Dans un mouvement à signification douteuse Jeff Flake relance le suspense et se met en évidence. Il joue gagnant car il peut aussi bien avec une semaine d’enquête aider l’un ou l’autre des camps. Si l’enquête découvre des preuves il devient le « NoTrumper » en chef. Si elle échoue il dédouane Kavanaugh et libère les hésitants de leurs scrupules.

Les événements s’enchaînent si vite qu’il est imprudent de préparer un billet sans publier immédiatement sous peine d’être frappé d’obsolescence. Resté sur l’information du vote positif annoncé par Jeff Flake je sors de table ce soir pour apprendre par un coup de téléphone que le FBI a une semaine pour enquêter avant que le processus se poursuivre. En fait Jeff Flake a négocié cette semaine contre son vote favorable à la poursuite de la procédure. Par rapport au plan initial qui prévoyait un vote Mardi les opposants à Kavanaugh ont gagné 3 jours de répit mais aussi un embryon d’enquête et une petite contrariété pour Donald Trump ce qui est toujours bon à prendre. Les arguments de Jeff Flake sont intéressants à lire. Il prend arguments de la présomption d’innocence qui doit présider au débats juridique dans le pays. Il reste donc dans la droite ligne du parti. Contrairement à Dianne Feinstein qui annonçait que l’audition n’était pas le jugement de Christine Blasey Ford mais l’entretien d’embauche à la Cour Suprême de Brett Kavanaugh. Posée de cette manière la question n’impose pas de lever le doute sur sa culpabilité mais sur sa moralité.
Flake joue avec nos nerfs et peut-être avec le feu mais son astuce peut viser à donner de bonnes excuses aux hésitants pour voter oui à  Kavanaugh en prétextant que tout et même plus a été vainement fait pour prouver la vraisemblance des accusations. Il peut ainsi dégager le champ pour le vote favorable de Susan Collins, de Lisa Murkowski et même du Démocrate Joe Manchin. Si Flake veut effectivement jouer la posture morale contre Trump il devra aller jusqu’au bout Vendredi prochain. On se souvient qu’il a eu des ambitions présidentielles et que se retrouver en position de sauveur d’un Parti Républicain post-trumpien peut être un plan de moyen terme. un plan à haut risque car ce jour-là il y aura de la concurrence.

D’autres demandent un complément d’enquête et une pause de la procédure pour ce faire même parmi les Républicains. Quatre gouverneurs Républicains : John Kasich (OH), Charllie Baker (MA), Larry Hogan (MD) et Phil Scott (VT). Élus d’états Démocrates ils n’ont jamais été des trumpistes acharnés. Kasich a encore des prétentions présidentielles et pourrait jouer le recours en cas de problème pour Donald Trump.
L' »American Bar Association », association du barreau américain qui groupe des juriste volontaires pour y adhérer a aussi écrit aux sénateurs leaders de deux paris à la Commission Juridique de demander une enquête complémentaire alors qu’elle avait initialement apportée son soutien au candidat de Trump. Ce n’est pas une organisation corporatiste représentative et elle a des vues progressistes sur des sujets critiques (peine de mort, races).
Plus étonnant « America » la revue des jésuites qui dirigent l’école où a étudié Kavanaugh se prononce aussi pour son retrait alors qu’elle lui avait donné son soutien elle aussi.

Quelques ardents soutiens de Trump n’admettent pas la situation. Ici il s’agit encore d’un intellectuel hors de l’appareil Républicain. Un autre signe de fracture qui augure mal du futur. Il dit : “Realistically, it is unlikely that the Senate will proceed in the manner of a court of law, because political truth has replaced scientific truth in our highly partisan age,” (Pour être réaliste il est improbable que le Sénat puisse ce conduire comme un tribunal parce que la vérité politique a remplacé la vérité scientifique dans notre époque hautement partisane). Si je suis en désaccord sur la manière de l’exprimer -l’usage des mots « vérité » et « scientifique » me semble très mal à-propos- je partage l’idée. Et écrire que je suis en accord pour une fois avec Alan Dershowitz me fait froid dans le dos. Deviendrais-je démocrate sur le tard?

Quelques réflexion en marge, largement inspirées par un billet de Kevin Drum de Mother Jones.

Il est certain que Kavanaugh a menti sur au mpins des points de comportement, la boisson et ses habitudes d’étudiant. Il a très probablement agressé Christine Blasey. Il a pu le faire comme un butor adolescent plutôt que comme un jeune adulte violeur déterminé. Il aurait même pu avouer ce comportement et s’en excuser sans mettre en danger sa nomination. Peut-être même était la meilleure ou la seule manière de se tirer d’affaire.

Sur la signification de ce qui s’est passé hier.

La différence entre le bénéfice du doute pour un accusé et le bénéfice du soupçon pour la victime. Dans le cas ou le seul enjeu est la reconnaissance du traumatisme et la réparation le doute légitimement profite à l’accusé et il appartient au corps social de réparer et d’assister la victime.

