations électorales britanniques. J’ai été très étonné du résultat du referendum. Contrairement à l’année dernière quand je ne voyais pas les raisons politiques d’une victoire éventuelle des travaillistes je n’avais aucune idée sur le résultat probable et les analyses basées sur les sondages me semblaient crédibles.

Matt Singh a lui-même été pris par surprise par le résultat et a mis quelques temps à réagir. Le premier article, trois jours après, n’apportait rien d’autre que « j’ai besoin de temps pour analyser tout cela ».

Il a fallu attendre le 5 Juillet pour le résultat publié ici et en fait . Et les conclusions sont intéressantes.

Il trouve que l’erreur dans les prévisions de résultat du referendum ne vient pas des techniques de sondages et d’interprétation qui ont été largement discutées, entre autre la manière de traiter les différences entre sondages Internet et sondages téléphoniques qui ne donnent pas les mêmes résultats. L’erreur de base aurait consisté à penser que le comportement des électeurs et des abstentionnistes restait le même. Le taux de participation élevé au referendum a donc été supposé plutôt favoriser le « remain » du fait de l’enthousiasme supérieur des partisans du « leave ». Or il s’avère au vu des études détaillées que les nouveaux votants sont vraisemblablement des  abstentionnistes de long terme qui ont saisi l’occasionn d’un vote explicite et franc contre l' »establishment ». Les études antérieures avaient laissé penser que les abstentionnistes et les votants partageaient  les mêmes idées sur l’Union Européenne. Il s’avère que c’était faux et qu’une quantité suffisante a décidé de retrouver le chemin des urnes alors qu’ils n’avaient  pas voté pour le UKIP l’année dernière. Il s’agit donc d’un phénomène nouveau encore peu analysé. Si ces personnes sont revenus dans le jeu politique à cette occasion on peut se demander dans quelles conditions elles peuvent y rester et prendre leur place active dans un processus démocratique renouvelé. Je n’étais, et ne suis toujours pas, convaincu des effets délétères du Brexit car je pense que la destruction démocratique de cette Union Européenne est la seule voie pour nous reconstruire un futur. En voilà un autre indice.

Et l’écœurement Barroso n’en est qu’un indice de plus.

Grèce, Royaume Uni, les référendums miroirs

Dans les deux cas l’attente du politicien initiateur de l’opération est déçue par le peuple qui vote de manière significative. Les résultats politiques sont d’autant plus frappants que celui qui a menti sur l’issue souhaitée du vote est resté au gouvernement et que celui qui voulait gagner le vote doit partir dans la confusion et le ridicule.

Le pays qui n’aurait jamais du entrer dans l’Union y reste et celui qui serait justifié  pour y jouer un rôle stabilisateur s’il avait la volonté de jouer le jeu va en sortir. Les déséquilibres économiques structurels sortent accrus du cycle. Les mouvements provoqués sur les marchés britanniques relèvent de l’irrationalité financière habituelle et non des conséquences mécaniques du Brexit qui n’a pour l’instant donné lieu à aucune action réelle. Voilà qui ajoute à la sombre ironie de la situation. Les apprentis sorciers néo-libéraux se brulent à leur propre feu, déclenchent une prévisible panique financière et vont se voir contraints de renoncer à leur sacro-sainte austérité pour relancer une machine qu’ils ont fait caler. Georges Osborne contraint d’appeler Keynes à la rescousse. Humour britannique ?

Les dégâts politiques ne sont pas en reste.  Des deux côtés, grec et britannique, les défaites morales s’accumulent. Le principe démocratique bafoué par les calculs de dirigeants politiques cyniques en prend un coup. Ils utilisent l’arme d’une consultation montée en épingle comme le summum de la démocratie. Résultat : le referendum devient, ce qu’il a plus ou moins toujours été, une arme de destruction massive de la démocratie, la porte ouverte aux déferlements de sentiments simplistes et inavouables.  La confusion s’installe autour de l’idée européenne confondue chez beaucoup avec l’image de l’Union Européenne. Au nom de la défense de la solidarité on mobilise les énergies pour la défense du status quo pourtant mortifère. Par exemple la campagne « Another Europe is Possible » porte quasi malgré elle comme sous-texte « Cette Union est démocratisable » ce qui est profondément trompeur. Il faut le répéter autant que nécessaire. La clé de voute de l’Union Européenne est l’Euro qui verrouille les états dans leur impuissance économique, les contraint à emprunter au prix fort sur les marchés financiers par ailleurs maîtres du reste du jeu économique. Les seuls espaces démocratiques existant, les états-nations, se trouvent réduits à la sujétion, soumis à des organes exécutifs sans contrôle et  même non-statutaires comme l’Eurogroupe.

A près d’un an et 2400 kilomètres de distance les deux referendums se font écho pour ébranler la démocratie et l’idée même de la solidarité entre les peuples d’Europe déjà travestie par une caste politique devenue autiste dans sa tour d’ivoire bruxelloise. Combien de temps pourrons-nous continuer à vivre sur ces mensonges ?

 

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