Une semaine riche en événements qui a vu Donald Trump annoncer sans concertation avec les Affaires Étrangères ou la Défense  le retrait de Syrie plus ou moins démenti par la suite, puis l’envoi de troupes, la Garde Nationale, sur la frontière Sud faute d’avoir pu financer de manière significative la construction du Mur de Trump. Au passage, et toujours d’après des informations recueillies à sa source habituelle, Fox News, il a déliré sur le convoi de migrants en route pour assiéger le pays, convoi dans lequel les pires horreurs, des viols de masse, se produiraient. Il s’agissait d’une manifestation de gens venus depuis le Honduras pour réclamer le droit d’asile. Trump a donc construit le mythe de la menace d’un convoi de migrants en route pour prendre d’assaut la frontière à partir de l’information sur une réelle manifestation annuelle organisée par l’organisation « Pueblos Sin Fronteras » (Peuples sans Frontières) qui remontait à travers le Mexique.

En Californie la mort de Stephon Clark, tué par la police de balles dans le dos dans son jardin a relancé le débat sur les violences policières à l’égard de la population noire. Et la tension ne baisse guère.

Le mouvement social s’invite au bal avec les enseignants qui protestent vigoureusement et peut-être victorieusement  dans des états du Sud qui ont laissé le système éducatif dépérir. Parti de Virginie Occidentale le mouvement est passé par l’Oklahoma et le Kentucky avant de s’étendre à l’Arizona et peut-être plus loin.  Ces états ont en commun d’avoir été emportés par Donald Trump en 2016 et de passer des mesures de réduction d’impôts et de baisses des financements du système public d’éducation. En Oklahoma la gouverneure Républicaine a signé une mesure d’augmentation massive des salaires des personnels sans calmer la colère des enseignants qui réclament aussi des subsides pour leurs écoles.

Après Parkland.

Comme je le remarquais la semaine dernière le mouvement impulsé par les jeunes après la fusillade de Parkland ne pourra marquer une véritable rupture avec le passé sans prendre en compte la question raciale, et la question des violences aux femmes. Les intervenantes de la « Marche pour nos vies » ont montré le chemin. Mais là réside aussi la force particulière du mouvement.
Les communautés de couleur étant les plus touchées par la violence des armes à feu la prise en compte de cette question est une condition de la survie et la progression du mouvement.

Les mesures prises dans les états doivent passer aussi l’épreuve de la justice. Au Massachussets un juge valide l’interdiction des armes de guerre.  La bataille à coup sûr va continuer

 

Le 6 Novembre – élections de mi-mandat.

La peur de la vague anti-Trump commence à frigorifier les Républicains. Ils ne reculent devant rien pour déséquilibrer le pouvoir à l’avantage de la branche exécutive dans cette perspective. Le gouverneur du Wisconsin, Scott Walker, après avoir perdu une bataille sur la tenue d’une élection partielle souhaite maintenant supprimer le poste élu de trésorier de l’état qui existe depuis la création de l’état. Cela s’inscrit dans la foulée d’une série d’opérations qui ont déjà restreint le pouvoir de contrôle des électeurs (passage des mandats de 2 à 4 ans) et concentré le pouvoir entre les mains du gouverneur. Il devrait se méfier des retournements de majorité.
Les découpages de circonscriptions fournisse un autre champ de batauille. Après une première décision à propos de la Cour de Pennsylvanie la Cour Suprême se défausse et laisse en l’état les découpages électoraux dans les états. La question est juridiquement complexe car les lois diffèrent d’un état à l’autre et interfèrent avec les principes constitutionnels fédéraux pour former un ensemble difficile à gérer.
Une Démocrate a gagné un siège à la Cour Suprême du Wisconsin gagné par  contre la tendance existant depuis des décennies (1995) . Une alerte de plus pour le GOP au Wisconsin devenu un état-bascule en 2016 et le lieu d’élection de Paul Ryan. Le siège de Ryan n’est pas en principe en danger cette année. Sa défaite serait un cataclysme. Le Winsconsin présente un enjeu majeur pour les Démocrates. Si la sénatrice Tammy Baldwin devait perdre son siège tout espoir de regagner le Sénat ou même de limiter la majorité Républicaine deviendrait illusoire.

