J’ai sauté la semaine dernière, un peu loin de mes bases et manquant de temps.
L’essentiel de l’actualité des États-Unis d’Amérique de la semaine dernière s’est déroulée bien loin du territoire national puisque la Corée a tenu la vedette avec la rencontre à grand spectacle des dirigeants du nord et du sud symboliquement organisée autour de la ligne de démarcation. Si bien que la droite se met à rêver tout éveillée d’un prix Nobel de la paix pour Donald Trump qui évidemment a surenchéri puisque l’on reconnait ses mérites. Cette farce n’est rendue possible que par le prix Nobel bien légèrement attribué à Barack Obama en 2009. Ceci se produisant deux semaines avant que Trump ne mette le Proche-Orient à feu et à sang en répudiant l’accord sur le nucléaire iranien résonne de manière particulièrement sinistre. Faut-il espérer que l’orgueil de Donald Trump lui fasse préférer la perspective d’un discours de portée mondiale à Oslo à la poursuite de l’un de ses objectifs obsessionnels ? Après tout quelle serait la meilleure vengeance sur Obama dans la tête d’un Trump : détruire l’accord ou recevoir le même prix? Que deviendraient alors les conseils de John Bolton qui préconise une approche lybienne en Corée. On sait ce que ce cela a couté à Kadaffi.
Si Donald Trump tire la couverture à lui et tente de se faire créditer de l’évolution spectaculaire il est clair que Kim Jong-Un a joué très habilement. J’ai déjà exprimé mes doutes, alimentés par les avis d’experts militaires des États-Unis d’Amérique, sur le caractère opérationnel de la menace nord-coréenne dont il est douteux qu’elle ait pu en si peu de temps parvenir à maitriser les techniques de guidage des missiles, de rentrée dans l’atmosphère, de montage des têtes nucléaires sur les missiles. Les annonces des derniers jours sur l’état du site de développement des bombes nucléaires nord-coréen tendraient à confirmer le bluff qui se cacherait dans les rodomontades du président nord-coréen. Le président sud-coréen de son côté a su profiter de son élection pour faire le travail nécessaire au rapprochement. Et Trump a fait ce que l’on attendait de lui : il a réagi. L’importance de la caisse de résonance que constituent les médias nord-américains lui assure une visibilité qui fait de lui le vainqueur de la bataille de communication.
Le théâtre coréen a permis la confirmation de l’ascension de Mike Pompeo. La Maison-Blanche a démontré son savoir-faire en communication en révélant après coup la visite du ministre des Affaires Étrangères, alors non confirmé, et sa rencontre avec Kim Jong-Un. La conjoncture électorale qui contraint les sénateurs Démocrates en situation se réélection cet automne dans des états Républicains à donner des gages à l’électorat de droite a facilité le vote de confirmation et Mike Pompeo a pu ainsi repartir très rapidement pour le Proche-Orient continuer à construire la coalition anti-Iran. Le scénario pourrait bien être déjà écrit. La dénonciation, complète ou partielle, par Donald Trump de l’accord sur le nucléaire iranien serait suivi de frappes israéliennes sur des cibles iraniennes en Syrie ou peut-être en Iran. Des frappes suffisamment importantes et publiques pour les les iraniens n’aient guère d’alternative à la riposte militaire suffiraient à déclencher la mécanique infernale de l’embrasement. Le jeu des alliances ferait le reste. Ce terrain est d’autant plus favorable aux actions américano-israéliennes que la Russie et la Turquie seraient gênées pour intervenir vu leurs relations avec Israël.
Trumpian Wall
L’actualité internationale a relégué au second plan l’immigration et la frontière sud. L’arrivée de la caravane de demandeurs d’asile relance le débat. Le « déporteur en chef » de Trump, patron de l’administration de l’immigration (ICE=Immigration Control and Enforcemnet), nommé par Obama, a fini par démissionner avant une audience de confirmation problématique. Un des objectifs avoués de Mitch McConnell, patron Républicain du Sénat, semble d’ailleurs être de consacrer le maximum du temps de session de son assemblée à confirmer les nominations des candidates proposés par Donald Trump. Etant donné l’incertitude qui plane sur le résultat des élections de Novembre on le comprend. Les statistiques de la police des frontières montrent que la pression migratoire à la frontière a considérablement (12%) baissée.
Après Parkland.
Le contrôle des armes à feu n’est même plus un interdit dans les campagnes électorales dans un état pourtant pas massivement Démocrate : le Colorado. Jason Crow un candidat Démocrate peut choisir de faire campagne sur un programme explicite de contrôle des armes à feu.
Les jeunes gens de Parkland sont plus discrets mais n’ont pas disparus. La NRA tient sa réunion annuelle, où Trump doit prendre la parole après Mike Pence. La décision d’interdire les armes à feu lors du discours du vice-président montre un changement d’ambiance que n’a pas manqué de moquer un des lycéens survivants.
Le 6 Novembre – élections de mi-mandat.
Les enjeux majeurs de l’élections sont les majorités dans les deux assemblées fédérales. Trump a bien compris qui tente de dramatiser la possibilité de sa destitution en cas de victoire des Démocrates. Si la Chambre des Représentants semble accessible la reprise du Sénat reste très problématique. Les primaires des deux grands partis qui vont se dérouler semaine après semaine maintiendront le suspense jusqu’à l’été.
L’enquête de Robert Mueller
Les escarmouches entre l’avocat de Stormy Daniels et l’équipe Trump font maintenant partie du paysage mais l’attention se tourne maintenant vers Mihcael Cohen, avocat de Trump dont le tout-Whashington se demande q’il peut être retourné par les procureurs. Rappelons que son cas n’est pas traité par l’équipe Mueller mais par des procureurs de New-York. Question subsidiaire : s’il collabore, sera-t-il digne de confiance ?
Robert Mueller quant à lui a adressé une imposante liste de questions concernant Donald Trump depuis son intention en licenciant James Comey jusqu’aux liens avec les russes avant l’lélection. Il laisse ainsi flotter le doute sur le point central de son investigation : collusion pré-électorale ou obstruction post-électorale. Ainsi il ne facilite pas la préparation de la défense. Mais l’accélération des événements laisse présager un dénouement assez rapide.
A la semaine prochaine, si Trump et Netanyahou n’ont pas mis le feu à la planète entre-temps.
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.