La BCE vient d’annoncer un ultimatum à la Grèce par une mesure technique : la suppression des lignes de financement acceptées depuis bientôt 5 ans.

On n’attendait pas le coup de force de ce côté-là, surtout après la rencontre hier entre Mario Draghi et Yanis Varoufakis. Le président de la BCE a donc joué une sorte de double jeu.

Que les faucons de l’orthodoxie continuent leur offensive de principe ne surprend personne même si c’est au dépens de toute logique.

Pousser les grecs dans leurs derniers retranchements en leur ôtant toute possibilité d’action au nom sera contre-productif car cela ne peut que précipiter approfondissement de la crise et pousser la Grèce au défaut. Les grecs, et pas les financiers grecs, seront évidemment les premiers à payer le prix mais les dégâts sur l’ensemble du système financier européen sont imprévisibles à la fois en termes quantitatifs (montants de dette grecque) mais aussi en termes d’organisation et de confiance.

Ce genre de décision, prise encore une fois par des techniciens non élus, laisse supposer que la mesure de la crise grecque n’a pas été véritablement prise par l’ensemble de la caste dirigeante européenne. Comme l’a rétorqué Yanis Varoufakis  à Martin Schulz qui évoquait le risque de banqueroute de la Grèce : «  Mais nous sommes déjà en banqueroute « . 

Les options proposées par la Grèce permettaient, à l’opposé, de n’obliger personne à une reddition sans condition ce qui est toujours de mauvaise politique. Tout le monde sait que la dette grecque ne sera jamais remboursée en totalité. Mettre en place un système comme la conversion des titres de dette en titres de dette perpétuelle permet de s’adapter à cette situation et de préserver l’avenir.

Par ailleurs le risque est grand  pour les apprentis sorciers de se trouver à quelques années d’ici dans la situation où une Grèce expulsée de l’euro (ce qu’ils sont en train de faire) se retrouve après des années de vaches maigres mais une monnaie recréée et dévaluée en situation meilleure qu’une Union Européenne ne parvenant pas à se remettre du chaos provoqué par l’éclatement de la zone.