La grande affaire de la semaine évidemment se passe en Syrie. Fidèle à sa manière et et à ce que soufflent les faucons maintenant installés à la Maison-Blanche avec John Bolton qui vient de prendre ses fonctions, Donald Trump a d’abord annoncé l’Apocalypse pour Bachar El Assad et ses parrains russes. Il a finit par se rendre aux arguments des militaires, de ses conseillers diplomatiques et des alliés britanniques qui confortent sa position et participer aux frappes ponctuelles contre des installations syriennes supposées participer à l’arsenal chimique.
L’auto-satisfaction exprimée par Donald Trump d’un »Mission accomplished » qui fait écho à celui Georges W. Bush le 1 Mai 2003 fait évidemment apparaître au grand jour la faiblesse de l’action entreprise par rapport aux enjeux.
Tout a été dit avant et après sur ces frappes, leurs limites, leur illégalité au regard du droit des États-Unis d’Amérique comme du droit international. Retenons quelques leçons.Implicitement elles signifient en négatif l’autorisation laissée au régime syrien de faire ce qu’il veut à condition de ne pas laisser penser à l’opinion internationale qu’il utilise des armes considérées comme immorales défendues (chimiques), comme si les fûts d’explosifs ou les bombes incendiaires ne tuaient aussi en masse.
La légitimité morale de l’action contre un régime qui frappe ainsi le peuple -pourquoi dit-on habituellement son peuple? En est-il propriétaire?- ne peut pas se résoudre à la légalité formelle. Au contraire la question posée et à laquelle aucun commentateur ne répond est celle de la mise en conformité des systèmes juridiques avec la situation réelle. Cette situation nous dit que la Constitution des États-Unis d’Amérique et la Charte des Nations-Unies ne sont plus opérantes et devraient sans doute être amendées. Mais cette réflexion même nous indique combien notre monde est chamboulé et manque de boussole.
Comme le fait remarquer à longueur d’articles toutjours intéressants Danny Sjursen à Truthdig les actions de son pays au Proche-Orient rassemblées sous le motif de la « guerre à la terreur » instaurée par Georges W. Bush et son père n’ont cessé de faire souffrir des civils, de déstabiliser la région et de miner la crédibilité de l’empire américain.

Une semaine à Capitol Hill – Les partis, les votes, le reste.

L’événement de la semaine pourrait passer pour un épiphénomène du microcosme parlementaire Républicain s’il ne portait moult conséquences et n’appelait quelques commentaires. Après des mois de rumeurs Paul Ryan, le Speaker de la Chambre des Représentants leader des Républicains, a annoncé qu’il ne briguerait pas un nouveau mandat en Novembre. Il argue de raisons familiales plus que politiques pour expliquer sa décision. Quoi qu’il en soit elle met en évidence le problème de direction des Républicains et leurs divisions.
Le contexte particulier des élections de cette année rend incertain le maintien de la majorité Républicaine à la Chambre. Le Sénat semble beaucoup plus sûr en raison de la carte des mandats soumis à renouvellement. Or le choix du leader ne se pose pas dans les mêmes conditions suivant que l’on est majoritaire ou minoritaire. La parti qui dirige la Chambre a besoin d’une personne qui soit force de propositions politiques en même temps qu’en position de négocier avec le président. Le leader de la minorité présente un tout autre profil de combattant qui ne ressemble pas à celui de Paul Ryan.
Par ailleurs le groupe parlementaire est profondément divisé avec une importante minorité d’une quarantaine de députés de droite ultra-conservatrice regroupés dans le Freedom Caucus capables de bloquer des votes, surtout en cas de majorité réduite.
Enfin, et plus anecdotique, le siège de Paul Ryan pourrait devenir fragile en l’absence d’un sortant fort. Le candidat Démocrate le plus en vue est un militant syndicaliste, Randy Bryce, qui doit encore gagner la primaire pour être confirmé. Le Wisconsin fait partie des états qui ont donné la victoire à Donald Trump en 2016. Même si les Démocrates ne regagnent pas l’état en 2018 la perte du siège occupé plusieurs législatures par une des vedettes les plus en vue du Parti Républicain serait une alarme de plus.

L’enquête de Robert Mueller

Sans que L’équipe de Robert Mueller n’ai fait connaître de nouvelle action la Maison-Blanche a senti le vent du boulet une fois de plus avec les perquisitions du FBI dans les locaux de l’avocat de Donald Trump, Michael Cohen, celui qui a payé l’actrice Stormy Daniels pour la contraindre au silence sur son affaire avec le président. Le mandat ne venait pas de l’équipe Mueller mais de procureurs de l’état de New-York qui mènent une autre investigation. Comme à l’accoutumée les rumeurs de la colère trumpienne ont fleuri. Il a même affirmé que c’était la fin du secret de la relation avocat-client sous-entendant que les enquêteurs ont agi dans l’illégalité. Ce qui est évidemment faux.

La Maison-Blanche – Super Donald et ses copains.

La Syrie et les affaires internationales ont fait passer au second plan tout le reste. La confirmation de Mike Pompeo au ministère des Affaires Étrangères et surtout de la directrice de la CIA ne passent pas comme une lettre à la poste au Sénat. Dans une certaine mesure on peut se demander si l’insistance de toute l’opposition à Trump sur la composante russe des enquêtes en cours n’a pas encouragé la décision de frapper en Syrie. Trump peut ainsi à bon compte se donner une image de dur vis-à-vis de la Russie.

Les affaires – Petit Donald et sa famille.

Les affaires personnelles de Donald Trump sont apparues cette semaine surtout par l’intermédiaire de son avocat Michael Cohen devenu personnellement la cible d’une enquête officielle. Avocat de longue date du président Cohen pourrait être impliqué dans d’autres affaires plus anciennes que celles évoquées jusqu’à présent. Si ces affaires ne peuvent pas juridiquement entrer dans le cadre des procédures relatives à l’élection présidentielle de 2016 elles peuvent contribuer à la dégradation de l’image du président dans l’opinion et en particulier dans sa base évangéliste. On sait que le soutien de ce noyau dur Républicain verrouille l’alliance entre Trump et l’appareil du parti.
Le livre de James Comey, directeur du FBI dont les conditions du licenciement font partie du volet obstruction de l’enquête Mueller, parait ce Mardi. Quelques éléments ont fuité dans la presse qui n’apportent rien de déterminant pour l’instant.

A la semaine prochaine.