 

Une semaine à Capitol Hill – Les partis, les votes, le reste.
Le programme politique Républicain s’évanouit. Les baisses d’impôts des riches et puis… plus rien.
Ils peuvent faire semblant de préparer un amendement constitutionnel pour inscrire l’obligation d’un budget en équilibre, la fameuse « règle d’or » qui plait tant aux économistes orthodoxes. Cet amendement n’a aucune chance de passer dans les conditions actuelles. Les contradictions internes sont telles que pour arracher l’accord des plus conservateurs au vote de la réforme fiscale Paul Ryan a du faire cette promesse de faire discuter l’amendement qui ne lui a pas coûté beaucoup étant donné les conditions.
Le comportement douteux de Scott Pruitt nommé par Donald Trump à la tête de l’EPA, l’agence de l’environnement, commence à faire tache.  Il a largement profité de sa position et en fait profiter des proches. Trump l’a soutenu. Mais maintenant même son camp commence à ruer dans les brancards.

 

L’enquête de Robert Mueller

Petit à petit, patiemment Mueller tisse sa toile. Cette politique des petits pas ne permet pas à Donald Trump de réagir violemment à ce qu’il pourrait  considérer comme outrancier. Coup sur coup on apprend que le Ministère de la Justice a bien mandaté Mueller pour enquêter sur les actes de Paul Manafort en collusion avec les Russes et que la première condamnation résultant de l’enquête vient d’être prononcée par un juge. Il s’agit d’une condamnation relativement légère, 30 jours de prison et 20000$ d’amende, à Alex van der Zwaan l’avocat néerlandais en affaire avec Rick Gates, l’associé de Manafort. Étant donné que van der Zwaan a plaidé coupable et donc collaboré avec les enquêteurs on ne peut guère tirer de conclusions de la légèreté des peines. Chaque fois qu’un acte de l’enquête de Robert Mueller a été rendu public cela sonne comme un message envoyé aux autres protagonistes de l’affaire, ceux qui sont déjà inquiétés et surtout les autres.
Plus des 2/3 des électeurs approuvent la nomination d’un second procureur spécial pour enquêter sur l’action du FBI durant la campagne électorale de 2016. Dans l’esprit des Républicains cela revient à enquêter sur l’enquêteur Mueller mais sans doute pas dans la pratique. Le Ministre de la Justice, Jeff Sessions, dont la relation avec Trump est des plus chaotique l’a d’ailleurs refusé.
Ce mercredi on apprend une nouvelle que Donald Trump va pouvoir claironner urbi et orbi. Robert Mueller aurait dit aux avocats du président que celui-ci n’est pas cible de l’enquête pour des faits de collusion.

Mais il aurait ajouté qu’il doit l’entendre pour déterminer la qualification de ses actions à propos de l’investigation. Donc actuellement la situation serait : Trump n’est pas personnellement visé, son équipe de campagne pourrait l’être pour les faits de collusion. Mais pour ce qui est de l’obstruction à la justice tout reste ouvert.
Le rapport de Robert Mueller sur l’obstruction pourrait sortir en Juin-Juillet. Trump n’est pas pour autant sorti d’affaire. Mueller n’a pour l’instant pas commis de faute de communication ni semble-t-il de faute de procédure. Cette manière de rassurer le camp du président peut se révéler d’autant plus anxiogène pour un Donald à la mentalité d’assiégé.

