Le site FiveThirtyEight, spécialiste des études d’opinion a réalisé une synthèse des sondages. L’évolution est assez nette car le sursaut constaté après chaque drame perdure. 66% des personnes soutiennent la mise en place de lois plus strictes. 76% le passage à 21 ans l’âge de la possession d’armes. 87% la mise en place systématique de contrôles des antécédents des acheteurs. 87% l’interdiction d’achat aux personnes souffrant de maladie mentale. Seulement 42% soutiennent l’idée d’armer les enseignants. 62% approuvent l’interdiction des « armes de guerre » (assault weapons). Et 67% l’interdiction au grand public des chargeurs de grande capacité (reste à déterminer la limite d’une grande capacité). Il y a même 10% pour soutenir l’idée de l’interdiction totale des armes à feu au public.
En Floride
Après une farce Samedi dernier au Sénat de Floride les assemblées de l’état où s’est produit la fusillade de Parkland ont fini par prendre le taureau par les cornes. Elles ont voté une législation qui passe l’âge pour la possession d’arme à feu à 21 ans et un délai obligatoire suffisant pour attendre la résolution des contrôles d’antécédents. L’armement de personnel non-enseignant des écoles est également facilité. Les amendements proposés par les Démocrates minoritaires ont tous été rejetés. Le Sénat a voté à 20 contre 18, la Chambre à 67 contre 50. Le gouverneur Républicain,, Rick Scott, a signé la loi « à la Trump » et mis en scène autour de lui des familles des victimes de Parkland. Si la loi est jugée comme une sorte de simulacre par les Démocrates qui ne l’ont pas votée elle a quand même provoqué une riposte de la NRA qui a attaqué en justice la loi à peine votée. Le spectacle est encore plus drôle quand on sait que 67 Républicains qui l’ont votée sont eux-mêmes notés A ou A+ par la NRA. Le détail des appréciations des parlementaires de Floride par la NRA est donné ici par The Trace. Cette confusion dans les esprits Républicains qui se sont sentis obligés d’agir au moins de manière symbolique montre l’importance de l’évolution en cours qui n’a sans doute pas été provoquée par la seule fusillade de Parkland mais chemine souterrainement dans la société au moins depuis Sandy Hook.
A Washington.
Les Républicains et Donald Trump semblent en net désaccord sur ce sujet mais dans la pratique la décision du président de légiférer par voie administrative, décrets présidentiels et réformes procédurales opérées par le Ministère de la Justice rencontre le souhait de tous de na pas aller trop vite et trop loin. Sans doute en espérant que comme d’habitude l’émotion retombe d’elle-même et l’on puisse retourner aux affaires habituelles. A six mois d’ élections de mi-mandat que la plupart des médias présentent comme difficile pour le Grand Old Party la prudence est de mise avec un électorat Républicain balloté en tous sens par un président instable.
Le Ministère de la Justice a donc annoncé mettre en chantier une réforme qui interdirait les mécanismes qui transforment les armes ordinaires en semi-automatiques (bump stocks). La méthode utilisée est symptomatique. On procède par voie essentiellement administrative en faisant rentrer ces dispositifs dans la catégorie des armes automatiques (machine guns) qui sont en principe déjà sous le coup d’une interdiction au public. Ainsi on évite le débat parlementaire. Le bénéfice est double. La question n’est pas agitée devant l’opinion et le Congrès paut passer à autre chose. Il faut dire que le Coongrès a une priorité. Le gouvernement n’a toujours pas de budget définitif. L’arrangement trouvé début Février doit être renouvelé. On semble devoir se diriger vers la fin du feuilleton budgétaire car les Démocrates n’ont plus guère dde cartouches à tirer. Ils ont apparemment renoncé même à intégrer dans le débat les sujets qu’ils disaient prioritaires il y a quelques semaines : l’avenir des immigrants entrés mineurs sur le territoire (Dreamers) et justement le contrôle des armes à feu. Les problèmes électoraux ne frappent pas que les Républicains.
Dans la même veine d’astuce procédurale un sénateur Républicain fait de l’obstruction au passage de la loi dite FixNICS qui pourtant fait l’objet d’un accord assez général et est en instance depuis des années au Sénat. Cette loi permettrait de constituer enfin et faire vraiment fonctionner à l’échelle nationale la base de données des contrôles d’antécédents.
Finalement.
On avance tout doucement sur le terrain législatif et règlementaire. Rien ne dit que le travail que fait la société en silence ne ressurgira pas brusquement à la première occasion. Malheureusement cette occasion risque d’être signée par la mort de je ne sais combien de personnes.
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