Flag_of_Greece.svg

J’ai fait mon devoir en participant à cette manif de soutien au gouvernement grec ce Dimanche 15 Février 2015 de République au Palais-Royal à Paris. J’avais eu par ailleurs l’occasion d’écrire combien cette initiative me semblait mal foutue, pas préparée, dénuée de perspectives et potentiellement démobilisatrice en cas d’échec tellement manifeste qu’il en soit décourageant pour tous.

Le début, mi-chèvre mi-chou, nous avons au moins échappé à la pluie que nous promettait une météo craintive et au froid qui a eu le bon esprit de nous quitter avant-hier. Arrivé vers trois heures moins le quart à République la grisaille du ciel correspond bien à mon état d’esprit. Quelques deux cent pelés égaillés sur la place de la République et aux alentours ne savent pas trop quelle contenance adopter. Une camionnette de sono hurle du reggae et couvre toute tentative de lancer un slogan. Quelques militants du NPA tentent de faire démarrer un générateur d’électricité décidément récalcitrant. Le PC et le PG rassemblent leurs maigres troupes. Et je continue désespérément à rechercher une tête connue. Rien de plus triste qu’une manif, exercice collectif et festif vécue solitaire. La seule tête connue ne me rajeunit pas : Alain Krivine comme je le voyais trente ans plus tôt, quelques kilos en plus.

Sans trop tarder le cortège s’ébranle. Et par un prompt renfort nous nous vîmes… un nombre presque acceptable même si bien inférieur à la hauteur des enjeux.

J’ai rejoint le petit bataillon de Nouvelle Donne. Là où je me sens le mieux faute de partager l’occasion avec de vieilles connaissances. Et pourtant de vieilles connaissances il y en avait forcément tout autour vu la moyenne d’âge des participants. La cruauté de la jeunesse n’ayant pas de limites j’ai même entendu un couple de jeunes me dépassant et nous traiter de « groupe du troisième âge ». Heureusement un groupe sauve l’ambiance cinquante mètres en arrière. Groupés sous de petites pancartes non partisanes qui proclament « troïka tais-toi » ses membres scandent des choses qu’en général je ne comprends pas car en grec. J’entends bien « Sirizou », sans doute Siriza, mais rien de plus ne m’est intelligible.

Une heure et quart plus tard nous obliquons à angle droit dans la rue de Richelieu, lieu de vieux souvenirs personnels, tout droit vers Palais-Royal. Les guichets du Louvre en perspective tout au fond. Je devrais manifester plus souvent pour retrouver les rues de Paris que je commence à sérieusement oublier. Nous croisons un jeune homme, oreillettes bien vissés, l’air un peu allumé coiffé d’une kippa rose qui fait dire à ma voisine « Tiens un juif gay ». La Rolls blanche arrivé sur la droite est ornée d’un joli autocollant anticapitaliste. Au prochain  feu rouge nous laissons passer avec le sourire quelques voitures.

Et nous voici devant la Comédie Française, autres lieu de souvenirs de mes quelques mois de théâtre. Que reste-t-il au-delà du sentiment du devoir accompli ? Une relative déception et le sentiment que tout reste à faire. Personne n’a fait un geste pour faire de cette manif le premier temps d’un soutien prolongé au grecs qui soit aussi une pierre du combat contre les fanatiques, les fanatiques de l’austérité et du règne de le finance. Nous avons là une occasion et une obligation, celles de recommencer à construire sans frontières partisanes un mouvement européen qui participe à la fois à la reconstruction d’une gauche détruite par Blair, Schröder et Hollande et d’une Europe déconsidérée par à peu près toutes ses élites.

Bon courage à nous tous.