Dallas, le nom résonne dans nos mémoires. Les images du film de Zapruder ont gravé l’assassinat de Kennedy. Un feuilleton télévisé en a fait l’archétype du ringard de mauvais gout et un tireur fou vient de reporter le curseur  vers le tragique. Que savons-nous de la cité ?

La troisième cité par la population de l’état du Texas est aussi le centre de la quatrième agglomération du pays. La ville elle-même compte 1,3 millions d’habitants et l’agglomération (Metroplex qui inclut Fort Worth) 7,1 millions (nombres du dernier recensement). La répartition ethnique de la population  a beaucoup évolué au cours du dernier siècle.

En 1950 la répartition dans la métropole est  :

  • Blancs……….. : 66,9 %
  • Noirs…………. : 24,5 %
  • Hispaniques.. : 7,5 %
  • Asiatiques….. : 0,2 %

En 2010 :

  • Blancs……….. : 28,8 %
  • Noirs…………. : 25 %
  • Hispaniques.. : 42,4 %
  • Asiatiques….. : 2,4 %

Comme d’habitude dans le pays on compte les blanc non-hispaniques comme un groupe homogène distinct. Le changement spectaculaire concerne évidemment les hispaniques qui sont maintenant la majorité de l’ensemble. Le groupe Asie-Pacifique (Hawaï et immigrants d’Asie) comme dan sle reste du pays constitue un petit effectif mais qui a la plus forte croissance. Les inégalités sociales se répartissent de manière habituelle avec un centre aisé et plutôt blanc et une périphérie qui concentre les populations les plus pauvres. Le maire Mike Rawlings est Démocrate. La répartition démographique (25% noirs, 42 % Latinos) est typiquement favorable au parti bleu. La ville est reconnu dans les médias comme plutôt agréable à vivre. La scène artistique maintient une réputation qui vient de loin comme le rappelle ce standard (Le « deep ellem »de la chanson est « Deep Elm Street » au centre du quartier musical et théâtral). Elle reste cependant loin derrière Austin que chante Patricia Vonne, la sœur du ralisateur Robert Rodriguez.

L’histoire a montré avec la tuerie qui a visé la police la semaine dernière plus de cruauté que d’ironie. Si une ville méritait d’être citée en exemple pour un travail efficace d’amélioration des relations entre la police et les communautés ethniques c’est bien Dallas. Cet effort accompagné d’une réelle réduction de la criminalité a d’ailleurs été salué bien avant la semaine dernière. Le chef de la police David Brown s’était exprimé après les manifestations de Ferguson quand un policier de Dallas avait tué une personne dans un faubourg de Dallas sur les relations avec la communauté noire. Il avait expliqué ce que la presse avait déjà à eu l’occasion de souligner : une politique de transparence sur tous les incidents qui inclut de publier toutes les informations sur les incidents y compris l’appartenance ethnique des victimes et des agents. Ce travail de fond a été initié par son prédécesseur David Kunkle à partir de 2004. A l’époque la ville présente un bilan criminel désastreux, pire que Chicago, New-York ou Los Angeles réputées pour la violence et la civilité discutable de leur services de police. En dix ans le  taux de criminalité a baissé de 50%. Les cambriolages baissent de 10 % par an comme les agressions sexuelles. En 2015 déjà l’efficacité de la politique de la police de Dallas était remarquée par des journaux nationaux. On peut remarquer que cela s’est fait dans le cadre d’une politique organisée de relations avec les communautés qui se traduit par des mesures concrètes et visibles. L’entraînement à l’usage des armes à feu auparavant pratiqué tous les deux ans est  devenu obligatoire tous les deux mois. Les caméras individuelles sans être systématiques sont employées. Une mesure qui peut sembler anodine me parait très significative. Les procès-verbaux pour incidents de la circulation ne sont pas encouragés Il a d’ailleurs baissé de moitié. Il existe par ailleurs dans le pays des témoignages de l’utilisation par les municipalités de ces contraventions comme outils de collecte de fond qui frappent de fait plus la population la plus démunie. Les plaintes pour usage excessif de la force ont baissées de 64%. Des démissions et même des licenciements à la suite de comportements abusifs de policiers ont eu lieu. Mais le plus spectaculaire est ceci. Le site web où la police de Dallas publie les incidents impliquant des policiers avec les noms des personnes impliquées et des agents ainsi que les suites judiciaires.

Peut-être que Dallas était la ville la mieux préparée pour surmonter une attaque de ce genre.

A suivre.