Il y a trois jours j’ai lu d’une traite « La familia grande » de Camille Kouchner. Dès la première ligne le brouhaha médiatique a disparu. Je n’ai pas lu un document d’actualité. Je n’ai pas lu un « J’accuse ». J’ai lu un livre.
Un livre qui avance sans crainte des aller et retours. Sans crainte du ressac qui peu à peu découvre, pierre après pierre, les pièces du puzzle.
Le puzzle d’une famille émiettée par le silence, des douleurs étirées dans les années.
Les phrases concassées, débitées en segments pour finir à leur plus simple expression. Des mots isolés dont la signification pèse de toute sa brutalité.
Nous avons deux familles. Celle de l’amont, reçue, subie. Celle de l’aval que nous avons une chance de construire pour échapper à la malédiction de l’autre.
J’ai soixante-treize ans. Ma fille en aura bientôt cinquante. Elle est née dans la même clinique parisienne que Camille, aidée à naître par le même docteur Marx. Autour du drame intime, de la famille souffrante je lis la chronique de ma génération écrite avec les larmes de nos enfants.