Comme je l’esquissais hier Joe Biden est certainement promis à la nomination comme candidat du Parti Démocrate à la présidence mais cette candidature repose sur une hypothèse osée de la part de son parti. La procédure de destitution lancée par les Démocrates et terminée par un acquittement en Février a volontairement été concentrée sur le seul sujet ukrainien et la tentative de pression sur Zelenski opérée en 2019 par Donald Trump. Que cherchaient les dirigeants Démocrate en restreignant l’étendue de la procédure à ces sujets sans mettre sur la table par exemple les manquements pourtant patents de la faille Trump aux règles interdisant au président de profiter matériellement de sa fonction en recevant des contributions de puissances étrangères du fait de sa fonction (Emoluments clause)? On peut penser qu’il était important de ne pas polluer le temps de la campagne électorale avec une enquête longue et des auditions à répétition. Mais il était également nécessaire de liquider au plus vite le dossier ukrainien. On se souvient que le fils de Joe Biden a profité d’un salaire mensuel confortable de 50000 dollars à la direction de Burisma une entreprise ukrainienne soupçonnée de pratiques financières douteuse à l’époque où son père, vice-président de Barack Obame. Il était également en charge des efforts pour combattre la corruption en particulier en Europe de l’Est. Il est même intervenu en toute transparence et en accord avec les autorités européennes pour faire limoger un procureur ukrainien connu pour ne pas combattre efficacement la corruption.
L’Ukraine et Burisma.
Dans ce dossier deux faits apparaissent clairement.
1-Joe Biden n’a rien fait d’illégal ni même de suspect en tant que vice-président dans son traitement des affaires ukrainiennes et ne semble pas avoir caché quoi que ce soit (contrairement à l’administration Trump en 2019 avec la tentative de pression sur Zelenski pour obtenir une enquête sur les Biden père et fils).
2-Hunter Biden obtenant un poste pour lequel il n’était pas qualifié pour un salaire mirobolant et donc du seul fait de la position de son père ne peut pas apparaître autrement que corrompu. Pour sa défense il peut arguer l’avoir fait en plein jour et n’avoir fait qu’anticiper le comportement devenu normal de la famille Trump depuis l’élection de Donald.
Mais le résultat électoral risque bien de se révéler catastrophique. Joe Biden se présente comme le Monsieur Propre qui va nettoyer les écuries d’Augias trumpiennes. La campagne sur l’Ukraine et les Biden que les Républicains avaient mis en sourdine tant que Bernie Sanders apparaissait comme le leader des primaires Démocrates va repartir de plus belle. Certains Démocrates l’ont d’ailleurs bien anticipé avec l’annonce du « Benghazi 2.0″. Ils rappellent ainsi les tentatives de déstabilisation de la campagne Clinton lancées par les Républicains en 2016. Elles ont porté principalement sur deux thèmes. D’abord la gestion assez catastrophique, par Hilary Clint alors secrétaire d’état, de l’attaque de l’ambassade de Benghazi par un groupe rebelle lybien en 2012. Cela s’est terminé par la mort de plusieurs citoyens US dont l’ambassadeur. Si les enquêtes ont pu déterminer que Clinton n’avait rien à se reprocher d’autre que d’avoir été dépassée par les événements d’une guerre qu’elle n’aurait jamais du laisser déclencher son image de maladresse son image en a été durablement ternie. Assez pour les Républicains ulcérés par une affaire dans laquelle le pays est apparu en position de faiblesse se sentent autorisés à sans cesse relancer les questions sur le sujet. L’autre sujet qui a empoisonné la fin de campagne de Clinton est du même tonneau : les fameux e-mails. L’enquête a été mené par le FBI sous la direction de James Comey d’une manière dont on ne sait si on doit la qualifier de partisane (la fameuse annonce tardive du mois d’août sur la relance de l’enquête) ou simplement maladroite. Encore une fois Clinton s’en sort à demi blanchie car seulement accusée d’imprudence. Dans les deux cas les Républicains et Donald Trump en particulier n’ont eu de cesse de remettre le sujet sur le tapis. Établir une culpabilité ne leur importe pas. Leur objectif consiste à maintenir la pression et surtout un doute malsain qui puisse perturber l’image de l’adversaire dans l’esprit de l’électorat indécis ou indépendant.
Le même scénario est en train de se reproduire maintenant que Joe Biden est de fait devenu le candidat Démocrate. Les parlementaires Républicains relancent les investigation sur les Biden. La différence à mon avis notable se trouve dans les faits. Alors que l’on pouvait reprocher à Clinton des inconsistances, des erreurs d’appréciation, la corruption de la famille Biden : la recherche de profit matériel, financier, du fait de la position de pouvoir du père est une réalité. Cette vulnérabilité d’un candidat qui va se trouver face à un tir de barrage mettant en doute son intégrité a sans doute été sous-estimée par les dirigeants Démocrates. Ils pourront arguer du déluge d’accusations de communisme qui attendait Bernie Sanders et dire qu’elles auraient été rédhibitoires. Elles auraient été d’une autre nature et sans aucun doute plus facile à contrer avec une efficacité que seule l’expérience aurait pu démontrer.
