L’accord sur le nucléaire iranien.
Que peut-on écrire de la grande affaire de la semaine dernière? Les médias se sont tant répandues à ce sujet qu’il est devenu impossible d’émettre quoi que ce soit d’audible. La suite demeure très incertaine entre la rhétorique belliqueuse de John Bolton et le besoin de Donald Trump de faire mobiliser la nation derrière lui. On peut se souvenir de la suggestion de Sheldon Adelson datant de plusieurs années de nucléariser l’Iran avant même de négocier quoi que ce soit. Le même Sheldon Adelson, magnat des casinos de Las Vegas et grand financier des Républicain vient de verser 30 millions de dollars dans les caisses électorales du parti.
Dans le contexte la présence de la fille de Donald Trump à l’occasion du transfert de l’ambassade ne peut être interprétée que comme un pas de de plus dans l’offensive même si la justification sera évidemment la religion juive qu’elle a adoptée lors de son mariage avec Jared Kushner.
Trumpian Wall.
Sur le front sud la date du Fandango Fronterizo se rapproche, le 26 Mai. Ce rassemblement de part et d’autre de la barrière à San Diego se tiendra pour la onzième fois. Il s’agit de faire de la musique ensemble des deux côtés. A cet endroit la frontière est matérialisée par deux barrières séparées d’un no-man’s land de quelques mètres qui n’interdisent pas le passage des sons. L’initiative a fait des petits le long de la ligne de démarcation et se retrouve en d’autres endroits. D’autres initiatives de vie sociale inter-frontalière existent comme dans la zone El Paso-+Ciudad Juarez avec un service de partage de bicyclettes. Cette zone de près de 3 millions d’habitants est la seconde en population à cheval sur la frontière après Tijuana-San Diego. Les initiatives de ce genre doivent être particulièrement irritantes pour un Donald Trump qui a récemment explosé de colère en réunion du Cabinet contre la Secrétaire d’état à la Sécurité Intérieure incapable selon lui de fermer la frontière. La cause en serait les statistiques d’arrestations pour défaut de papiers à la frontière revenues à leur niveau d’avant l’élection de 2016. L’arrivée de Donald Trump semblait avoir eu un effet dissuasif pour les candidats à l’immigration. Cet effet se diluant avec le temps les mêmes causes produisent les mêmes effets. Et ce ne sont pas les promesses de ramener les emplois qui vont faire baisser l’attraction. Au-delà de la curieuse incapacité du président à comprendre qu’une frontière ne se ferme pas comme un robinet le problème politique qu’il a créé en clamant que la frontière est une passoire ne peut pas se résoudre de lui-même. Au final il est du reste le seul à pouvoir décrété que le problème est résolu.
Après Parkland.
Si les jeunes gens de la génération Parkland se sont montré discrets ils sont toujours là comme l’a montré cette rescapée qui célèbre trois mois après la fusillade être débarrassée des projectiles qui la défiguraient.
Le 6 Novembre – élections de mi-mandat, mais pas seulement.
Si l’enjeu principal identifié par tous et Donald Trump en premier restera la reprise ou pas de la Chambre des Représentants par une majorité de députés Démocrates le long terme se jouera aussi dans les élections des assemblées des états et dans les elections locales.
La cause du Sénat semble être à peu près entendue. En l’absence d’événements inattendu les Démocrates peuvent ua mieux espérer compenser les probables pertes de quelques sièges comme celui de Joe Manchin par de gains comme celui du siège de Jeff Flake. En Arizona la question de la présence de John McCain, élu en 2016 pour 6 ans, sur les bancs du Sénat se pose du fait de son état de santé. Il n’est pas revenu à Washington depuis le début de l’année. Les sénateurs Démocrates élus dans des états Républicains, typiquement Manchin et Donnelly, donnent des gages à leur électorat local sans aucun résultat dans les sondages. Donald Trump a bien vu la faiblesse de ces sénateurs et deux jours après la primaire a tenu un meeting en Indiana contre Joe Donnelly.
La Chambre des Représentants constitue donc l’objectif principal des Démocrates sans que pour l’instant la victoire soit très assurée. Ils ne décollent pas des 5 à 6 pour-cent d’avance que les experts pensent insuffisants pour combler les handicaps du découpage électoral et du chronique défaut de participation de leur camp aux élections intermédiaires.
Les états et les grandes villes étant devenus des lieux de résistance au pouvoir trumpien les élections régionales et locales ont pris de l’importances. L’enthousiasme de la base Démocrate a provoqué un afflux de candidats parfois dangereux comme en Californie mais qui peut rendre optimiste. Ces élections sont aussi l’occasion de procéder à des reclassements au sein de chaque camp. Les affrontements entre trumpistes et Républicains classiques ne vont pas manquer. Chez les Démocrates l’affrontement entre les vieux Démocrates « de Wall Street » et la vague mobilisée par la campagne de Bernie Sanders ne peut guère être mieux illustrée que par la situation à New-York. L’actrice Cynthia Nixon défie la dynastie Cuomo pour le poste de gouverneur. Andrew Cuomo, fils de gouverneur de l’état et frère de présentateur vedette de CNN, s’est souvenu récemment de son passé de candidat écologiste. Ses manœuvres à l’assemblée de l’état où il a couvert un groupe de pseudo-Démocrates qui l’affranchit de toute obligation, lui a fait perdre le soutien d’un groupe important de l’état : le Workers Family Party. La législation particulière de l’état permet à un candidat de concourir pour deux partis. La candidature de Zephyr Teachout, héroïne de la gauche de l’état, au poste de ministre de la justice semble se préciser. Etant donné la place de cette juridiction dans les enquêtes autour de Donald Trump le rôle de cet Attorney General sera capital.
