Entre Mueller et Trump la guerre est déclarée.
Ceux qui se demandaient si l’enquête de Robert Mueller irait au-delà des élections de mi-mandat ont eu leur réponse cette semaine. Il est toujours aussi difficile de savoir vers quelle issue on s’oriente mais nous venons d’entrer dans une nouvelle phase qui pourrait bien être celle de la conclusion de l’enquête.
La publication par la Maison-Blanche des questions soumises par l’équipe Mueller en vue d’un interrogatoire de Donald Trump la semaine dernière a signé le déclenchement des hostilités. Alors que les deux équipes de juristes de Donald Trump, en tant que président et en tant que personne privée acceptaient l’idée de collaborer avec Robert Mueller et d’organiser l’entretien il n’en est plus question.
Le principal avocat qui soutenait l’hypothèse de collaboration Ty Cobb a été remercié. Malgré les tentatives de déguiser cela comme un départ organisé de longue date personne n’est dupe.
Il est remplacé par Emmet Flood, avocat vétéran de Washington qui a même défendu Bill Clinton en son temps. Plus encore il a travaillé sous Georges W. Bush sur les questions liées aux droits spécifiques du président de parfois faire exception à la loi (executive privilege). Ce renouvellement de personnel signale un changement de posture de la part de Donald Trump. Il confirme ainsi des tweets récent qui annonçaient une attitude offensive dans laquelle il pourrait s’impliquer personnellement.
Parmi les casseroles que tire Donald Trump les plus scabreuses viennent de ses, pour l’instant supposées, frasques sexuelles dont la plus connues est une affaire datant de dix ans avec l’actrice de films « pour adultes » Stormy Daniels. Michael Cohen, avocat personnel de Trump depuis de longues années s’est chargé de traiter le dossier et en particulier, juste avant la date de l’élection de 2016, de payer l’actrice (130000$) pour qu’elle s’engage à ne rien révéler. Mueller a abandonné ce versant de l’enquête qui ne correspond pas clairement à son mandat à une équipe de procureurs de (l’état de) New-York. Il a ainsi purgé sa propre enquête des aspects les plus gênants. De son côté Stormy Daniels a trouvé l’avocat qui convient. Michael Avenatti, une force de la nature qui n’a peur de rien et surtout pas de Donald Trump. Ils font pour l’instant un parcours médiatique et judiciaire sans faute.
Contrairement à Rudy Giuliani, l’ex-maire de la ville de New-York et soutien acharné de Donald Trump à qui le président a confié la direction de son équipe de défenseurs. En quarante-huit heures Giuliani a réussi a dire à peu près tout et son contraire à propos de l’affaire Stormy Daniels. Il a a en particulier avoué peut-être contre la volonté de son patron que celui-ci a bien remboursé là Michael Cohen les 130000$ payés à l’actrice. En plus de provoquer des mises aux points et des démentis en cascade ce point ouvre une discussion sur la possibilité que ce remboursement soit une infraction à la loi sur le financement des élections. L’équipe Trump est tellement désemparée que même Kellyanne Conway qui n’hésitait pas en tant que porte-parole à s’impliquer a refusé de se prononcer sur ces paiements. Le comique de la situation n’a pas échappé à l’humoriste John Oliver qui a développé comment Giuliani a pu gaspiller en deux jours la crédibilité acquise lors 11 Septembre.
Robert Mueller continue a jouer le sphinx et à en dire le moins possible au contraire de Michael Avenatti. Ce silence a pour résultat de laisser toutes les hypothèses ouvertes sur ce que contient son dossier et les preuves qui y figurent. La première escarmouche de la nouvelle bataille entre les deux camps s’est déroulé dans un tribunal où le juge Ellis a mis en doute la conformité des accusations de Mueller à l’encontre de Paul Manafort, ancien directeur de campagne de Donald Trump avec le mandat délivré au procureur spécial. Si ces accusations de malversations financières anciennes liées principalement au travail de Manafort avec le parti pro-russe en Ukraine devaient être annulées l’enquête perdrait en crédibilité et en capacité de pression sur les témoins. La réponse de l’équipe Mueller a été d’une sobriété bien dans la ligne : « Nous sommes bien conscients du contenu de notre mandat ». Comprenne qui pourra. Soit cela signifie qu’ils n’ont rien à dire, soit qu’ils ont biens les preuves qui lient ces malversations à l’ingérence dans la campagne.
Les Républicains accusent souvent l’enquête Mueller d’avoir trop durée. En fait si on la compare aux précédentes enquêtes de procureurs spéciaux elle a produit très rapidement des inculpations.

La collision avec les élections de Novembre est maintenant inéluctable, quoiqu’en pensent les Républicains. L’évolution de la situation dépend en partie de Donald Trump et reste assez imprévisible.