Biden sur la scène.
L’expérience de 2016, entre autre, a montré que gagner la confrontation dans les débats télévisés entre candidats ne fait pas gagner l’élection. Ou peut-être qu’on peut gagner de multiples manières. Mais il est à peu près certain que la bête de scène Trump fera de la charpie de Joe Biden. Et si la victoire peut présenter plusieurs visages apparaître comme celui qui a cédé sur l’estrade affaiblit toujours l’image du vaincu. « Sleepy Joe » va devoir se réveiller.
Mes liens et notes récents.
04/03/2020
https://www.vox.com/2020/3/3/21163826/super-tuesday-winners-losers-biden-sanders //Gagnants-Biden : évidemment. Le division idéologique des Démocrates. Le PArti Démocrate : le parti décide. Perdants-Bloomberg : évidemment. L’oligarchie avec Bloomerg. Bernie : chez les noirs.
https://www.vox.com/2020/3/3/21164151/virginia-democratic-primary-turnout-nearly-doubled //Une indication encourageante
https://twitter.com/DrIbram/status/1235013967069753344 //Une précision utile.
https://www.commondreams.org/news/2020/03/04/every-super-tuesday-state-exit-polls-majority-democratic-voters-support-eliminating //Qui gagne sur les idées.
https://www.juancole.com/2020/03/88888888.html //Ou perd. LA question raciale au coeur de la mobilisation de l’électorat noir qui constitue le pivot des troues Démocrates.
https://www.dailykos.com/bundles/elections/index.html //Délégués.
https://theintercept.com/2020/03/04/super-tuesday-primaries-california-pelosi-shahid-buttar/
https://www.vox.com/2020/3/3/21164151/virginia-democratic-primary-turnout-nearly-doubled //La participation.
https://www.salon.com/2020/03/04/a-wake-up-call-biden-voters-in-virginia-hope-huge-super-tuesday-win-boosts-nationwide-support/ //La Virginie semble montrer que la mobilisation effective des électeurs Démocrates vient de la droite du parti et infirme le discours de Bernie Sanders sur la mise ne mouvement de nouveaux électeurs restés à l’écart du jeu politique et que seule une campagne comme la sienne peut ramener.
https://thehill.com/homenews/campaign/485878-donna-brazile-calls-biden-comeback-most-impressive-72-hours-of-politics //Toutes les vieilles gloire de la bureaucratie Démocrate au secours de la victoire. Le seul qui se cache, l’artisan réelle du retour de Biden : Obama.
https://thehill.com/homenews/campaign/485877-nbc-exit-poll-shows-sanders-with-most-support-from-lgbtq-voters //Malgré Mayor Pete.
https://thehill.com/homenews/campaign/485856-bloomberg-to-reassess-campaign-following-lackluster-super-tuesday-showing //Reste. Rest pas. Ou retraite en douce?
https://theintercept.com/2020/03/03/mike-siegel-texas-10-congress-primary/
https://theintercept.com/2020/03/04/lulu-seikaly-texas-3-congress-primary/
https://talkingpointsmemo.com/live-blog/super-tuesday-results-bernie-sanders-joe-biden
Our Revolution California, Suely Saro, Tunua Thrash-Ntuk, Fatima Iqbal-Zubair, Jackie Fielder, and Georgette Gomez. Texas : Mike Siegel.
https://www.motherjones.com/kevin-drum/2020/03/joe-biden-has-won-already/ //L’hypocrise de la droite Démocrate maintenant décomplexée de plus en plus écœurante.
https://theintercept.com/2020/03/04/jessica-cisneros-texas-28-henry-cuellar-congress-primary/ //Sans une nouvelle majorité Démocrate ré-équilibrée à gauche un président Sanders (ou Warren) ne pourra pas vraiment gouverner.
https://www.vox.com/policy-and-politics/2020/3/4/21164083/super-tuesday-results-joe-biden-win-ukraine
https://www.salon.com/2020/03/04/after-super-tuesday-it-looks-like-bernie-sanders-has-a-ceiling-this-is-not-good-news/
https://www.nytimes.com/interactive/2020/03/04/us/politics/super-tuesday-2020-results.html?action=click&module=Spotlight&pgtype=Homepage //Biden gagne là où il est remplacé par des pubs TV.
https://newrepublic.com/article/156749/joe-biden-thank-media-super-tuesday-win //Les medias ont été indulgents et sont rentréés dans la narration voulue par l’establishment Démocrate.
https://eu.usatoday.com/story/news/politics/elections/2020/03/04/super-tuesday-bernie-sanders-youth-votes-fell-short-compared-2016/4947795002/ //1-La participation a été élevée. 2-Pas tellement parmi les jeunes. 3-Donc une bonne nouvelle :: les électeurs Démocrates se mobilisent. 4-Un mauvaise, les jeunes favorables à Sanders moins que les autres
https://slate.com/business/2020/03/mike-bloomberg-biden-trump-money-hose.html?via=taps_top
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.