Cédric Villani.
Une péripétie anecdotique me lie à Maurice Audin. En 1967 quand je suis pour la première fois devenu membre d’un organisation d’extrême-gauche j’ai reçu le pseudonyme Audin. Le souvenir du martyr du combat indépendantiste me suit donc depuis cet automne-là. La décision officialisée hier ne pouvait me laisser indifférent.
Pourquoi ce sentiment de dégout qui ne me quitte pas?
Dégout de voir une décision juste servir de support à la mascarade d’une mise en scène de communication politicienne dont la simplicité apparente n’était que suprême ostentation.
Dégout de voir cette salutaire mise au point noyée dans la « journée de gauche » d’un président en mal de reconnaissance.
Dégout de ne pas avoir entendu un mot d’hommage au courage et à la noblesse de l’engagement de Maurice Audin et de ses camarades du Parti Communiste Algérien.
Dégout de voir la famille instrumentalisée dans cette entreprise.
Dégout de voir votre propre instrumentalisation par la machine de propagande.
Vous m’étiez cher. Votre livre, « Théorème vivant » , m’a touché. Il m’a conduit à ressortir les vinyles de Catherine Ribeiro de leur étagère. Il m’a fait découvrir Danielle Messia. Il faisait partie de la poignée d’ouvrages que je me réserve de suggérer à mes petits-enfants devenus grands.
Plus que comme un désaccord j’ai vécu votre décision de devenir député de droite comme une trahison personnelle qui m’a fait saigner le cœur.
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