Trumpian Wall.
L’immigation clandestine a retrouvé son niveau d’avant Trump si on en croit les statistiques de la police des frontières (Border Patrol). Les arrestations avaient baissé après l’élection de Donald Trump. L’immigration réelle reste assez difficile à évaluer. La majorité des immigrants ne rentrent pas en passant illégalement la frontière mais arrivent avec des visas de touristes et ne repartent pas.
Après Parkland.
Il n’y avait pas que la NRA dans les rues de Dallas. Les mouvements étudiants comme « Rally 4 Reform » ou « StudentMarch » et les mouvements d’opinion comme la coalition « #NoNra » menée par des vedettes de la télévision ont manifesté.
La Convention de la NRA a été l’occasion de désigner un nouveau président, poste représentatif et non opérationnel, en la personne d’Oliver North. Personnalité connue de la droite il s’est fait connaitre pour des agissements illégaux sous Reagan. Il a entre autres utilisé l’argent de ventes d’armes aux iraniens, mal vu actuellement, pour financer des actions contre la gauche nicaraguayenne. Adopter comme personnalité phare de l’organisation un homme aussi controversé porte-t-il un message ?
Le 6 Novembre – élections de mi-mandat.
Ce mardi (8 Mai 2018) nous entrons dans la grande séquence des élections primaires, et donc dans la période électorale.
Les Républicains sont confrontés à des risques sérieux dans certains états comme la Virginie Occidentale où un propriétaire de mines condamné pour sa responsabilité dans un accident qui a causé la mort de 29 personnes mène les derniers sondages. Donald Trump s’est cru obligé de conseiller aux Républicains de ne pas voter pour ce candidat qui est pourtant le plus proche de ses positions car il peut difficilement être élu au Sénat cet automne. Dans l’Ohio la succession du gouverneur John Kasich est ouverte car il ne peut plus briguer de nouveau mandat. Il se prépare sans doute à se présenter contre Trump en 2020, éventuellement comme indépendant.
Les Démocrates sont confrontés en Californie à un dilemme de riches. L’enthousiasme de leurs rangs a suscité de nombreuses candidatures. Le système de « jungle primary » dans l’état met en concurrence dans la même élection primaire tous les candidats. Les deux premiers sont sélectionnés quel que soit leur appartenance. un parti présentant beaucoup de candidats risque donc de diviser ses voix et de laisser les deux premières places à l’autre parti tout en ayant recueilli la majorité des votes. Les ténors Républicains Dana Rorhabacher, Darrel Issa ou Devin Nunes pourraient ainsi sauver leurs sièges sans avoir d’opposition en Novembre. Par ailleurs une sur-représentation Démocrate de l’état poserait un problème démocratique si l’opinion républicaine n’avait pas un nombre d’élus normal.
Une semaine à Capitol Hill – Les partis, les votes, le reste.
La commission juridique du Sénat a adopté une proposition de loi qui protégerait les procureur spéciaux comme Robert Mueller contre les attaques de l’exécutif. Elle n’a aucune chance d’être votée dans aucune des deux chambres mais exprime bien un message au président et à l’opinion.
Les sénateurs Bob Corker (R) et Tim Kaine (D) se sont mis d’accord pour proposer une loi qui redonne au Congrès les moyens de contrôler les actions militaires décidées par l’exécutif. Depuis le 11 Septembre 2018 les présidents, y compris Barack Obama ont engagé le pays dans une guerre sans fin (Forever War) sur la base des votes du Congrès en 2001 et 2002. Ces AUMF (Authorization for Use of Miltary Force) sont rédigées en termes généraux et potentiellement en contradiction avec la Constitution qui spécifie que le seul Congrès est apte à déclarer la guerre.
Cette proposition n’a guère de chance d’arriver au bout du parcours car l’opinion soutient les actions militaires comme les bombardements sur la Syrie, au moins tant qu’elles n’incluent pas l’envoi massif de troupes au sol.
La représentante Barbara Lee avait été la seule a refuser de voter une autorisation sans limite en 2001 et elle n’a cessé de se battre contre le blanc-seing ainsi donné au président.

Le chanteur militant David Rovics a célébré Barabara Lee dans cette chanson (les paroles en bas de la page).
Et le social
Les grèves des enseignants pour la revalorisation des moyens de l’éducation n’ont pas cessé et commencent à s’attirer des représailles comme au Kentucky où le gouverneur tente maintenant de privatiser le plus grand complexe éducatif de l’état.
La Cour Suprême de Californie a confirmé que les chauffeurs Uber ou Lyft doivent être considérés comme des salariés, avec les protections afférentes et non comme des entrepreneurs indépendants.
A suivre cette semaine
les primaires de mardi et bien sûr les décisions sur l’accord iranien.
A la semaine prochaine.
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