L’autorisation accordée dans sa grande largesse d’esprit par le pouvoir aux départements de revenir à 90 kilomètres par heure sur quelques tronçons et sous conditions draconiennes -il ne faut pas exagérer quand même- a fait reparler de cette mesure phare de la lumière macronienne : la limitation généralisée à 80 kilomètres par heure, mesure sans doute utile mais pas si urgente ou indispensable et surtout pas de cette manière autoritaire.
L’hypocrisie incarnée.
Personne ne peut sérieusement contester la relation entre la vitesse et la mortalité routière. Réduire la vitesse de manière systématique est donc à terme une mesure gagnante. Il suffit d’attendre quelques mois pour produire une statistique faisant état du nombre de vies sauvées par la grande clairvoyance du monarque. Et tant mieux si les croquants résistent. Ils auront ainsi la démonstration que sa majesté sait mieux que personne ce qui est bon pour eux. Gagnante la mesure l’est d’autant plus que la charge de sa mise en oeuvre repose sur les collectivités locales et qu’elle apporte à l’occasion un petit bénéfice de verbalisations supplémentaires. J’essaie toujours de résister à la tentation poujadiste de ne voir dans la pénalisation de la vitesse automobile qu’un racket financier car les montants impliqués (exprimés en dizaines ou centaines de millions d’euros) ne font pas une grande différence dans le budget global. La principale signification de cette décision ne réside donc pas dans ce qu’elle peut rapporter mais bien dans son effet politique. Sans coûter significativement elle permet au pouvoir d’apparaître comme soucieux du bien commun, du bien de ses sujets. Cela n’a pas si mal fonctionné. Cela a par exemple servi à Pierre Arditi, jusque là connu comme un homme de gauche, à justifier son ralliement à la droite présidentielle.
La lâcheté présidentielle.
Quand il est apparu que la mesure passait mal sur fond de révolte jaune la mesure n’étant pas fondamentale dans l’agenda néo-libéral du monarque il est devenu tentant de l’abandonner. Et comme par hasard elle est devenu le bébé du premier ministre. Et Edouard Philippe d’endosser fidèlement le costume de l’impopulaire. Quelle que soit la réalité de l’histoire Emmanuel Macron ne s’est pas grandi en jouant cette pantomime. Déjà le lampiste paie. Et ce n’est sans doute pas fini.
La duplicité de ce pouvoir.
Mais l’autoritarisme macronien ne peut décidément pas accepter de défaite. Il a donc fallu tricoter tout un attirail de règles pour que le retour en arrière soit difficile et réserve toujours la possibilité dans quelques mois de ressortir les statistiques du « on vous l’avait bien dit. Super Macron avait raison. il vous sauve contre votre volonté ».
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.