Les primaires de la semaine dernière ont donné des résultats mitigés.
Les vainqueurs : les femmes et l’establishment Démocrate.
Les 2/3 des femmes candidates pour la Chambre gagnent leurs primaires. Au Texas en Mars 24 femmes sur 32 Démocrates ont ainsi gagné le premier round de leurs primaires. Au final chez les Démocrates 22 et chez les Républicains 5. Le Center for American Women and Politics de la Rutgers University étudie spécifiquement cet aspect. L’organisation féministe Emily List (federal Political Action Committe) qui soutient les candidatures de femmes a constaté une très forte augmentation des candidatures. Dans l’Ohio où le gouverneur John Kasich ne pouvait pas se représenter et se prépare à jouer le recours modéré contre Trump en 2020 un des vieux héros de la gauche se présentait contre un candidat soutenu par Elizabeth Warren. Dennis Kucinich est célèbre pour avoir refusé alors qu’il était maire de Cleveland -et plus jeune maire d’une grande cité à l’époque- refusé de vendre la régie municipale de l’électricité à des investisseurs financiers. Cela lui couta la mairie mais des décennies plus tard tout le monde reconnait que les habitants en sont gagnants contre les banques. Parfois incontrôlable Kucinich a été battu par Richard Cordray, directeur du Consumer Protection Bureau limogé par l’administration Trump. Le soutien de Warren et son action au CFPB donnent à Cordray une image progressiste même si comme Warren il n’est pas incompatible avec la direction centriste du Parti Démocrate. Je suis souvent en désaccord avec mes amis au sujet d’Elizabeth Warren dont je pense qu’il serait hasardeux de surestimer le caractère progressiste. Elle s’est montré à peu près irréprochable en matière économique et sociale alors qu’elle a eu tendance à s’aligner sur les positions douteuses de Hilary Clinton en matière internationale.
En Indiana le sénateur Donnelly a vu élu en face de lui un Républicain bien placé pour le battre, Mike Braun. Donald Trump ne s’y est pas trompé. Deux jours plus tard il tenait meeting dans l’état contre le sénateur sortant.
Dans l’Ohio une proposition modérée de nouvelle procédure de cartographie électorale est facilement passée. Sans être révolutionnaire cette loi apportera plus de transparence tout en laissant le découpage électoral aux mains des politiciens plutôt qu’à une commission indépendante. Encore une fois la présence de John Kasich qui joue une partie serrée peut ne pas être étrangère à cette situation peu courante d’un état dirigé par les Républicains, sévèrement charcuté et qui propose de changer la loi au risque de perdre leur majorité.
Les extrémistes trumpiens ont perdu en la personne de Don Blankenship en Virginie Occidentale ou Trump a du désavouer celui qui se présentait comme « Trump avant Trump » car il n’avait guère de chance de gagner l’élection générale. La crainte de perdre la majorité au Sénat a été la plus forte.
L’enquête de Robert Mueller.
Si les enquêteurs restent discrets comme à leur habitude les nouvelles sont venues de la périphérie : l’enquête sur Michael Cohen, l’avocat de Trump. L’avocat de Stormy Daniels a donné une impulsion déterminante a ce versant en dévoilant des clients d’une société créée par Cohen parmi lesquels au moins une société russe dirigée par un proche de Poutine. Il pourrait s’agir du premier lien réel entre l’environnement de la campagne de 2016 et des interlocuteurs russes. Plusieurs des sociétés citées comme clientes de Cohen ont d’ailleurs été approchées par Mueller il y a déjà plusieurs semaines.
Les enquêteurs gardent leur calme mais l’autre camp se met en ordre de marche. Nous avons vu la semaine dernière la mobilisation plus ou moins heureuse de Rudy Giuliani. Cette semaine Mike Pence est venu apporter sa part à l’effort en affirmant que l’enquête a assez duré. L’affirmation de Giuliani à la presse que son camp est passé de la défense à l’attaque ne se traduit pas encore par des gestes spectaculaires mais les signes s’accumulent de la volonté de Donald Trump de se battre pied à pied. Les sondages montrent une opinion franchement polarisée sur la question de savoir si l’enquête est politiquement biaisée. Mais les Républicains, sur la défensive sont beaucoup plus massivement convaincus (73%) que les Démocrates ne le sont du contraire..
A la semaine prochaine
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