Nous sommes dans le cas inverse. La victime a assumé sa douleur et a construit avec son entourage les moyens de passer outre même si cela ne peut pas s’appeler réparation. L’enjeu est l’accès à une fonction éminente au plus haut de l’édifice social. Il est clair qu’ici le doute n’est pas permis sur la moralité de l’impétrant. Les deux seules options possibles sont la poursuite des investigations ou l’arrêt du processus de promotion de l’auteur soupçonné. Il est d’ailleurs de son intérêt de le faire. La libération du soupçon et l’intégrité de la fonction sont au prix de cette recherche de la vérité. Refuser cette recherche s’apparente à un aveu.

Que Rachel Mitchell dise comme elle l’a fait aux sénateurs Républicains dans la réunion après les auditions qu’en tant que procureure elle ne mettrait pas Kavanaugh en accusation souligne bien la différence entre le débat judiciaire qui cherche à sanctionner une faute et le débat politique qui cherche à sélectionner un candidat pour une poste dominant. Le second cas vise à éviter de nommer un personnage mal qualifié ou indigne de la fonction. En l’absence d’enquête approfondie il est évident que Brett Kavanaugh ne peut être poursuivi pour les faits mais il ne devrait pas non plus être possible qu’il soit promu. Dans des états autres que le Maryland ceci serait d’ailleurs prescrit. Mitchell souligne donc en fait l’absurdité de la situation créée par le refus de l’enquête complémentaire.

Mes liens et note de ce jour.

https://www.motherjones.com/kevin-drum/2018/09/going-beyond-metoo-brett-kavanaughs-affected-outrage-explained/ //Suivie dans le détail la longue litanie des complaintes des sénateurs Républicains lors de l’audition de Kavanaugh devient le développement de la thèse conspirationniste latente qui hante cette droite au fond d’elle-même suprémaciste mâle et blanche, sûre de son droit hérité de l’Histoire et des Églises à dominer le monde alors que leur position dominante n’est que celle de l’argent. Cette attitude entraîne immanquablement une politique de la terre brûlée qui détruit tout, tout ce qui existe de construction sociale et politique qui s’oppose à eux même les éléments existant de démocratie.
https://slate.com/news-and-politics/2018/09/brett-kavanaugh-sexual-assault-hearing-teenager.html //Et pourtant l’image du crétin adolescent capable de bousculer une jeune fille même sans l’intention d’aller au bout de ce qu’il considère être un viol (pénétration), cet adolescent-là était en pleine lumière au cours de l’audition.
https://talkingpointsmemo.com/news/fox-news-analyst-says-confirmation-process-should-be-postponed //Même d’ardents soutien de Trump n’admettent pas la situation. Ici il s’agit encore d’un intellectuel hors de l’appareil Républicain. Encore un signe de fracture qui augure mal du futur. “Realistically, it is unlikely that the Senate will proceed in the manner of a court of law, because political truth has replaced scientific truth in our highly partisan age,” « Pour être réaliste il est improbable que le Sénat puisse ce conduire comme un tribunal parce que la vérité politique a remplacé la vérité scientifique dans notre époque hautement partisane. Si je suis en dasacord sur la manière de l’exprimer -l’usage des mots « vérité » et « scientifique » me semble très mal à-propos- je partage l’idée. Et écrire que je suis en accord avec Alan Dershowitz me fait froid dans le dos. Deviendrais-je démocrate sur le tard?
https://talkingpointsmemo.com/edblog/the-most-shocking-findings-in-yesterdays-drama //En plus de tout ce qui a été dit la défense de Kavanaugh évoquant la différence de classe entre les deux jeunes gens sonnent bien comme l’affirmation d’un préjugé de classe cohérent avec le reste du tableau du beau gosse riche qui peut tout se permettrre.
https://thinkprogress.org/list-who-is-calling-for-delay-kavanaugh-vote-c182818bd8ed/ //Qui demande un complément d’enquête et une pause de la procédure pour ce faire parmie les républicains. Quatre gouverneurs Républicains : John Kasich – OH, Charllie Baker-MA, Larry Hogan-MD et Phil Scott-VT. Elus d’états Démocrates ils n’ont jamais été des trumpistes acharnés. Kasich a toujours des prétentions présidentielles et pourrait un recours en cas de problème pour Donald Trump. L’ « American Bar Association », association du barreau américain qui groupe des juriste volontaires pour y adhérer. Ce n’est pas une organisation corporatiste représentative et elle a des vues progressistes sur des sujets critiques (peine de mort, races). Alan Dershowitz commentateur sur Fox.
Plus étonnant « America » la revue des jésuites qui dirigent l’école où a étudié Kavanaugh se prononce aussi pour son retrait alors qu’elle lui avait donné son soutien.
https://thinkprogress.org/asked-to-put-the-credibility-of-the-supreme-court-over-his-own-discomfort-kavanaugh-says-no-80d943d077ed/ //Ils détruisent leurs propres institutions pour des besoins partisans.
https://thehill.com/homenews/senate/408915-kavanaugh-confirmed-by-senate-judiciary-committee //Flake joue avec nos nerfs et avec le feu mais son astuce qui vise à donner de bonnes excuses aux hésitants pour voter quand même en prétextant que tout et même plus a été fait pour prouver la vraisemblance des accusations. Il peut ainsi dégager le champ pour la vote favorable de Susan Collins et même du Démocrate Joe Manchin.