La lecture des mêmes faits par des commentateurs différents produit des résultats apparemment contradictoires.

juste avant le début de la course électorale du mi-mandat. Ceci n’est qu’une partie de l’enquête et ne la clôturera pas.
Quoi qu’il laisse fuiter Robert Mueller continue à ronger l’os de l’ingérence russe par la campagne Trump.https://slate.com/news-and-politics/2018/04/mueller-team-reportedly-questioned-russian-oligarchs-arriving-in-us-about-trump-financial-links.html
Son équipe interroge des oligarques russes arrivant aux E.U.A. sur leurs liens financiers avec la galaxie Trump. Cela peut être interprété de deux manières : le réseau d’indices s’étoffe ou bien il est toujours à la pêche d’informations concluantes. A chacun de choisir mais la seule chose certaine est que nous devons attendre la suite pour savoir.

 

La Maison-Blanche – Super Donald et ses copains.

Il invite le chroniqueur d’extrême-droite Sean Hannity à dîner à Mar-a-Lago. Concertation entre amis ou entretien d’embauche pour le poste de directeur de la communication de la Maison-Blanche libéré par le départ de Hope Hicks. Il est vrai qu’entre la positon de Hannity à Fox News et la com de la Maison-Blanche la différence est mince.
Encore un qui quitte la Maison-Blanche .Le conseiller pour l’infrastructure démissionne. Le projet présenté au Congrès semble au point mort comme l’essentiel des projets législatifs d’importance gelés par la conjoncture électorale.

 

 

Les affaires – Petit Donald et sa famille.

Donald Trump se serait étonné en assistant à un tir de drone destiné à tuer un supposé terroriste que les opérateurs évitent de tuer la famille de la cible et attendent qu’i se soit écarté d esa maison pour lancer le tir.

Et Vox a formulé les deux questions en suspens, renforcées par les rumeurs de peu ragoutantes photos que Stormy Daniels pourraient garder dans sa manche.
Trump demande aux parlementaires de mettre fin à l’obstruction qui permet de bloquer les décisions qui n’obtiennent 60 voix sur 100 au Sénat. Il met fin à l’espoir d’un accord sur les jeunes immigrés entrés illégalement sur le territoire. Il a sans doute cru que ses grandes capacités de négociateurs s’exprimaient dans l’ultimatum aux Démocrates : « le financement du Mur Trumpien contre la protection de ces mineurs ». Aurait-il mal joué ? La cause des « Dreamers » est populaire même chez les Républicains et pourrait se révéler déterminante dans le votes des populations d’origine hispanique.
La modification des règles du Sénat pour faciliter le passage de lois de circonstance reste mal vue des sénateurs Républicains qui se souviennent qu’ils ont pu bloquer longtemps l’Obamacare grâce au dispositif de « filibuster » et qu’ils ne sont pas assurés de conserver la majorité cet automne.

Trumpian Wall

Transformer l’immigration en mouvement de masse permet à Donald Trump de de rugir contre ses adversaires, de mélanger les sujets (immigration, violence, sécurité, opposition des Démocrates).

Les données officielles ne montrent pourtant pas une situation catastrophique. Les arrestations sur la frontière sont en baisse constante.
Et en attendant le Mur de Trump il ajoute l’armée au gardes frontière. La rhétorique guerrière auto-alimente la rage trumpienne. Une telle annonce garantit le maximum de titres dans la presse.

Le coût d’une telle mesure est sans rapport avec les faibles résultat qu’elle peut apporter comme le prouve l’expérience de Barack Obama et de Georges W. Bush. L’obstination de Donald Trump à militariser la frontière nous dit au moins trois choses, pas vraiment nouvelles. D’abord il se prends toujours pour un roi de droit divin qui peut disposer à sa guise des ressources -de toutes les ressources de l’état. Ensuite sa fascination pour les militaires reste inchangée. Tout comme son mépris de la loi puisque la loi c’est lui. Enfin il reste admiratif des militaires, absolu de la force mais aussi à l’obéissance garantie (en principe).

A la semaine prochaine.